Du 29 au 30 avril 2016, s’est tenue une rencontre intercommunautaire à Ménaka, la nouvelle région administrative du Mali. Une initiative des communautés locales, des élus, des chefs de tribus et des ressortissants de la région à Bamako. Elle a regroupé plus de 5 000 participants venus de toutes les communautés de la localité et des pays voisins, notamment le Niger. La rencontre s’est tenue, sous la présidence effective du ministre de la réconciliation nationale, M. Zahabi Ould Sidi Mohamed, accompagné par une forte délégation, dont le gouverneur de la région de Kidal, des députés élus à l’Assemblée nationale et des personnes ressources.
«C’est une rencontre inter communautaire dont l’idée a fait boule de neige depuis novembre dernier avant de se concrétiser aujourd’hui. Avec la situation que vit la région, il est important que les gens se retrouvent, que les communautés parlent de leurs problèmes pour trouver des solutions. Les groupes armés dont les représentants sont à Ménaka participent également à cet effort de réconciliation, de paix, de développement et d’entente globale de la région», avait déclaré Daouda Maïga, le nouveau gouverneur de la région de Ménaka, à l’ouverture du Forum.
Cette rencontre, en plus des communautés et des représentants de l’Etat, a enregistré aussi la présence des mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation.
Se prononçant sur les enjeux de ce forum, il avait rappelé qu’un panel d’une dizaine de chefs de tribus et des chefs de fractions est prévu pour expliquer comment les conflits étaient résolus par le passé. Pendant la rencontre, ils ont abordé les mécanismes traditionnels dont ils disposent et quels sont les leviers sur lesquels chacun des groupes sociaux peut agir pour avoir un climat social assez assaini.
«J’insiste auprès des participants à œuvrer pour la paix et la cohésion sociale ainsi qu’à formuler des recommandations fortes à l’issue des travaux allant dans le sens de la mise en œuvre de l’Accord…», avait insisté M. Daouda Maïga à la cérémonie d’ouverture.
Après, deux jours de communications et de débats, la rencontre a fait plusieurs recommandations. Il s’agit de combattre l’injustice, qui est à la base de plusieurs frustrations et conflits dans la région ; combattre par tous les moyens légaux, la corruption et la délinquance financière, pour une meilleure gouvernance centrale et au niveau local ; accélérer la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation en impliquant toutes les parties et les communautés à la base sans lesquelles, il n’y aurait pas de mise en œuvre.
Les participants ont aussi invité le gouvernement et les partenaires techniques et financiers, à mettre tous les moyens nécessaires à la disposition des autorités régionales, pour permettre un développement harmonieux et accéléré de la région de Ménaka.
Toutes les parties ont été aussi exhortées à enterrer définitivement «la hache sinon le sabre de la guerre», pour que plus jamais, personne, aucun fils de la région ne tombe sous des balles ; préparer un grand forum pour la région, qui traitera des questions spécifiques liées au découpage administratif, à la cohésion sociale et au développement de la région ; et qui sera co-organisé par les trois parties (le gouvernement, la CMA et la Plateforme).
Les participants ont invité la Minusma et tous les autres partenaires techniques et financiers à accompagner la région dans la fourniture des services sociaux de base d’urgence et du développement, mais également d’ouvrir des bureaux régionaux à Ménaka pour y faire face.
Hamady Tamba