Laurent Bigot : « La France n’a plus de politique étrangère »

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Pour l’ancien diplomate français, Paris a emboîté le pas de la doctrine américaine perçue comme illégitime au Moyen-Orient et en Afrique

Laurent Bigot a quitté la diplomatie française pour monter le cabinet de consultance Gaskiya. Critique à l’égard de la politique étrangère de la France, il a préféré reprendre sa liberté de ton. Au cours de sa carrière, il a servi comme Premier secrétaire au Niger et aux Pays-Bas, au ministère de l’Intérieur comme directeur de cabinet des préfets successifs de Dordogne, Corse et Martinique, avant de rejoindre à nouveau le Quai d’Orsay en 2008 comme sous-directeur de l’Afrique occidentale.

Pourquoi dénoncez-vous la politique guerrière du président Hollande et de ses ministres ?
Après le drame des attentats à Paris, la réaction des Français a été digne et sage. L’hystérie sécuritaire de la classe politique est affligeante et inquiétante. Une réponse sécuritaire est nécessaire, mais la rhétorique guerrière de nos dirigeants nous mène dans une impasse. Nous allons sur le terrain de nos adversaires en faisant du « Georges Bush » version française. C’est un concours de virilité dont tout le monde a constaté les effets désastreux post-11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Que pensez-vous de notre politique étrangère ?
Il n’y a plus de politique étrangère. Nous avons subi un camouflet avec la conclusion de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, plusieurs autres sur laSyrie. La France n’a plus aucune influence dans les négociations au Proche-Orient. A ne vouloir faire que de la diplomatie économique, nos dirigeants ont placé l’argent au-dessus de toutes les autres valeurs. Laurent Fabius considère que les contrats commerciaux sont plus importants que la devise de la République, « liberté, égalité, fraternité ». Nous signons des contrats avec l’Arabie saoudite et le Qatar, ceux-là même qui financent l’obscurantisme religieux voire le terrorisme. Du coup, à l’étranger, nos discours sont perçus comme incohérents et pleins de duplicité. La grande erreur de notre diplomatie est d’avoir désigné des bons et des méchants et de ne discuter qu’avec ceux que l’on considère comme les bons. Le principe même de la diplomatie est de parler avec tout le monde, ce qui ne signifie pas, bien entendu, soutenir tout le monde. Bachar el-Assad est un tyran, mais ce n’est pas une raison pour soutenir le Front al-Nosra, équipé de missiles français notamment. Notre réponse à la barbarie, c’est soutenir une autre barbarie ?

Mais la France n’a jamais été aussi présente dans ses engagements extérieurs en Afrique…
Le recours à la force est parfois nécessaire, mais notre politique extérieure ne peut se résumer à cela. Les Africains disent que le « ministre de l’Afrique » est Jean-Yves Le Drian. Où sont passés les relais politiques et diplomatiques ? Notre rapport à l’Afrique est uniquement sécuritaire. L’intervention militaire au Mali n’était pas accompagnée d’une stratégie politique. Espérons que cela ne devienne pas un bourbier.

Selon vous, les militaires français ont un droit de « tuer » au Sahel ?
Juridiquement, on peut définir la guerre mais on a du mal à appréhender le terrorisme. Dans nos textes de loi, il s’agit d’une infraction pénale et, dans ce cadre, la réponse ne peut être que judiciaire. Une intervention militaire contre des terroristes est une réponse d’urgence, mais celle-ci est illégitime dans la durée. On a emboîté le pas de la doctrine américaine. Si les militaires ont des informations suffisamment précises pour tuer des personnes, pourquoi ne pas les transmettre à la justice ? S’affranchir si systématiquement de la présomption d’innocence et du droit à un procès juste et équitable, c’est aller contre nos valeurs. In fine, on coupe des têtes mais d’autres repoussent. On n’a tiré aucune leçon de l’Afghanistan ou de l’Irak. Pire, on répète les mêmes erreurs.

Y a-t-il des combattants pakistanais au nord de la Côte d’Ivoire, ce qui attesterait de liens entre les théâtres africain et du Moyen-Orient ?
C’est possible, mais je n’en ai aucune preuve. Le Nord du Mali s’est radicalisé, avec l’implantation du mouvement fondamentaliste tabligh dans les années 2000. Des prédicateurs pakistanais ont préparé le terrain à des dérives plus violentes. La liberté de conscience doit être préservée, tout en veillant à ne pas aboutir à des idéologies violentes.

