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Le 16 septembre 2010, Thierry Dole, Marc Ferret, Daniel Larribe et Pierre Legrand ont été enlevés par les islamistes d’Aqmi, une organisation affiliée à Al-Qaida. Voilà bientôt deux ans qu’ils sont retenus captifs dans le désert du Sahel. Le 8 septembre, le groupe terroriste a diffusé une vidéo dans laquelle les otages apparaissent, vivants mais affaiblis (voir ci-dessus). Abonné à La Vie, René Robert, grand-père de Pierre Legrand – âgé de 25 ans au moment de l’enlèvement -, brise le silence à la veille de sa rencontre avec François Hollande, prévue le 14 septembre. Il lance un appel à soutenir les captifs dans le cadre de la manifestation prevue le 15 septembre à Meudon, par la pensée ou la prière. Par ailleurs, La Vie met en ligne un cahier de messages de soutien.
« Moi je ne sais pas si j’ai la foi mais j’ai une Espérance »
« Pendant ces deux années, la consigne était de maintenir le silence pour permettre aux négociations d’avancer. Nous avons respecté cela. Mais nous avons aussi discuté avec d’anciens otages et personne n’est en mesure de dire s’il vaut mieux parler ou se taire. Aujourd’hui, le constat est le suivant : les otages dont on a parlé sont tous libérés. Ceux dont on ne parle pas sont encore enfermés. Nous voulons le retour de nos proches : notre mission est de le faire savoir. Nous n’avons qu’un souci : le retour des nôtres, qui sont en danger.
Nous avons decidé de sortir de notre reserve parce que nous voulons que la situation de ces quatre gars soit partagée par tous les Français. Le 15 septembre aura lieu un rassemblement de soutien à Meudon, ville d’un des otages. Parallèlement à cela, il y a eu des actions de solidarité très grandes. Nous sommes très entourés. Ma fille habite un petit village de Loire Atlantique. Aux 200 jours, toute la commune s’est mobilisée pour faire une manifestation de soutien : un millier de personnes est venu.
La vidéo reçue le 8 septembre est la première preuve de vie depuis un an et demi. Jusqu’à présent les seuls éléments d’information dont nous disposions étaient deux bandes-son avec image et le témoigage de Françoise Larribe, l’épouse de Daniel, qui avait été enlevée puis libérée avec deux autres otages en février 2011. Elle nous avait parlé de ses conditions de détention.
A présent, nos sentiments sont partagés : c’est une satisfaction de savoir qu’il sont en vie tous les quatre mais il y a aussi de l’angoisse car ils semblent à bout de souffle. Pierre, mon petit-fils, est un jeune homme aujourd’hui âgé de 27. Il était parti dans le cadre d’un contrat de volontariat international avec son entreprise. Il a une grande curiosité et avant son départ, il se réjouissait. Il sait rebondir, il est jeune : je crois qu’il observe et attend mais l’attente s’alourdit au fil des mois… Sur son visage, on voit qu’il est un peu paniqué. Les otages vivent une épreuve très lourde : ils sont au milieu de nulle part, dans le désert, ils se déplacent beaucoup, c’est très fatiguant. Il y a aussi l’angoisse de ne rien voir venir, de ne pas avoir de nouvelles, qui doit être très éprouvante.
Dans cette vidéo, commanditée par Aqmi, ils s’adressent tous les quatre à leur employeur. On ne sait pas ce que cela recouvre réellement. Doit-on interpréter cela comme une volonté d’entrer en négociation? Sont-ils sincères? Je ne sais pas.
Chaque événement, même douloureux entraîne des choses positives : nous sommes impressionnés par les témoignages d’amitié et de soutien. Nous allons créer une association car si des actions doivent être conduites, il faut avoir pignon sur rue. Les gens ont déjà commencé à nous envoyer des chèques avant même qu’on ait dit ce que nous avions envie de faire ! Les institutions sont très proches aussi : certaines mairies vont commencer à poser des banderoles… Ca bouge, peut-être pour rien, mais ce sont les seules choses que l’on puisse faire.
Comme nous sommes croyants, nous invitons ceux qui croient à partager notre prière. Nous ne demandons pas au Seigneur de les ramener parce qu’on sait bien qu’Il ne va pas descendre du Ciel… Mais l’Espérance nous habite et nous prions pour que nos gars trouvent la force de tenir. Il faut résister comme eux et avec eux. Moi je ne sais pas si j’ai la foi mais j’ai une Espérance.
Nous n’avons pas d’autre choix que de résister : il faut que nous tenions debout pour pouvoir l’accueillir. Dans la famille, nous sommes solidaires. Nous avons appris à connaître les autres familles, aussi, et à travailler avec elles. Depuis le début mon épouse et moi pensons qu’il y a trois scénarios : il revient en bon état et il faut que nous soyons en bonne forme pour son retour. Il revient un peu cabossé et il faut que nous soyons d’autant plus forts… Et nous sommes dans la ferme certitude que nous allons le revoir bientôt. Nous l’attentons de pied ferme. »
Comment soutenir les otages
> En manifestant : Rassemblement en faveur des otages le samedi 15 septembre à 12 heures 30 au Parc du Tronchet à Meudon-La-Forêt (parking avenue du Maréchal Leclerc). Un arbre de la Liberté sera planté pour manifester le soutien aux otages et la solidarité avec les familles. Une pensée sera adressée aux autres otages détenus dans le monde. En présence de : Hervé Marseille, sénateur-maire de Meudon, Maurice Antiste, sénateur-maire du François, Jean-Louis Normandin, président de Otages du Monde, Hervé Ghesquière et Florence Aubenas
> En priant : Répondant à l’appel de l’évêque de Nantes, les catholiques prieront aux messes dites dans les églises de Loire Atlantique, le département d’origine de Pierre Legrand. A Velaux où vit la famille de Marc la messe sera célébrée le 16 à l’intention des otages. Même chose en Martinique : des prières ont réuni de nombreux paroissiens du François où résident les parents de Thierry Dole. Par ailleurs, la Fédération protestante de France, sollicitée par Françoise Larribe, appelle les protestants à une prière d’intercession lors des prochains cultes pour les otages et leurs familles.
lavie.fr/ propos recueillis par Marie-Lucile Kubacki – publié le 12/09/2012