Si notre pays était considéré comme un bel exemple dans la sous région et en Afrique en termes de démocratie et de stabilité, la crise profonde marquée par un coup d’État survenu en 2012 et une crise sécuritaire sans précédent a contribué à dégrader la situation sociopolitique et sécuritaire du pays. Cette crise sans précédent a été caractérisée par une fragilisation des relations sociales, l’effondrement de l’économie des régions du Nord, et le déplacement de près de 400.000 personnes à l’intérieur et à l’extérieur du pays. En plus, il faut signaler les nombreux sévices physiques et psychologiques que les occupants ont fait subir aux populations qui ont choisi de rester sur place malgré l’occupation.
Ainsi, ces populations ont subi de graves violations des droits humains : viols collectifs, lapidations, flagellations, mariages forcés-précoces et multiples, amputations de membres, restriction des libertés individuelles et collectives, destruction de biens publics, individuels et culturels. Ainsi, les femmes ayant payé le lourd tribut des conséquences de cette crise, pour la réconciliation et l’apaisement, exigent la participation des femmes comme acteurs clés dans la société malienne.
Selon les estimations, en plus de la création de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (Cvjr), des Ministères de la Réconciliation Nationale et du Développement des Régions du Nord, et de la nomination du haut représentant du président de la République pour les pourparlers inclusifs inter-maliens, les partie au dialogue inter-malien ont un rôle fondamental à jouer pour s’assurer que l’accord de paix qu’elles négocient prend en compte les recommandations des citoyennes et citoyens maliens pour assurer une paix durable.
En matière de défense et de sécurité, les femmes leaders demandent au gouvernement de : renforcer la sécurité des personnes et de leurs biens en général, et dans les zones à risque en particulier ; renforcer le processus de démobilisation, désarmements et réinsertion des ex-combattantes, et en assurer la transparence; intégrer au moins 30% de femmes dans les commissions régionales et locales de lutte contre la prolifération des armes légères ; dépolluer les zones infectées ; renforcer les capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité ; assurer la sécurité des camps militaires; assurer des recrutements transparents dans les forces de défense et de sécurité.
Aussi, en matière de politique institutionnelle, elles sollicitent de : renforcer et appliquer la législation relative aux questions foncières, responsabiliser les autorités traditionnelles dans la résolution des conflits fonciers ; mettre en place des mesures d’urgence pour la résolution des conflits fonciers ; mettre en place des stratégies pour le retour définitif des enseignants dans toutes les localités touchées par la crise; restaurer les infrastructures scolaires et les équiper ; assurer l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Mali.
Tougouna A. TRAORÉ