Le Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement dans le Nord du Mali (PSPSDNM), créé le 20 juillet 2010 par ATT, afin d’injecter 32 milliards de FCFA dans la zone, est désormais en marche. Après la rencontre inaugurale du Comité d’orientation, le 21 octobre dernier, au cours de laquelle les documents de travail ont été adoptés sous la direction d’ATT, le Secrétaire général de la Présidence, Django Cissoko, a conduit les travaux de la première session du Comité National de Pilotage du Programme. C’était le vendredi 29 octobre, à Koulouba. Avec calme et sérénité, Django Cissoko a expliqué aux membres de cet organe les huit axes stratégiques de lutte contre le terrorisme, les cinq composantes du programme et la répartition des 32 milliards de FCFA sur 2 ans. Nous vous proposons le discours qu’il a prononcé pour l’occasion.
Madame et Messieurs les membres du Comité national de pilotage du Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement dans le Nord du Mali;
Le Nord de notre pays connaît, depuis quelques années, une insécurité devenue préoccupante. Aux razzias isolées est venue s’ajouter une délinquance dont l’ampleur et les formes méritent une réponse appropriée. C’est pourquoi, le Gouvernement a élaboré une Politique nationale de lutte contre l’insécurité et le terrorisme, qui s’articule autour de huit axes stratégiques:
1. Connaître le phénomène, le prévenir, dissuader et intervenir;
2. Assurer la présence et l’opérationnalité de l’administration publique, à tous les niveaux;
3. Encadrer, protéger et assister les populations des zones sensibles;
4. Désenclaver, assurer la libre circulation des personnes et des biens, intensifier les contrôles sur les axes routiers importants;
5. Coopérer avec d’autres pays et des institutions internationales pour mieux agir localement;
6. Lutter contre la prolifération des armes légères;
7. Lutter contre le trafic illicite de drogues et la criminalité organisée;
8. Coordonner, suivre et évaluer la stratégie de lutte contre l’insécurité et le terrorisme.
En écho à cette politique, le Président de la République a, par Décret N°10‑381/P‑RM du 20 juillet 2010, créé pour la période 2010‑2011 un Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement dans le Nord du Mali, en abrégé
PSPSDN.
Ainsi que sa dénomination le laisse transparaitre, le PSPSDN est programme d’urgence, destiné à opérer une jonction entre la situation actuelle de risques sécuritaires et la reprise des actions de développement dans le Nord du Mali. De façon spécifique, il s’agira de mener des activités permettant de faire face aux menaces de toutes sortes et à la précarité qui en découle dans le Nord du Mali.
Les activités relevant du PSPSDN doivent concourir à une occupation rationnelle de l’espace par l’Administration d’Etat et à une mobilité accrue des services de sécurité en prévention et en intervention. Ces activités seront confortées par des appuis aux populations vulnérables de la zone cible, de façon à créer un élan et une mobilisation sociale susceptibles de réduire l’influence des groupes criminels.
Le PSPSDN n’a pas vocation à se substituer aux projets et programmes en cours. Il complètera les actions en cours ou projetées en matière de sécurité et d’appui à la gouvernance et au développement. Les cibles prioritaires du Programme sont les communautés de base, les sites de fixation des populations déplacées, les nouveaux pôles économiques locaux à créer autour de villes secondaires, notamment.
La coordination avec les autres programmes, et entre le niveau central et local, se fera à travers les différents organes prévus par le Décret N°10‑381/ P‑RM du 20 juillet 2010, à savoir, le Comité d’orientation, le Comité national de Pilotage et le Comité interrégional de suivi. La zone couverte par le PSPSDN a été découpée en onze (11) Pôles sécurisés de développement et de gouvernance.
Un Pôle sécurisé de développement et de gouvernance couvre un territoire dont les menaces à la sécurité sont identiques, tout comme les problématiques socioéconomiques à résoudre. Son champ peut couvrir plusieurs communes de régions ou de cercles différents.
