Paix et réconciliation : De l’affairisme aux supercheries

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Photo à titre illustratif

Nous avons ici l’amère douleur de partager avec nos fidèles lecteurs, le décès de notre cher confrère Cheik Tandina, Rédacteur en chef du Journal «Le Prétoire» du doyen Birama Fall.  Mais, disait Birama Diop, «Les morts ne sont pas morts». Cheick Tandina dit Béro ou encore Abdel Hamy en tant que collaborateur extérieur de votre Journal Préféré «Le Katois», n’est pas mort. Sa plume résonne encore à nos tympans comme si c’était hier qu’il écrivait. Voici cette plume qui était en action, notamment en tant qu’analyste averti de la crise du Nord.

 

«Paix et réconciliation, certes, mais tout ce boucan fait autour de ces questions va-t-il en faire des réalités quand ceux qui font le plus de bruit sont plus intéressés par leur ventre que par le sort des populations du Nord ? Du coup, c’est devenu un fonds de commerce pour certains assoiffés du gain facile.

Depuis le calamiteux coup d’Etat  de mars 2012 qui a occasionné l’occupation du Nord du pays par des forces rebelles, terroristes et obscurantistes, le peuple ne veut plus qu’une chose : la paix. Si la crise institutionnelle et politique a pu être moyennement réglée, la question sécuritaire reste toujours d’actualité. Deux régions sur trois du nord ont été libérées en grande partie par l’occupant jihadiste, mais le nord est toujours entièrement en proie à la violence et à la barbarie. Notamment du fait des éléments de la Coordination des mouvements armés terroristes de l’Azawad qui se heurtent depuis quelques à l’instinct de survie des populations locales organisées en mouvements d’autodéfense.

Là-bas ou ici dans le Sud, partout au Mali, le peuple aspire par-dessus tout à un retour de la paix pour engager la réconciliation nationale. Pour cela, à quelques exceptions près, le peuple a même fermé les yeux sur quelques compromis (compromissions ?) concédés par le gouvernement malien lors de ses discussions avec les groupes armés terroristes rebelles. Le 15 mai, quand l’accord pour la paix et la réconciliation a été signé à Bamako par certaines parties, il a salué l’effort tout en déplorant l’absence des rebelles terroristes à la cérémonie.

De même, il a applaudi son président quand celui-ci a tenu un langage de vérité à la communauté internationale et l’a compris quand il a fait profil bas, quelques jours plus tard, pour expliquer le vrai mandat de la mission onusienne au Mali. Le peuple comprend tout cela et s’en accommode. Mais cela risque de ne pas durer, le président de la République devrait reprendre les choses en main s’il ne veut pas qu’elles lui échappent complètement.

En effet, depuis le commencement des interminables négociations avec les groupes rebelles terroristes, les mots paix et réconciliation sont clamés ça et là, à tout bout de champ, par n’importe qui, n’importe quand et n’importe comment. Au point d’être galvaudés. De fait, la frénésie née autour de ces questions résulte du fait que certains individus hautement intéressés ont trouvé le moyen de se constituer un substantiel fonds de commerce, un capital sûr. Associations et organisations de la société civile, mouvements spontanés, partis politiques dont la plupart n’ont même pas de siège social, initiatives individuelles, collectives ou communautaires, toutes les stratégies sont bonnes pour accéder au budget que le gouvernement a prévu pour la sensibilisation sur les questions paix et réconciliation.

Les départements les plus prodigues et sollicités sont ceux en charge de l’aide humanitaire et, naturellement, de la réconciliation nationale. Sous l’égide de ce dernier ministère dirigé par Zahabi Ould Sidi Mohamed, un des chefs de la sanglante rébellion des années 90 qui marque encore les esprits, la «caravane Azalaï-Kayes-Kidal pour la paix et la réconciliation» a été lancée le 4 juin. Officiellement, cette initiative vise à impliquer davantage les populations dans la mise en œuvre de l’Accord du 15 mai, celles-ci doivent s’auto-approprier le document.

La caravane, qui sillonnera tout le pays, vise en outre à embrigader la classe politique et la société civile auxquelles le contenu de l’Accord sera expliqué de long en large. Le fait est que c’est en amont que ce travail d’explication et d’implication aurait dû être fait, les négociations trainant en longueur le gouvernement avait tout le temps d’expliquer ce qu’il avait concédé ou comptait concéder, les compromis et même les compromissions. Après avoir mis la charrue sur le dos des bœufs, le gouvernement donne l’impression de se lancer dans une opération de sauvetage. Mais personne n’est dupe. Le principal conducteur de la caravane n’est autre qu’Ousmane Ag Rhissa dit Belote.

Il est vrai qu’il est issu d’une des communautés touarègues du Gourma de Gao, mais il est surtout un ancien ministre, viré du gouvernement pour incompétence, à qui il faut trouver une occupation. Quitte à le faire ressasser à l’envi les termes galvaudés de paix et de réconciliation sur toute l’étendue du territoire national. Et quand les populations du nord l’entendront déclamer ses disques rayés, elles n’auront plus qu’une seule envie : être à sa place, disposer de millions de Fcfa, voyager à sa guise, manger à sa faim, boire à sa soif, et s’assurer de la protection de l’Onu. C’est tout ce qu’elles retiendront de lui, parce que chapitre paix et réconciliation, elles en connaissent un rayon pour n’avoir entendu que ces mots de longs mois sans encore croire en leur réalité».

LA REDACTION

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