Point de vue : Aucune rébellion n’est en gestation au Nord Mali

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Pour la simple raison que les conditions ne sont pas réunies pour le déclenchement d’une rébellion sérieuse au Nord Mali, en tout cas tout de suite ; aucune rébellion n’est donc en préparation ni à Kidal, ni à Gao et encore moins à Tombouctou. Seulement, certains mouvements fictifs comme le MNA ou le MNLA et certaines presses à la recherche d’évènements sensationnels font croire au pire dans la partie nord du pays. Or en réalité, il n’en est rien !

Les ex-combattants du défunt guide libyen, Mouammar Kadhafi d’origine malienne sont certainement retournés avec des armes. Mais pas avec de l’argent et encore moins avec un soutien pouvant leur servir non seulement de bailleurs de fonds mais aussi d’arrière-garde. Or on n’a pas besoin d’être un diplômé d’une école de guerre pour comprendre qu’une rébellion a besoin d’un parrain (bailleurs de fonds) et aussi d’une arrière-garde au cas  où. Les ex-combattants de retour au Mali sont revenus, comme notre reporter Baba OULD le disait dans son article de la semaine dernière, mais démunis et orphelins. Démunis parce qu’ils sont revenus mains vides et orphelins parce qu’ils ont perdu leur parrain qu’était Kadhafi. Ça veut donc dire que ces ex-combattants dont beaucoup craignent ne peuvent concrètement rien. D’ailleurs, dans leur grande majorité, ils n’ont même pas l’intention de combattre l’armée régulière malienne. Ils espèrent plutôt se voir intégrer soit dans l’armée malienne soit dans l’administration. Ils l’ont affirmé à travers leurs différents porte-paroles et à travers même des interviews qu’ils nous ont accordés.

En dehors de l’aspect militaire, les conditions d’une rébellion ne sont pas, aujourd’hui, réunies sur le plan idéologique au nord Mali. C’est-à-dire il n’y a rien à revendiquer raisonnablement. Que peut-on revendiquer aujourd’hui dans le cadre d’une rébellion au nord Mali ? Toute revendication serait d’emblée insensée dans la mesure où l’Etat est entrain de mettre en œuvre des politiques dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des populations du nord. D’ailleurs, une rébellion en ce moment anéantirait les efforts de l’Etat à juguler les problèmes du nord. Au moment où des écoles et des centres de santé sont entrain d’être construits, au moment où l’administration est entrain de s’approcher des administrés à travers la construction de préfectures et de sous préfectures, au moment où des jeunes sont entrain d’être insérés économiquement, au moment où les forces de défense et de sécurité sont entrain d’occuper rationnellement le territoire à travers la construction de garnisons et de commissariats de police donc, seul un ennemi du nord Mali ose déclencher en ce moment précis une rébellion!

Le MNA (Mouvement National de l’Azawad) et le MNLA (Mouvement national pour la Libération de l’Azawad) sont des mouvements fictifs méconnus de l’écrasante majorité des populations du nord. Ils sont représentés par seulement quelques individus isolés coupés des réalités du nord qui ne cherchent qu’une certaine reconnaissance auprès des futures autorités. Situation préélectorale oblige ! D’ailleurs, nous avions décrit cette situation dans une de nos parutions où nous prévenions le futur Président du Mali de ne pas se laisser distraire par ces prétentions indépendantistes de certains mouvements qui ne cherchent qu’à se faire solliciter par les futurs autorités pour une hypothétique retour de la paix au nord.

 

Quant à nos confrères qui accordent trop d’importance aux agissements de ces mouvements fictifs jusqu’au point d’annoncer une rébellion au nord Mali en se basant notamment sur le retour des combattants de Kadhafi, nous dirons beaucoup plus de lucidité et de prudence dans le traitement de l’information et surtout beaucoup plus d’analyse. Certes, AQMI fait des va et des viens au nord du Mali ; il est aussi vrai que le trafic de drogue et le commerce d’autres produits  illicites existent au nord du Mali ; il est aussi évident qu’il y a du banditisme armé et le braquage (enlèvement de véhicules) au nord du Mali. Mais il faut quand même faire la différence entre l’insécurité sous ces formes (qui existent par ailleurs un peu partout au monde) et une rébellion ! Une rébellion a des revendications fondées et nobles (ce qui n’existe pas aujourd’hui au nord du Mali au vu du reste du pays) pendant que le banditisme est le fait de certains individus à la recherche de gains faciles. Et c’est le banditisme qui a toujours existé et existe encore au nord du Mali, peut-être qu’il s’est seulement accrût avec le retour des libyens revenus mains vides au Mali. 

 

Il est vrai que c’est une épine aux pieds des plus hautes autorités du Mali, le fait que des libyens d’origine malienne soient retournés au pays désœuvrés. Mais de grâce, cela n’a rien à voir avec une rébellion.

 

Mohamed AG Moussa  Diakaridia M’pè Togola.


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