La jeunesse s’entasse dans les banlieues des capitales africaines. Elle est largement désœuvrée, sans perspective. Il faut libérer les énergies si on ne veut pas que le dividende démographique ne devienne une bombe à retardement.

 Le Nord du Mali n’est-il pas loin d’être stabilisé ?
Seuls les Maliens pourront stabiliser leur pays. Tant qu’il n’y aura pas de sursaut national, on aura beau les y aider, cela sera difficile. Il y a une faillite morale généralisée des élites. Les Maliens n’ont aucun horizon et sont accaparés par la survie quotidienne. Les terroristes et les groupes armés s’implantent là où il y a du vide étatique, là ou personne ne prend en charge l’intérêt général. Les enjeux sont complexes, dont certains sont complètement tus, comme les conflits liés à la question foncière, en particulier entre agriculteurs et pasteurs nomades. Ces conflits font de nombreuses victimes dans toute la bande sahélienne et sont une source importante d’insécurité. Malheureusement, l’attention ne se porte que sur ce qui est médiatique, le terrorisme.

Etes-vous inquiet de la progression de la radicalisation religieuse en Afrique ?
Elle progresse partout en Afrique occidentale, elle se nourrit des frustrations socio-économiques, notamment de la jeunesse. Une partie des élites participe aussi à cette radicalisation par cupidité, car les sponsors sont généreux, ou par clientélisme politique. Les aspirations de la jeunesse doivent être au centre des politiques publiques africaines. Cette jeunesse s’entasse dans les banlieues des capitales africaines. Elle est largement désœuvrée, sans perspective, et éprouve les plus grandes difficultés à se réaliser dans la sphère économique. Dans ces pays, si vous n’êtes pas proche de l’oligarchie, il est difficile de réussir. La cooptation et la corruption sont des leviers bien plus puissants que le mérite. Il faut libérer les énergies si on ne veut pas que le dividende démographique ne devienne une bombe à retardement.

Cette jeunesse francophone a t-elle des attentes par rapport à la France ?
Elle attend de la France qu’elle défende les droits de l’Homme. Qu’elle soit aux côtés des opprimés et non pas des oppresseurs. Les mouvements citoyens sont désormais beaucoup plus soutenus par les Etats-Unis. Nous perdons aussi la bataille de la langue française, qui recule partout en Afrique, conséquence de l’effondrement des systèmes éducatifs. La langue française n’appartient pas à la France, elle appartient à tous ceux qui la parlent et qui partagent des valeurs humanistes. Les mouvements citoyens l’ont bien compris puisqu’ils en ont fait leur langue de combat.

Les Etats prennent-ils la mesure des menaces auxquelles ils sont confrontés au point de vue théologique ?
Le président sénégalais, Macky Sall, l’a clairement affirmé lors du Forum sur la sécurité de Dakar : l’islam radical n’appartient pas à la culture africaine. Les Etats africains auraient intérêt à mieux contrôler les aides financières en provenance du Qatar et de l’Arabie saoudite pour la construction des mosquées et des écoles coraniques. Les élites politiques africaines ont démissionné face à la propagation du wahhabisme qui cherche à prendre la place des courants confrériques, d’inspiration soufi. Principale conséquence : l’éducation des jeunes et la condition des femmes se dégradent. Les politiques de développement doivent remettre la femme au centre du jeu à travers les programmes de micro-crédits, d’éducation et de santé. Il est maladroit de parler de planning familial en tant que tel. Cette notion a une connotation trop occidentale et heurte les sensibilités africaines. C’est par l’émancipation éducative, économique et sociale que les femmes conquerront le droit de choisir d’enfanter ou pas. C’est une liberté fondamentale pour les femmes. Dans les pays du Golfe de Guinée, les courants évangélistes sont également en plein essor. Ils disposent de moyens financiers et infiltrent la sphère politique. C’est un danger: pouvoir politique et religion ne font jamais bon ménage.

