Pardon d’avoir laissé faire…

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Au moment où les autorités intérimaires sont en train d’être installées dans le Nord du Mali, sans que le gouvernement ne tienne compte des réticences des populations septentrionales qui n’oublient pas ce qu’elles ont vécu en 2012.

Au moment où un projet de loi concernant la modification de la constitution, texte fondamental par excellence, est en passe d’être étudié, deux sujets surgissent, peut-être trois. Le premier, certes important, est celui des factures EDM (Electricité Du Mali) que la presse présente comme étant non payées depuis des mois par les plus hautes institutions nationales et internationales. Les unes se défendent, affirmant qu’elles vont payer, les autres se défendent, affirmant qu’elles ont payé. Dans les grins et sur les réseaux sociaux, le Malien lambda se réjouit que les mauvais payeurs soient enfin dénoncés et contraints de régler.

Le deuxième, certes tout aussi important, est celui de la décision de Poulo, le ministre des Sports, de dissoudre le Comité exécutif de la Femafoot (Fédération Malienne de Football) étant donné la situation de crise au sein du football malien, et celle de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association) qui n’a pas tardé à suivre, d’exclure les équipes maliennes, et clubs affiliés à la Femafoot, de toutes les compétitions internationales. Le Malien lambda, dans les grins et sur les réseaux sociaux, approuve ou désapprouve la décision première de Poulo.

Le troisième est plus souterrain, mais les administrateurs de certaines pages de réseaux sociaux savent faire jaillir à la surface les sujets sensibles qui font immédiatement réagir les Maliens connectés, qu’ils vivent au Mali ou à l’extérieur. Ce troisième sujet qui émerge des profondeurs de l’ombre est celui de l’homosexualité au Mali. Depuis quelque temps, des vidéos circulent sur les réseaux sociaux, des vidéos montrant des enfants, voire des personnalités connues, qui affichent une orientation sexuelle différente de celle que la culture malienne traditionnelle considère comme acceptable, subir des humiliations et des maltraitances verbales ou physiques. Ces vidéos sont partagées et repartagées, attirant un nombre de «j’aime» qui peut faire craindre pour la vie de ces enfants et celle de ces personnalités.  Au moment où l’avenir du Mali, il faut même oser dire au moment où l’avenir de l’intégrité territoriale du Maliba est plus que jamais en jeu, des forces habilement téléguidées ne seraient-elles pas en train de planter, dans l’esprit des gens, des arbres pour cacher la forêt ? Des forces téléguidées ne seraient-elles pas en train de planter des arbres pour détourner l’attention du Malien lambda ? Des forces ne seraient-elles pas lancées pour faire oublier à chacune et à chacun que le Maliba, qui n’en finit pas de tanguer depuis plus de 5 ans, est en danger imminent ?

Beaucoup semblent avoir «zappé» que, même si certains disent qu’il faut «choquer pour éduquer», personne ne doit se laisser berner par qui que ce soit. Chaque Malienne, chaque Malien, doit s’interdire d’oublier que le rouleau compresseur de l’Accord pour la paix, que les différentes parties ont signé en juin 2015, est probablement en train de rouler sur l’intégrité territoriale du pays. Aucun citoyen malien, aucune citoyenne malienne, ne peut, aujourd’hui, prendre la responsabilité d’être obligé de dire, plus tard, à ses enfants : «j’étais là, je me suis laissé distraire par d’autres sujets, je n’ai pas compris, je n’ai rien dit. Pardon d’avoir laissé faire».

Françoise WASSERVOGEL

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