Le lundi 29 octobre 2018, le Centre Carter, Observateur indépendant de la mise en œuvre de l’Accord de 2015 pour la paix et la réconciliation au Mali, a publié son deuxième rapport, qui porte sur les mesures susceptibles d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord. Le rapport note des progrès, mais souligne également les problèmes qui entravent les progrès dans la mise en œuvre de l’accord. A cet effet, l’observateur indépendant a fait quelques recommandations dont le lancement de l’opération générale du DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion) dans les meilleurs délais, compte tenu de la disponibilité des listes quasiment complètes des combattants éligibles.
« Au cours de la période allant de mai à septembre 2018, l’Observateur indépendant a constaté que le chevauchement des responsabilités entre les organes officiels chargés de la mise en œuvre limitait, en partie, le leadership du gouvernement dans le processus. Que des documents clés tels que les chronogrammes et les feuilles de route ne permettent pas de dégager une vision stratégique, avec des étapes claires liées aux objectifs finaux ; et que la planification de la mise en œuvre ne prête généralement pas suffisamment attention aux problèmes budgétaires, ce qui crée des incertitudes », c’est ce qui ressort du communiqué produit par l’observateur indépendant (le Centre Carter représenté par Mme Bisa williams au Mali). Basé sur plus de 100 réunions avec diverses parties prenantes à Bamako et dans des villes clés du nord et du centre, le rapport se félicite des progrès récents en matière de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, tout en soulignant les obstacles qui subsistent, notamment en ce qui concerne l’établissement effectif des Autorités intérimaires et le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC). Il a également constaté que les mouvements signataires n’ont pas pleinement rempli leurs engagements de fournir des armes lourdes ou des listes de personnel aux bataillons du MOC, tandis que le gouvernement n’a toujours pas transféré de fonds budgétisés aux Autorités intérimaires. Le rapport souligne en outre deux défis extérieurs à l’accord qui menacent le progrès : la crise au centre du Mali et les activités économiques criminelles. Le Centre Carter recommande un certain nombre de mesures pour faciliter la mise en œuvre, notamment que le gouvernement clarifie davantage les missions et les responsabilités des organes de mise en œuvre et assure la participation systématique des parties signataires et que les futurs chronogrammes et feuilles de route intègrent des considérations budgétaires. L’Observateur indépendant recommande au Comité de suivi et à la Médiation internationale de redynamiser leurs efforts pour soutenir la mise en œuvre de l’Accord, notamment que les sous-comités se réunissent plus régulièrement et que le Comité de suivi établisse un dialogue direct et régulier avec la société civile. Dans son rapport, l’observateur indépendant a invité la Commission nationale du DDR à lancer l’opération générale du DDR dans les meilleurs délais, compte tenu de la disponibilité des listes quasiment complètes des combattants éligibles. « Les Mouvements en retard pourraient dans ce cas compléter leurs listes au fur et à mesure », précise l’observateur indépendant.
A signaler que le Centre Carter a été désigné comme l’Observateur indépendant à la fin de 2017. Selon l’Article 63 de l’Accord de 2015, le travail de l’Observateur indépendant consiste à identifier de manière impartiale les blocages dans le processus de mise en œuvre et à recommander des mesures pour améliorer la mise en œuvre. Le Conseil de sécurité des Nations Unies, dans ses résolutions 2391 (décembre 2017) et 2423 (juin 2018), a reconnu le rôle du Centre Carter en tant qu’Observateur Indépendant, mandat que ce dernier assume depuis janvier 2018.
Aguibou Sogodogo