Paix et sécurité dans les régions nord du Mali : « Qui veut la paix, prépare la guerre »

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Le processus de sortie de crise dans les régions du nord du Mali se trouve dans l’impasse. Et pour cause, les groupes armés viennent de rejeter, en bloc, toutes les propositions faites dans ce sens par nos hautes autorités. En retour, ils ne proposent rien.

L’Etat malien doit donc, à la fois continuer à tendre la main aux groupes armés et se préparer à les combattre militairement.

 

Le MNLA n’est plus, officiellement, le seul obstacle à la paix. S’est ajouté à lui, le Haut Conseil de l’Unité de l’Azawad (HCUA), une branche dissidente d’Ansar Dine, le Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA), et même la Coalition du Peuple de l’Azawad (CPA) d’Ibrahim Ag Assaleh que beaucoup pensaient plus ouvert au dialogue.

 

Dans un communiqué daté du lundi 28 avril, ils ont rejeté le plan de sortie de crise proposé par le ministre de la réconciliation nationale, Zahaby Ould Sidi Mohamed. Les groupes armés y accusent le Ministre Zahabi de bricoler de façon « unilatérale » un « plan de pourrissement de la situation » qui selon eux, risque de « coûter très cher » au Mali.

 

Dans un langage condescendant et irrespectueux, ils qualifient les propos du Ministre d’être « parsemés de contre-vérités » et « d’incohérences » qui démontrent son « profond amateurisme » et sa « méconnaissance totale des règles et fondement élémentaires de la diplomatie ».

 

Les groupes armés ne font que rejeter en bloc toute proposition émanant du gouvernement. Certes, dans un processus de négociation, une des parties a le droit de rejeter les recommandations émanant de son vis-à-vis. Mais, en retour, il est tenu de faire ses contre-propositions qui lui semblent pertinentes pour la bonne marche du processus enclenché. Si, elle s’abstient de le faire, cela démontre une seule chose : sa mauvaise foi. Se contenter de rejeter des propositions de solution de sortie de crise tout en se montrant irrespectueux à l’égard des autorités maliennes est la ligne de conduite adoptée par les groupes rebelles.

 

Unis au sein d’une même coalition, ne parlant plus que d’une seule et même voix, leur véritable revendication demeure, à nos jours, inconnu. Que veulent-ils réellement ? Cherchent-ils à obtenir la libération d’autres prisonniers rebelles ?

Attendent-ils la mise en œuvre effective de l’aide internationale promise à notre pays à Bruxelles, le 10 mai 2013, dans les régions du Nord pour pouvoir en bénéficier ? Ou, s’accrochent-ils encore à cette chimère qu’ils nomment Azawad ?

En tout cas, dès son élection, le président Ibrahim Boubacar Keita a été clair : « pas d’indépendance, pas d’autonomie ». Autrement dit, le Mali reste un et indivisible. Quant au début effectif des pourparlers de paix, il ne commencera pas tant que le désarmement des groupes rebelles ne sera consommé.

 

Le refus du dialogue des groupes armés ne peut durer indéfiniment

 

A tort, la Communauté Internationale accuse les autorités maliennes de mutisme dans la résolution de la Crise. Mais, peut-on dialoguer tout seul ?!

Face à cette situation,  le Mali doit certes continuer à œuvrer pour le dialogue, mais, il faut en même temps préparer la guerre.

 

On se souvient que, durant l’occupation jihadiste des trois régions du Nord, malgré l’oppression quotidienne que subissaient les populations locales, la Communauté Internationale exhortait les autorités de transition au dialogue avec les groupes armés. Il a fallu que les groupes islamistes lancent une offensive en direction du reste du pays pour se rendre compte que l’option militaire était la seule solution qui s’imposait.

 

Mais, autant lors de l’occupation jihadiste, l’idée de faire du Mali, un Etat islamiste était inacceptable, autant, de nos jours, une indépendance d’une partie du territoire national est inadmissible.

 

Or, les groupes armés qui compromettent la paix et la sécurité dans les régions nord du Mali, n’ont toujours pas renoncé à leur dessein de créer un Etat Azawad au Mali. Ce qui explique leur total manque de volonté d’aller vers le dialogue et la réconciliation. Quelle attitude, l’Etat malien doit-elle désormais adopter face à ces groupes armés ?