Le PSPSDN est structuré en cinq composantes, à savoir:
1. Une composante Sécurité, qui vise le renforcement du dispositif national de Sécurité dans les régions du Nord Mali sur les sites stratégiques prioritaires et un appui au renforcement des capacités des acteurs de la justice pénale;
2. Une composante Gouvernance, qui est un appui à l’amélioration de la gouvernance dans les régions du Nord en vue d’une meilleure fonctionnalité de l’Administration d’Etat et des collectivités territoriales;
3. Une composante Développement, qui est un appui à la promotion d’activités de développement génératrices de richesses et d’emplois dans les régions du Nord Mali. Cette composante pourrait aider également à la réalisation d’infrastructures sociales de base pour les populations de certains sites stratégiques;
4. Une composante Communication, qui vise la mobilisation de la société civile pour la culture de la paix;
5. Une composante Gestion, qui comprend la cellule de coordination du Programme et l’Assistance technique.
Le coût total du Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement dans les régions du Nord Mali est estimé à trente deux milliards de francs CFA. Il sera exécuté en deux phases :
• Phase 1 (2010‑2011), pour un coût estimé à 10 721 000 250 FCFA, soit 33,6% du total ;
• Phase Il (2011‑2012), pour un coût estimé à 21 191 307 800 FCFA, soit 66,4% du total.
L’évaluation du PSPSDN se fera sur la base d’indicateurs à la fois qualitatifs et quantitatifs. Lors de sa session inaugurale, tenue le 21 octobre 2010 sous la présidence effective de Son Excellence Monsieur Amadou Toumani Touré, Président de la République, le Comité d’Orientation du PSPSDN a adopté le Document de Projet du Programme, le manuel des procédures de gestion administrative, budgétaire et comptable, ainsi que les projets éligibles au financement de la première phase et le budget 2010‑2011.
Madame et Messieurs les membres du Comité national de pilotage;
Notre mission consiste surtout à veiller à la mise en oeuvre correcte du Programme.
A ce titre nous sommes chargés notamment:
– D’adopter le Plan de travail de la Cellule de coordination;
– D’impulser la recherche des fonds nécessaires à la réalisation des projets élus au programme;
– D’approuver les rapports d’exécution technique et financière;
– D‘approuver les rapports d’audit des comptes annuels.
Madame et Messieurs les membres du Comité national de pilotage;
Au cours de la présente session, nous sommes appelés à nous prononcer notamment sur le plan de travail de la première phase du programme.
A cet égard, je voudrais vous demander qu’ensemble nous mettions tout en œuvre pour accomplir honorablement la mission que le Président du Comité d’orientation nous a confiée.
Les éclairages d’Ag Erlaf
Les membres du Comité National de Pilotage du Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité, et le Développement dans le Nord du Mali, présidé par le Secrétaire général de la Présidence, Django Cissoko, ont tenu leur première session le vendredi 29 octobre à Koulouba. A l’issue de cette rencontre, il est revenu au Coordinateur du programme, Mohamed Ag Erlaf, d’animer un point de presse. Au cours des échanges qu’il a eu avec les journalistes, le patron de l’ANICT, choisi pour ses compétences avérées et, surtout, pour la confiance que les partenaires lui portent, leur a donné quelques éclairages.
D’abord, selon lui, il s’agit d’un programme d’urgence, qui nécessite une solution urgente. Ensuite, il a laissé entendre que les 32 milliards de FCFA annoncés pour les deux phases (2010-2011 et 2011-2012) sont déjà presque acquis et que la mobilisation des fonds ne sera pas un blocage pour l’exécution des projets identifiés.
A la question de savoir quelles sont les mesures arrêtées concernant la composante sécurité, il a révélé qu’il aura des infrastructures qui y seront dédiées, notamment la construction de camps militaires dans des endroits stratégiques. Lesquels? «Le moment venu, vous serez informés» a-t-il répondu.
L’érection de ces casernes ne jure-t-elle pas avec des dispositions du Pacte national et de l’Accord d’Alger, qui prévoient l’allègement du dispositif militaire dans le Nord? Le contexte a changé, dixit Ag Erlaf. Qui précisera : «en 1992, il y avait plus de militaires que d’habitants dans la zone de Kidal. De plus, il existe aujourd’hui de nouvelles menaces, notamment celle d’AQMI, qui n’existait pas auparavant. L’insécurité grandissante dans la zone entrave le bon fonctionnement de l’Administration, dissuade les partenaires pour leurs missions et favorise le banditisme et les trafics en tous genres. L’allègement du dispositif militaire ne signifie pas une démilitarisation. Il nous faut assurer la sécurité dans cette zone, afin de favoriser le développement, à travers la construction des infrastructures sociales de base: l’hydraulique, les centres de santé, l’école et la restauration de l’Administration, chargée de la bonne gestion de celles-ci.
Chahana TAKIOU