Polémiques autour du désarmement des groupes armés du nord Mali : que dit l’accord préliminaire de ouagadougou ?

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Blaise Compaoré entre la délégation de Bamako et celle des rebelles touareg le 10 juin 2013 à Ouagadougou  © AFP (photo archives)
Blaise Compaoré entre la délégation de Bamako et celle des rebelles touareg le 10 juin 2013 à Ouagadougou
© AFP (photo archives)

Depuis quelque temps, une certaine opinion véhicule une information selon laquelle l’accord préliminaire de Ouagadougou signé le 18 juin dernier entre les autorités de la transition et les groupes armés ne prévoit pas le désarmement de ces derniers. Dans le but d’éclairer la lanterne de l’opinion, nous avons jugé nécessaire de revenir sur ce point qui est bel et bien mentionné dans cet accord.

Visiblement le point sur lequel continue d’achopper la reprise des pourparlers de paix est le désarmement des groupes armés du nord du pays. Pour certains, cet élément n’est même pas mentionné dans l’accord préliminaire de Ouagadougou. Pour d’autres, même s’il y figure, c’est un point qui ne doit pas empêcher la reprise des négociations de paix.

 

 

 

Rappelons que conformément à la lettre et à l’esprit dudit accord, celles-ci devraient intervenir depuis le mois de novembre dernier soit 60 jours après l’entrée en fonction du président de la République. Mais à ce jour, il est loisible de constater qu’aucun signe ne permet d’affirmer que ces négociations auront lieu tant les positions des protagonistes sont diamétralement opposées. Aussi, les uns comme les autres s’accusent de violer les termes de cet accord.

 

Lorsqu’on revient sur ce document, on remarque qu’à plusieurs reprises le désarmement est évoqué. C’est ainsi que les dispositions de l’article 6 du chapitre II stipulent que le cantonnement et le désarmement des groupes armés du nord du Mali ainsi que le redéploiement effectif des forces de défense et de sécurité du pays doivent entrer en vigueur dans les 10 jours suivant la signature de cet accord. Mieux, toujours dans le même chapitre, l’article 10 d’indiquer que le cantonnement des groupes armés doit se faire sous la supervision et le contrôle de la MINUSMA dans des endroits définis conjointement avec celle-ci.

 

 

Rappelons qu’à cet effet, le désarmement effectif n’interviendra qu’après la signature d’un accord de paix global et définitif. Donc d’une part, l’accord de Ouagadougou exige le désarmement et de l’autre il insiste d’abord sur le cantonnement puis le désarmement.

A y voir de près aujourd’hui, ni le cantonnement et ni le désarmement ne sont respectés par les groupes armés. Ceux-ci se pavanent librement avec leurs armes. Souvent même, ils en profitent pour se livrer à quelques pratiques mafieuses telles que le racket des honnêtes commerçants, le harcèlement des populations du nord pour leur soutirer leurs biens… On se rend compte également que ce sont les armées maliennes qui sont cantonnées. Ainsi, selon une source bien informée, à Kidal notamment, à chaque fois qu’il y a des soupçons sur une augmentation de l’effectif des troupes maliennes dans cette ville, l’armée française entre brusquement dans le camp I pour demander aux éléments supplémentaires d’évacuer les lieux. Alors que de l’autre côté, au camp II notamment où sont logés les éléments des groupes armés, aucun contrôle n’est exercé sur eux. Ainsi, certains dénoncent le fait que la MINUSMA n’a aucun contrôle sur les activités des groupes armés. N’est-ce pas là l’une des raisons pour lesquelles les envoyés spéciaux de RFI ont été enlevés et exécutés en toute impunité ? A ce jour, il n’y a toujours pas de suspects arrêtés dans le cadre de cette enquête car tous portent des turbans et peuvent être à la fois jihadiste, narcotrafiquant, rebelle etc.

De plus, en raison de la liberté de mouvement dont ils jouissent, ces rebelles avaient obligé une délégation ministérielle à écourter sa visite à Kidal.

 

 

 

Sans compter qu’ils ont manipulé des individus à leur solde pour empêcher l’arrivée du premier ministre du Mali. Jouissant d’une tolérance absolue et d’une absence totale de contrôle sur eux, ces rebelles se livrent à toutes sortes d’exactions et d’atrocités contre les populations du nord. Alors, dans ces conditions, comment démarrer un dialogue inclusif quand l’une des parties refuse et le cantonnement et le désarmement ?

 

 

Pourtant, l’on se rappelle que dans la résolution 2700, le conseil de sécurité de l’ONU avait exigé un désarmement immédiat. Lors de sa 3e réunion, le groupe de contact et de suivi sur la situation au Mali avait demandé un cantonnement et un désarmement immédiats des groupes armés. A travers cela, il convient de dire que seul un désarmement complet des groupes armés peut permettre une reprise du dialogue inclusif.

Massiré DIOP

Commentaires via Facebook :

4 COMMENTAIRES

  1. andre, jean et Sow,

    a mon avis, il n ‘ a pas de contradiction. le premier désarmement stipulé veut dire que les éléments ne doivent plus circuler avec des armes, qui doivent toutes être consignées sur le lieu de cantonnement…le deuxième désarmement “effectif” veut dire la dissolution pure et simple du cantonnement et du matériel cantonné après signature d’un accord global et définitif… 😉

    chacun peut interpréter les textes à sa manière, mais objectivement, au point où nous en sommes, les éléments du mnla ne doivent plus circuler avec leurs armes, leurs dirigeant doivent y veiller s’ils veulent vraiment la paix ❗ …

  2. Oui il l’a bien lu; désarment après la signature de l’accord définitif et seulement après cette signature

  3. Vous aviez bien dit dans un de vos paragraphe que le desarmement effectif n interviendra qu apres La signature d un accord global et definitif .alors comment peut pn oarler de desarmement lorsque cet acccord definitif n a pas encore ete signe ….

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