Il s’agit, contrairement à la déclaration du Premier ministre Moussa Mara selon laquelle, « il ne aurait avoir de solution militaire au problème de rébellion », de se préparer plutôt à cette option, tout en continuant d’œuvrer dans le sens du dialogue.

 

Ahmed M. Thiam

Malick Camara

 

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4 COMMENTAIRES

  1. Mali: « Le MNLA n’a pas de crédibilité ».
    http://www.humanite.fr/monde/zeidan-ag-sidalamine-le-mnla-n-pas-de-credibilite-514515

    Ancien rebelle touareg, Zeidan Ag Sidalamine refuse toute perspective autonomiste au nord Mali, alors que ce mardi, quelques 600 soldats français s’apprêtent à quitter Tombouctou pour Kidal.

    L’ancien bastion du groupe islamiste armé Ansar Dine passé sous le contrôle du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA, dissidence d’Ansar Dine s’affirmant “modérée”) et du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rebelles touareg), avant l’arrivée des troupes françaises fin janvier.

    Comment jugez-vous; la situation actuelle à Kidal et dans l’Adagh? Quel rôle joue le MNLA?

    Zeidan Ag Sidalamine. Kidal et l’Adagh relèvent de la souveraineté malienne malgré la situation actuelle liée à des paramètres sécuritaires incluant la question des otages. Le MNLA s’est invité dans cette ambiance mais sans crédibilité démocratique avec comme seul atout sa connaissance du terrain.

    Comment interprétez-vous la création du MIA, scission d’Ansar Eddine?

    Zeidan Ag Sidalamine. Toute dissidence visant à affaiblir ou combattre le salafisme et le narcoterroriste est à saluer, mais les responsables du MIA ont longtemps adhéré à Ansar Eddine et ont vécu en concubinage confessionnel avec ce dernier.

    La France est-elle prête à soutenir un projet d’autonomie du Nord?

    Zeidan Ag Sidalamine. La France peut soutenir le Mali dans son ambition d’approfondir la décentralisation ouverte à tous les groupes ethnoculturels dans leur diversité.

    Pourquoi y a-t-il une telle porosité entre les différents groupes armés?

    Zeidan Ag Sidalamine. Les mouvements dits Touareg appartiennent au même espace identitaire malgré quelques résistances internes face au narcotrafic, au salafisme et au séparatisme.

    Quelle réponse donner au désarroi identitaire et social des Touareg?

    Zeidan Ag Sidalamine. Les Touareg doivent s’intégrer davantage et durablement au tissu républicain; des démocraties sahéliennes naissantes, pour réussir.

    Craignez-vous que les exactions assombrissent l’avenir?

    Zeidan Ag Sidalamine. Le Mali est une vieille nation, aux plans religieux, humain et civilisationnel, qui n’est ni targuivore, ni arabivore. Il faut cependant éviter les amalgames et les exactions contre les populations civiles innocentes et sans défense, noires ou blanches, croyantes ou non.

  2. en tant que etat ,nous devons dabord desarmer de force le mnla ,maa huac et ensuite dialoguer et la,ils ecouteront ,seule la guerre regle cette affaire. 👿 👿 👿 👿 👿 👿

  3. Ceux qui pensent trouver une solution en négociant avec les groupes criminels mnla et maa perdent leur temps et prolongent la souffrances des populations

    LE CONSEIL DE SECURITE JOUE AVEC DU FEU SUR UNE POUDRIERE ETHNIQUE EN PROTEGEANT CES CRIMINELS DU MNLA ET DU MAA.

    CEUX QUI PENSENT TROUVER UNE SOLUTION EN NEGOCIANT AVEC CES CRIMINELS PERDENT ENORMEMENT LEUR TEMPS ET NE FONT QUE AGRAVER LES SOUFRANCES DES DREFUGIES QUI ONT HATE DE RENTRER CHEZ EUX.

