Otages au Mali : Premier contact avec les terroristes :

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Dans les jours qui viennent, les autorités françaises devraient recevoir une photo ou une vidéo des otages. Les djihadistes feront ensuite connaître leurs exigences précises, sans doute à travers un site islamiste.

C’est la nouvelle que l’Élysée et les proches des otages attendaient. "J’ai vu les otages, ils sont en vie", a affirmé, ce lundi à l’AFP, un officiel, sans autre détail. "C’est pour rassurer les familles que nous révélons cela. N’en demandez pas plus", a-t-il conclu.

Selon une autre source proche du dossier, le négociateur s’est rendu samedi dans l’extrême nord du Mali où Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) retient les cinq Français ainsi qu’un Togolais et un Malgache. À cette occasion, une conversation téléphonique rapide a eu lieu, selon lui, entre des prisonniers et les autorités françaises.

Le contact entre les terroristes et Paris aura été établi rapidement. Aqmi ayant revendiqué les rapts de vingt Occidentaux au Sahel ces deux dernières années, les canaux et les modes de pourparlers sont, il est vrai maintenant, bien rodés. Au point d’être presque prévisibles. Dans les jours qui viennent Paris devrait recevoir une photo ou une vidéo. Les djihadistes feront ensuite connaître leurs exigences précises, sans doute à travers un site islamiste.

Plusieurs spécialistes mobilisés

Viendra alors le temps des discussions directes. Paris a mobilisé sur ce dossier plusieurs spécialistes de ces opérations. Mais la phase décisive des discussions se fera depuis Bamako. Au fil des années, deux Maliens se sont taillé une solide réputation pour incarner cette interface délicate et discrète. Baba Ould Choueckh, un homme d’affaires, et un intellectuel arabe, maire de Tarkint, à une centaine de kilomètres de Gao, passe presque pour le négociateur officiel du président malien Amadou Toumani Touré. Il a ainsi joué un rôle prépondérant dans la libération de deux diplomates canadiens, Robert Fowler et Louis Guay, capturés au Niger en décembre 2008, puis du Français, Pierre Camatte, pris onze mois plus tard.

Fin connaisseur de désert, l’homme a des relations tant avec Mokhtar Belmokhtar, l’émir de l’ouest du Niger, qu’avec Abou Zeid, le chef de l’Est qui détient aujourd’hui les sept otages. Dans une interview accordée au quotidien d’Ottawa The Globe and Mail, il décrit ses missions, ces "dures journées ", à rouler dans le désert en attendant que quelqu’un le contacte et lui donne enfin un point de rendez-vous ou un numéro de téléphone. "Ils sont très méfiants, ils changent de téléphone tous les deux jours. " Le marchandage lui-même est tout aussi éprouvant: "il faut parfois leur faire comprendre que leurs demandes sont impossibles. Parfois, il faut les supplier d’accepter les offres."

Le second homme clé est Iyad Ag Ghali, un ancien chef de la rébellion touareg dans les années 1990, devenu depuis diplomate. Lors de ces années de lutte contre Bamako, il avait lié des liens avec le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), ancêtre d’Aqmi. Il a su les conserver. Surtout, il connaît parfaitement la région de Kidal, terre de sa tribu, où évoluent les miliciens d’Abou Zeid. "Personne ne peut vivre dans ce désert sans qu’il le sache", affirme l’un de ses proches.

Enfin, Mustapha Chafi pourrait lui aussi concourir à la libération des prisonniers. Ce Mauritanien, fils du Sahel et désormais conseiller de l’incontournable président burkinabé Blaise Compaoré, fut à l’origine du retour au bercail des deux humanitaires espagnols en août dernier.

Officiellement, les terroristes n’exigent jamais de rançon. Les demandes sont exclusivement politiques, comme la libération de prisonniers détenus dans des centrales occidentales, notamment le responsable des attentats de 1995 à Paris. Néanmoins des fuites laissent entendre que Madrid aurait versé plusieurs millions d’euros pour récupérer ses compatriotes. Le Français Pierre Camatte, lui, a été échangé contre quatre djihadistes enfermés dans des prisons maliennes. Sans argent. Personne ne doute que les futurs pourparlers seront très serrés. Contrairement à Belmokhtar, Abou Zeid est plus sensible aux revendications politiques que financières.

Il a aussi la réputation d’être froid et, surtout, plus cruel. C’est lui qui a assassiné le Britannique Edwin Dyer; c’est entre ses mains qu’est mort Michel Germaneau. Et la rivalité ouverte entre deux émirs pour le contrôle de la région et la surenchère à laquelle ils se livrent pourraient compliquer encore la situation.

      Par Tanguy Berthemet

                        Le figaro..fr

 

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