La question subsidiaire est quand négocier ? Tout cela fait beaucoup de points d’interrogation et il convient de mettre la balle à terre pour comprendre et décider. Négocier, cela demande deux vis-à-vis, un objet et parfois un terrain.
Dans le cas qui nous concerne (autant commencer avec la partie la plus facile du problème), l’objet serait la partition du fait du Mali et/ou l’islamisation totale, radicale et moyenâgeuse de l’entièreté du territoire malien.
L’objet d’une éventuelle de cette négociation serait ou la partition ou la soumission de tous à l’islamisme version wahabite salafiste. Oui, le Mali est déjà islamisé à 98%. Donc, ce qui est en cause ici, c’est de soumettre les Maliens à un type d’islam jugé le seul bon.
L’on constate donc que l’objet même de la négociation est problématique. Pour mieux le poser un peu plus, passons aux parties en présence. Commençons par le plus facile (en espérant qu’il le sera vraiment), c’est-à-dire le Mali amputé, blessé et trahi. Quels sont donc les endroits en présence ?
A l’intérieur des frontières héritées du colonisateur, nous avons le gouvernement d’un côté et de l’autre côté plusieurs sous groupes de «rebelles» aux buts différents : le MNLA, AQMI, «Ansardine» et le MUJAO.
Le premier est composé sur une base raciale (il est donc raciste) et il est le seul que l’on connaît depuis le 17 janvier. Les autres sont apparus avec la chute des trois régions du Nord. «Ansar» est une formation bi- raciale (Arabe et Touareg) basée sur le nomadisme religieux. AQMI est une formation arabe à la base qui intègre d’autres éléments «blancs» d’autres peuples (pakistanais afghan, iranien, …). Le MUJAO, quant à lui, il est la version nègre de AQMI. Les trois premières sont pour un Mali indivisible mais sous la botte du salafisme.
Mais, le Mali ne vit pas en vase clos et se problèmes sont ceux des «pays du champ» de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union africaine (UA), des Etats-Unis (Obama a voulu faire du Mali un exemple qui découragerait tout coup d’Etat à venir) et enfin l’ONU.
L’Algérie ne veut pas de guerre de libération du Mali. Les Etats- Unis, c’est-à-dire, Obama a atteint ses objectifs en boutant les militaires du camp du pouvoir politique. Du coup, la CEDEAO (et par là l’UA) ne bénéficie plus du bâton qui faisait tenir débout ce bout d’intestin de poule qui est la CEDEAO. Celle-ci n’a plus un sou et n’a rien pour prendre une décision décisive. L’ONU ne sait plus trop quoi faire.
Alors, le gouvernement du Mali, si négociation il y an va négocier quoi avec qui ? Il va donner quoi en échange de quoi et de la part de qui ? En 92, nous avons accordé l’autonomie aux Touaregs. En 2006, nous leur avons donné la «large autonomie» avec beaucoup d’argent.
Le tout pour obtenir une seule chose : qu’ils déposent les armes. Cette fois, que veut- on leur offrir ? Et en échange de quoi ? Une partie n’entend négocier que l’indépendance et l’autre l’islamisation intégrale et totale du Mali : en clair, donner le pouvoir avec un grand «P» à Iyad et aux salafistes et devenir des sujets qu’on va fouetter, amputer, exécuter et soumis à l’esclavage.
D’autre part, négocier en pays souverain qui «décide ce qui est bon pour lui» ou négocier comme une marionnette téléguidée par l’extérieur ? Avec des promesses qui n’engagent que ceux le font ?
En matière d’un aspect terre à terre ou pas l’aide extérieure (l’aide qui en fait ? La CEDEAO qui n’a pas un rond ? Qui est désunie sur la question ?), le Mali est coupé en deux. Le camp des patriotes qui exigent que le Mali soit libéré par l’armée malienne ; pour que l’on puisse être fier après. Mais aussi des pro- CEDEAO qui estiment que l’armée malienne n’est pas digne de confiance, qu’elle est unitile et qu’elle ne vaut un clou. Le Front uni pour la démocratie et la République (FDR) mené par l’Adema est le moteur de cette fraction.
Négocier avec les «bandits armés», on le voit très bien n’est pas le fil à couper du beurre, et le problème est loin d’être du beurre.
Habib Ben. O