    NOUS AVONS TOUJOURS DIT QUE LE PROBLEME DES REBELIONS RECURENTES TIRENT SA SOURCE DANS LE GRAND BANDIDISME LE TRAFFIC DE DROGUE , LE TRAFFIC D’ARMES JUTEUX ETC , PROPICES DANS CETTE VASTE ZONE.
    C’EST EXACTEMENT COMME LES CARTELS MEXICAINS ET LES FARCS QUI CHERCHENT A CONTROLER DES ZONES ENTIERES , C’EST POURQUOI ILS S’OPPOSENT TOUJOURS A UNE PRESENCE REPUBLICAINE DANS CES ZONES.
    LES GROUPES CRIMINELS QUI ONT PRIS LES ARMES / MNLA MAA ANCARDINE ETC ONT MEME ETE DESAVOUE PAR LES COMMUNAUTES QU’ILS PRETENDENT REPRESENTER.
    EN PROTEGEANT CES CRIMINELS LE CONSEIL DE SECURITE NE FAIT QU’AGRAVER LE PROBLEME AVEC L’IMPUNITE DU LEVE DES MANDATS INTERNATIONAUX CONTRE CES CRIMINELS QUI ONT FAIT TANT DE VIOLS ET TANT D’AUTRES CRIMES CONNEXES.
    💡

  4. “Qui veut la paix prépare la guerre” dit-on et cet excellent article de presse le dit bien. J’adhère complètement à cette précision de bon sens politique en partageant ma réflexion suivante qui va dans ce sens.

    Pour la requalification des mouvements armés dits de « libération de l’Azawad » en mouvement de « conquête tribale territoriale » pour le MNLA et d’ « occupation territoriale hégémonique ethnique » pour le MAA ; par Mohamed AG HAMATY, ingénieur des Eaux et Forêts à la retraite à Bamako, Mali ; e-mail : medaghamati@gmail.com

    D’entrée de jeu, je veux saisir l’opportunité de la nomination de Monsieur Moussa MARA au poste de Premier Ministre pour faire des suggestions à ce jeune battant politique qui devrait placer la résolution de la crise du Nord que j’appelle « la question touarègue » au premier rang des tâches urgentes du Gouvernement ; à cet effet, je recommande la requalification des deux mouvements armés dits de « libération de l’Azawad », respectivement en mouvement d’agression de type « conquête tribale territoriale » pour le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA dit aussi « Mouvement des Narcotrafiquants Lâches et Apatrides (MNLA ») et d’ « occupation territoriale hégémonique ethnique » pour le Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA).

    Réfutation et déni du concept « libération de l’Azawad »

    Dans l’introduction du chapitre « réfutation et déni du concept libération de l’Azawad », je définis le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) et son projet «Libération de l’Azawad » comme la « catastrophe » (alfitnat, en Tamasheq) du peuple touareg du Mali, la plus significative de toute sa vie.

    Le peuple Kel-Tamacheq dit « touareg » que les rebelles du MNLA ont voulu sauver – alors qu’il n’a crié aucun danger ! -, en libérant l’Azawad – leur « pays » supposé par eux couvrir toutes les trois régions du Nord Mali -, s’est retrouvé dans la situation ubuesque et catastrophique la plus significative de toute sa vie.

    Le MNLA a donc colonisé les principales villes du Nord Mali – en avant-postes, pour le compte de ses complices, les djihadistes narcotrafiquants – un territoire vidé des populations ayant fui les effets collatéraux de la guerre pour se réfugier dans les pays voisins ; populations pour lesquelles le MNLA dit avoir entrepris son projet vide de sens ; ce qui confirme, si besoin est, la nullité de son projet « Libération de l’Azawad » ! C’est que le peuple touareg du Mali qui n’a pas réclamé et, par conséquent non combattu, pour son « indépendance », se retrouve dans la situation du peuple palestinien de l’époque de la création de l’Etat d’Israël en 1947, la Nebka (la catastrophe » du peuple palestinien dont environ 200 000 personnes se sont réfugiées dans les pays arabes voisins et ne sont pas encore revenues en Israël jusqu’aujourd’hui, situation comparable à la « catastrophe » en cours pour le peuple touareg du Mali dont environ 300 000 personnes sont réfugiées dans les pays voisins ; le « péché d’Israël » pouvant s’appliquer aux rebelle du MNLA et aux cadres intellectuels touaregs qui les soutiennent ; l’Histoire les jugera !