L’Afrique va t-elle devenir une terre de repli pour les djihadistes européens partis en Syrie et en Irak ?
Certains Français d’origine africaine partis se battre au Moyen-Orient auraient été repérés au Sénégal et dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. En France, l’appareil judiciaire les surveille. Ils pourraient privilégier l’installation sur le continent. Ces combattants aguerris pourraient exercer un pouvoir d’attraction auprès d’une partie de la jeunesse africaine. L’enjeu, c’est de renforcer les capacités de renseignement, notamment dans les grandes villes où l’urbanisme sauvage les rend hermétiques à toute surveillance. Les dirigeants africains doivent également retrouver un discours sur les valeurs car cet islam radical est souvent perçu comme une alternative idéologique crédible face à la faillite de la classe politique.

Par lopinion.fr

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9 COMMENTAIRES

    • @ churchill ( en minuscule parce que tu ne mérites vraiment pas prétendre a porter ce nom) connard 👿 👿 👿 👿 👿 👿 Mort à la France ? mais qui a appelé la France au secours quand les djihadistes ont occupé les 3/4 du Mali en 3 jours ???????c’est bien vous parce que vous teniez a garder vos mains accrochées à vos bras ,oui ou non ❓ ❓ ❓ ❓ ❓ ❓ ❓
      La seule chose que vous sachiez dire c’est “Inch Allah ” traduit en français çà veut dire si Dieu le veut , mais comme le malien n’a pas envie de travailler et prèfère voler ,c’est de la faute à Dieu :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: pour vous la vie c’est le grin à l’ombre d’un arbre en prenant le thé ,le boulot c’est pas fait pour vous 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 vos dirigeants sont les premiers responsables parce que s’ils créaient des emplois au lieu de se mettre l’argent des aides occidentales ,vous n’en seriez pas là !!!!Macky Sall est certainement le plus intelligent et le moins pourri des présidents ou rois nègres d’Afrique de l’Ouest !!Il tient les imams véreux en main pour éviter les preches fanatiques qui déclanchent le terrorisme , plus de burqa pour les femmes afin d’éviter que des cinglées se fassent sauter ,tuant des innoçents .
      Je n’ai jamais été vraiment copain avec Laurent Bigot , mais dans cet article je lui donne entièrement raison . Laurent Fabius qui pendant longtemps a joué les gros bras de la diplomatie française s’est complétement planté depuis une bonne année et a mis la France dans la merde 😉 😉 😉 😉 😉 d’ailleurs aussi bizarre que çà paraisse on n’entend plus parler de lui depuis un bon moment ❗ ❗ ❗ ❗ ❗ ❗ Pour ce qui est de Hollande , il s’est montré tellement nul comme président ,que comme IBK il préfére les voyages en avion et laisser le premier ministre se casser la gueule en gouvernant la France à sa place ,comme çà il aura un adversaire en moins àla prochaine présidentielle 💡 💡 💡 💡

  1. Laurent Bigot : « La France n’a plus de politique étrangère »
    Par maliweb -21 Jan 2016

    Certes l’analyse cerne toute la problématique, sauf que stigmatiser le Président Al-Assad comme un tyran n’est pas une évidence dénudée de toute nuance, même sans le soutien à Al-Nusra, parce que:

    1-La systématique de diabolisation des leaders que l’Occident veut se défaire est une réalité, il concerne même certains démocratiquement élus par leur peuple. Al-Assad a été élu, il était l’un des rares dirigeants arabes à pouvoir se promener à pied, à vélo parmi sa population sans véritable garde rapprochée. Contrairement à beaucoup d’alliés occidentaux dans la région, les syriennes ne sont pas obligées de porter le voile ou interdites de conduire une voiture, la femme du Président Al-Assad Mme Asma Al-Assad est sunnite, ses premiers Ministres Riyad Farid Hijab et Wael Nader al-Halk sont de confession sunnite…

    2- Traiter Al-Assad de tyran alors que la majeur partie des déplacés à l’intérieur du pays trouvent justement refuge dans la partie contrôlée par l’Armée Arabe Syrienne de Bachar, devient anachronique.

