Autant la pertinence du plan marocain d’autonomie a été saluée, à maintes reprises, par les États-Unis et l’ONU notamment, autant l’Algérie continue de s’enfermer dans un état de déni de la réalité, en se cantonnant dans une posture de blocage systématique de tout règlement de la question du Sahara, relève dimanche le «Washington Post».
La position algérienne, déplore la publication américaine, intervient dans un contexte régional qui s’apparente à une «poudrière» à cause de la recrudescence des activités terroristes d’Al-Qaeda au Maghreb Islamique, comme en témoigne le rapt de travailleurs humanitaires occidentaux à Tindouf, ainsi que de l’intensification du trafic de drogues et des être humains.
Le kidnapping des travailleurs humanitaires européens «renseigne sur la capacité opérationnelle de ce groupe terroriste dans toute la région», fait observer Jennifer Rubin, auteure de cet éditorial intitulé : «Démonstration de force de la franchise d’Al-Qaeda au Maghreb».
«La tragédie que vivent des milliers de personnes parquées dans des conditions inhumaines dans les camps de Tindouf, sous le contrôle des milices du polisario, rend la position de l’Algérie insoutenable», estime-t-elle, mettant en garde contre l’activisme des militants d’AQMI dans lesdits camps, devenus un vivier pour les recruteurs de cette organisation terroriste.
Des témoignages concordants, poursuit-elle, affirment que des militants d’AQMI ont pu s’infiltrer dans les camps de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie, où ils ont reçu une aide conséquente de la part de complices du polisario, qui leur ont facilité l’opération d’enlèvement des ressortissants européens. Jennifer Rubin trouve d’ailleurs «curieux» que les militants d’AQMI aient pu être en mesure de contourner des check-points mis en place aussi bien par l’armée algérienne que par le polisario. Le «Washington Post» rappelle qu’AQMI détient actuellement en otages quatre citoyens français, enlevés dans le nord du Niger en septembre 2010.
Dans le même sillage, le «Huffington Post» avait écrit récemment que face au rapt des trois travailleurs humanitaires occidentaux à Tindouf, qui a éveillé la communauté internationale quant aux conditions de vie humainement insoutenables qu’endurent depuis plus de trois décennies les populations séquestrées dans les camps, Alger oppose «un silence pour le moins incompréhensible».
«Bien que l’acte d’enlèvement ait eu lieu sur son territoire, qui plus est sur un lieu stratégiquement proche d’une base militaire de l’armée algérienne, l’Algérie a décidé de se confiner dans un silence pour le moins incompréhensible», faisait observer Joe Grieboski, auteur de l’éditorial, par ailleurs président fondateur de l’Institut américain pour la religion et les politiques publiques (IRPP).
L’Algérie, avait-il insisté, «se doit d’assumer ses responsabilités liées au fait que les ravisseurs aient pu être en mesure de s’infiltrer sur son territoire, non loin d’une structure militaire, pour y enlever des ressortissants européens».
Il a insisté sur le fait que les autorités algériennes ont «le devoir et l’obligation morale de garantir la sécurité dans les camps et de s’engager dans le cadre d’un règlement à la question du Sahara qui affranchiraient les populations séquestrées à Tindouf des différentes menaces qui les guettent».
«De plus, les rapports internationaux faisant état de collusion entre AQMI et le polisario dans différents actes de kidnapping devraient pousser l’Algérie, en tant que pays membres du concert des nations civilisées à reprendre le contrôle sur le polisario et à s’évertuer à casser les liens entre ces derniers et AQMI qui menacent l’Algérie, les populations séquestrées et l’Afrique du Nord dans son ensemble», avait-il mis en garde.
Par MAP