    Des mafias sahariennes aux milices politiques ethno communautaristes
    L’actualité saharienne malienne rapportée au printemps 2013 faisait état de ce qui se passe entre arabes et touaregs dans le « Nord-Nord » malien appelé « le triangle des Bermudes algéro-malien », la zone de turbulence narcotrafique et mafieuse à la frontière Mali-Algérie (Borj, Inkallil, Tessalit, Kidal et Ber) et, dans une moindre mesure, aux confins Mali-Mauritanie (M’Berra, Tilemsi et Léré); situation conflictuelle qui, de mon humble point de vue d’observateur averti, tient moins aux conflits classiques sahariens entre les communautés arabes et touaregs qui, historiquement, étaient liées au contrôle de l’espace pastoral et de ses ressources naturelles rares.
    La lutte entre des bandes armées Arabes et Touaregs sahariens est, ni plus, ni moins, celle de marginaux mafieux sevrés, à savoir les « seconds couteaux » (passeurs sahariens) d’AQMI lors de son apogée au Mali en 2010-2011, en quête de subsistance par l’arrêt momentané de la filière saharienne narcotrafic disloquée par l’opération de sécurisation du Nord du Mali par la mission française militaire Serval.
    Sous le couvert et avec l’aval des mouvements de rébellions respectifs touareg (MNLA) et arabe (MAA), les bandes armées qui s’affrontent pour des butins de guerre de revanches – celui-là m’a spolié de cela, celui-ci prend sa revanche en arrachant cela – procèdent moins du tribalisme que du gangstérisme mafieux et, insidieusement, cela procède de la volonté politique des deux mouvements rebelles de se pré positionner par rapport aux accords qui sont à négocier entre le GRM et les mouvements armés.
    Subséquemment, comme les retombées pécuniaires de la contrebande saharienne sont asséchées en ce moment, la situation saharienne – je préfère ce référentiel saharien englobant à celui restrictif et imaginaire de l’Azawad – évoluera vers des positionnements de type « milices ethniques de contrôle de l’espace régional » ; en tout état de cause, la « milice idnane » est en passe de prendre corps dans l’Adagh (son fief des confins maliens-algériens), cependant que la « milice bérabiche et tormoze » est acculée à se replier dans sa zone d’attache aux confins maliens mauritaniens, à savoir les ergs et les regs du Nord de Tombouctou (Azawad géographique).
    Au demeurant, je regrette la «nonchalance » algérienne dans la gestion du conflit sur son territoire et la non intervention de dans la sécurisation du Sahara malien au motif fallacieux que ce n’est qu’un conflit interethnique ; ce qui est loin d’être la vérité dans la mesure où les populations (In Khalil, Ber, Ras el Mâ) souffrent depuis Mai 2013 de déprédations de toutes sortes orchestrées par des bandes armées de pilleurs.
    La mesure idoine (en paraphrasant IBK) serait de ratiboiser les bandes armées de pilleurs tant arabes que touaregs par Serval et MINUSMA en les assimilant aux djihadistes terroristes AQMI, AD, MUJAO.

    La requalification des raisons d’être des deux mouvements fantoches hégémonistes et tribaux MNLA et MAA les placeraient dans la même catégorie que les mouvements terroristes djihadistes et narcotrafiquants (AQMI, ANSAR EDDINE, MUJAO) en vue de leur appliquer les mêmes traitements de « guerre » idéologique (dénigrement et dénonciation sociale) et armée en lieu et place des négociations qui devaient avoir, en principe, pour finalité de ficeler un accord final de paix GRM-Mouvements armés selon l’accord de Ouagadougou ; MNLA et MAA, de par leurs tergiversations, louvoiements, fourberie, traitrise, tromperies et duperies se sont disqualifiés par eux-mêmes des pourparlers politiques qui, du reste, doivent être entrepris entre des parties sérieuses qui se respectent et qui sont reconnues par toutes les communautés pour être de vrais représentants mandatés des droits politiques et des devoirs citoyens d’organisations traditionnelles et de la société civile mises en place selon les bonnes règles ; or, il est reconnu aujourd’hui, d’une part, grâce au début des concertations régionales pour la réconciliation et d’autre part, par les faits et gestes de « banditisme armé », vandalisme et terrorisme et pire du refus de cantonnement des « combattants » et « des miliciens », que MNLA et MAA ont usurpé et forcé la représentation des communautés touarègues et arabes du Nord Mali.

    Sincèrement

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