    3- Traiter Al-Assad de tyran parce qu’il est assi au mauvais endroit, que l’Occident considère comme son puits de pétrole à lui, est tout simplement un procès d’intention…un déjà vu en Iraq, en Libye…
    4-Traiter Al-Assad de tyran lorsque le Congrès des USA se réunit, vote en catimini la décision de prolonger la guerre en Syrie! (Séance sécrete du Congrès à la mi-janvier 2014 et vote du financement jusqu à la fin de l’année fiscale, c’est à dire jusqu’au mois de septembre l’année 2014, dévoilée par Reuters, mais complètement ignorée par le public aux USA)…

    5-Traiter Al-Assad de dictateur lorsque Français et Britaniques signent en 2010 le soi-disant traité de Lancaster House pour planifier leurs opérations coloniales communes…

    6-Traiter Al-Assad de tyran alors que ces mêmes Francais bombardent un autre pays souverain sans autorisation quelconque…une France qui n’a jamais respecté ses engagements à se rétirer de la guerre après les accords de Gènève I en juin 2012

    7-Traiter Al-Assad de tyran lorsque des chaines de TV internationales inventent le slogan du printemps arabe et privent la population syrienne d’une vraie révolution…

    8-Traiter Al-Assad de tyran lorsque lorsque les chefs d’Etats occidentaux et du Golf annoncent un renversement prochain de l’Etat syrien et une fuite du président Al-Assad par une opération de sabotage consistant à substituer des chaines TV syriennes pendant que des commandos de l’OTAN prendront le Palais présidentiel…

    9-Traiter Al-Assad de tyran lorsque le gouvernement Erdogan, non content de n’avoir ouvert ses frontières comme vanne aux terroristes en partance en Syrie, met en scène une attaque chimique à Damas (août 2013) pour inciter les Occidentaux à frapper le pays…

    10-Traiter Al-Assad de tyran lorsqu’on a jamais retrouvé des armes de destructions massives chez Saddam Hussein, ni prouver que Kadhafi voulait réellement bombarder Benghazzi…

    Il faut reconnaître simplement que durant ses deux mandats le président Bachar Al-Assad a su défendre la Syrie sans rien lâché à ses aggresseurs et en préparant sa population à une terrible guerre. Le peuple syrien est parvenu à résister à la plus grande aggression de l’OTAN, UE et autres depuis la seconde guerre mondiale.
    Il reste à espérer que les peuples d’Europe et d’Amérique se réveillent et se rendent compte de la réalité et qu’ils exigent de leurs gouvernements le respect de la paix internationale, le respect des droits de l’homme, le droit des autres.

  2. La France a bien une politique étrangère dominante qui est celle de faire l’argent.
    Une politique économique vaille que vaille pour trouver une solution à ses millions de chômeurs et à ceux qui n’ont jamais travaillé, essaimant les banlieues de Paris et des grandes villes. La France métropolitaine sait ce qu’elle fait, hein!. Ce sont les pays africains francophones sous domination Française ou ayant pris des engagements secrets pour y rester qui sont dans l’impasse avec une jeunesse désoeuvréé, clochardisante et sans perspective.

  3. HYMNE NATIONAL POUR TOUS LES PAYS D’ AFRQUE DITE FRANCOPHONE

    “Le jour où la France n’aura plus d’intérêt en Afrique, ce jour là, on réfléchirait bien avant d’acheter une barre de chocolat car les ivoiriens vendraient leur cacao au prix du marché et les français moyens ne pourraient plus s’offrir le luxe d’en manger hors fêtes de fin d’année. Quand la France cesserait d’avoir des intérêts en Afrique, une chemise 100% coton coûterait si cher que BHL ferait très attention à ne pas salir les siennes toutes blanches issues de l’agriculture malienne. Le français moyen renoncerait aux produits en coton. Quand la France cesserait d’avoir des intérêts en Afrique, les palais du Mali seront ornés d’or et la France vendra tout l’or de ses châteaux pour rembourser ses dettes. Le franc CFA cesserait d’exister le jour où la France cesserait d’avoir des intérêts en Afrique et les nombreux conseillers et experts français qui émargent en Afrique rentreraient en France. Faire des racourcis est ce que Valls fait de mieux depuis qu’il a été désigné à Matignon. Le jour où la France cesserait d’avoir des intérêts au Niger, le ticket de métro reviendra si cher que nombreux français prolétaires marcheraient les distances équivalentes à Chatelet- Bourg la reine car n’ayant plus les moyens de s’offrir un ticket pour ce court trajet. Ce jour là, les nigériens n’auront plus besoin d’émigrer en France pour des miettes car les super profits d’AREVA leur reviendraient de droit. Le discours de Valls infantilise les français et leur donne un aspect innocent et ignorant.”
    DU GUIDE SPIRITUEL DE BLA.

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