Les enlèvements et le meurtre de ressortissants occidentaux perpétrés au mois de novembre dans le Nord Mali, à Hombori et à Tombouctou, ont suscité peine et émotion dans tout le pays. Ils ne sont pas l’œuvre de simples bandits, mais celle de terroristes. Depuis quelques années, la répétition de tels actes a eu pour conséquence de ruiner les efforts de développement, notamment dans le tourisme, qui faisait vivre des milliers de familles maliennes.
Comment en est-on arrivé là ? Les accords dits d’Alger signés en 2006 pour mettre fin à une rébellion armée ont imposé un retrait de notre armée nationale de la partie nord du Mali au profit de groupes de sécurité mixtes qui n’ont jamais vu le jour. Or, lorsqu’un Etat abandonne ses missions régaliennes sur une partie de son territoire, il laisse le champ libre à la prolifération d’activités illicites : prises d’otages et narco trafic. Bien heureusement, le retour des forces de sécurité est en marche, à travers le Programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement dans le nord Mali (PSPSDN), lancé par le gouvernement en 2011.
Mais entre temps, la menace a évolué, les groupes terroristes s’étant installés et intégrés aux populations locales, vulnérables et vivant pour beaucoup dans des conditions difficiles. Récemment, la fin de la guerre en Libye et le déversement de son trop-plein d’armes vers le Sud Sahel a accentué le risque terroriste, et de nouvelles menaces sécessionnistes se font jour.
Aujourd’hui, le premier des remparts contre l’insécurité au Mali doit être l’unité nationale. Nous devons nous rassembler pour envoyer un message clair et fort à tous ceux qui déstabilisent les fondements de notre société : les valeurs de paix et de tolérance sont les ferments de notre peuple, nous n’accepterons jamais la violence.
D’ici quelques mois, une autre réponse sera d’œuvrer à ce que les élections présidentielle et législatives de 2012 soient exemplaires, pour donner toute la légitimité nécessaire à la prochaine équipe, dont l’une des priorités sera de gagner le combat contre l’insécurité et le terrorisme.
Au delà de ces échéances, il nous faudra remobiliser notre armée nationale et l’ensemble de nos forces de sécurité, dans le cadre d’une nouvelle loi de programmation militaire, qui tienne compte des menaces récentes. Cette réorganisation devra inclure la formation d’unités d’élites et de services de renseignement dédiés à la lutte anti-terroriste, et dévoués à
En agissant ainsi, nous pourrons rétablir la confiance entre tous les citoyens et l’Etat, mais également la confiance entre le Mali et les pays amis dont la coopération nous est précieuse.
Evidemment, pour être viable, la réponse ne saurait être que sécuritaire. Il faut nous projeter sur le long terme en réfléchissant à de nouvelles entités territoriales, qui tiennent compte des composantes socio culturelles de toutes les communautés du Nord Mali, et dans lesquelles chacun se reconnaîtra. Cette nouvelle étape pourrait être l’aboutissement d’un processus de dialogue et d’échange ouvert à tous, sous la forme d’assises nationales du Nord. Nous serons ainsi mieux armés pour accentuer les efforts en faveur du développement socio-économique de ces régions, qui passe notamment par la construction d’infrastructures et la mise en place d’un ambitieux plan décennal de relance du tourisme.
Demain, pour réussir tous ces défis, la volonté politique ne devra pas faire défaut. Le risque d’une déstabilisation du Mali au Nord, à travers l’expansion de la menace terroriste et le réveil des velléités irrédentistes est avéré. Nous devons l’endiguer au plus vite pour maintenir la paix, sans laquelle aucun développement n’est possible.
B DABO