Le secrétaire politique de la Section VI des Fare rejette document de paix issu le 1er mars du dialogue inter-malien pour le retour de la paix dans la partie septentrionale. Il a exprimé ses réserves sur le plateau de “Renouveau FM”, dans le cadre de l’enregistrement de l’émission “Gwakoro”.
Selon lui, l’accord dit d’Alger que le gouvernement et ses amis de la communauté internationale veulent faire entériner est une vaste opération qui menace les principes fondamentaux de la République du Mali et au-delà de toute la zone sahélo-saharienne.
“Profitant de l’ignorance de la population, les autorités font les Maliens plus que des spectateurs. Elle est devenue complice active de la partition du pays. L’administration n’a fait référence à aucun exemple dans le monde pour servir ce que l’on se propose de ‘vendre’ aux Maliens…”, argue-t-il.
Il ajoute que le fait que le président et son gouvernement ont signé le document sans en référer à la population est le premier acte de la dislocation du pays et que l’autorité centrale disparaissant pour donner place de huit à dix pays Etats qui risquent de se combattre. “Ce qui est un danger pour l’unité puisque les communautés vont s’entre-déchirer et le socle social des terroirs va voler en éclats”.
Les points saillants !
O. Doumbia souligne que le document issu d’Alger le 1er mars est le choix du fédéralisme opté par les autorités.
“Il organise l’autonomie d’une vaste région, dont les gouverneurs seront élus au suffrage universel et disposeraient d’une force de police et de budgets conséquents attendus de l’Etat de près de 40 % des ressources de ce dernier et de l’aide extérieure. A cela s’ajoute un organe de développement capable de traiter avec des bailleurs étrangers, d’un droit de regard sur l’exploitation des ressources du sous-sol de son territoire, d’un prélèvement de 20 % sur les ressources tirées de cette exploitation…”, dit-il.
Pour lui, le contexte n’est pas favorable pour le Mali de faire cette réforme administrative, surtout dans un territoire difficile à contrôler et sans ressources actuelles.
“Les observateurs ont dégagé un constat amer dans la gestion des collectivités décentralisées. Elles manquent de cadres compétents pour un plan de développement. L’accord ne contient aucune disposition qui puisse laisser espérer un renouveau des processus de décentralisation et de démocratisation. L’élection au suffrage universel direct du président de la région, qui serait également chef de l’exécutif et de l’administration de la région, selon l’esprit de l’article 6, signifie clairement l’affaiblissement de l’Etat. L’ouverture du Haut conseil des collectivités aux représentants des notabilités traditionnelles, aux femmes et aux jeunes n’est justifiable que par l’échec de la représentation de la population par ses députés. Cet échec est évident”, analyse-t-il.
“La possibilité donnée aux régions de lever des impôts adaptés à leur structure économique et à leurs objectifs de développement est une fuite de responsabilité de l’Etat”, dit-il.
Le recrutement de la fonction publique, selon l’article 6, est une preuve de plus contre notre unité nationale. “Le pays a besoin d’agents disposés à le servir dans toutes ses régions comme si elles n’en faisaient qu’une. Revendiquer un quota pour les ressortissants d’une région particulière dans les localités de souveraineté, les grands services de l’Etat, les représentations diplomatiques et les organisations internationales n’est pas un moyen d’obtenir l’homme qu’il faut à la place qu’il faut pour le Mali”, déplore-t-il.
Cependant, malgré les erreurs, Ousmane Doumbia estime qu’il est encore temps que les Maliens prennent en main leur destin pour une solution inclusive au problème du septentrion. “Les Maliens doivent se persuader qu’il s’agit d’une question nationale”.
Bréhima Sogoba