Otages au Mali : pas de “questions financières” selon Hollande

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Montage des photos des quatre otages français enlevés en septembre 2010 au Niger (Photo archives AFP)

Interrogé vendredi après-midi sur le possible versement d’une rançon pour la libération des otages français enlevés au Niger en 2010, le président François Hollande n’est pas revenu sur d’éventuelles tractations passées. “Nous sommes dans la recherche de contacts. Mais il n’y a pas de questions financières qui puissent être évoquées” a-t-il affirmé depuis Bruxelles, en précisant que son gouvernement faisait “tout pour libérer (nos) concitoyens”.

La question du paiement d’une rançon a été relancée par l’ancienne ambassadrice américaine au Mali, dans une interview à iTélé jeudi.

 

“Il y a deux ans, AQMI a pris des Français en otages dans une mine d’uranium au nord du Niger, et pour faire libérer ces otages la France a payé une rançon d’environ 17 millions de dollars, déclare dans cette interview Vicki J. Huddleston. Les rançons, comme toutes les rançons, ont été payées indirectement. Elles ont terminé entre les mains du gouvernement malien et ensuite elles sont retournées, du moins une partie, aux salafistes.”

Dans l’ouvrage AQMI, l’industrie de l’enlèvement (éditions Fayard début de 2012), Serge Daniel, correspondant à Bamako de Radio France internationale et de l’Agence France-Presse, avait déjà évoqué des montants de rançons, de manière plus précise que l’ex-ambassadrice. Deux sociétés françaises ont payé “13 millions d’euros” pour libérer des Français, l’Autriche a payé “3 millions d’euros”, l’Espagne a payé “9 millions d’euros” par exemple, le Canada “3 à 5”, a-t-il écrit dans son ouvrage.

Selon l’ancienne ambassadrice, toujours citant “la rumeur”, le gouvernement allemand a déboursé “environ 5 millions de dollars” pour faire libérer des ressortissants au début des années 2000.

Vicki J. Huddleston aujourd’hui à la retraite, a également été responsable des affaires africaines au département d’Etat. L’entretien a eu lieu jeudi en duplex entre Albuquerque (Nouveau-Mexique) et Washington, selon iTélé. Les quatre otages pour lesquels une rançon aurait été versée, selon la diplomate, ont été enlevés à Arlit, au Niger, le 16 septembre 2010. Deux autres otages français ont été enlevés à Hombori (Mali) le 24 novembre 2011 et un autre le 20 novembre 2012 près de Kayes (Mali).

PAS DE RANÇON, AFFIRME CLAUDE GUÉANT

La France a toujours nié avoir versé la moindre rançon pour résoudre des prises d’otages à l’étranger. Et à nouveau, vendredi matin, Claude Guéant, secrétaire général de la présidence française de mai 2007 à février 2011, puis ministre de l’intérieur jusqu’à mai 2012, sous le mandat de Nicolas Sarkozy, a démenti tout versement. “Ce n’est pas parce qu’une ancienne ambassadrice des Etats-Unis déclare ce qu’elle vient de déclarer que c’est la vérité, a-t-il réagi sur iTélé. Je maintiens que la France, l’Etat français, n’a jamais payé pour la libération d’otages.” Avant d’insister sur Twitter.

 

Des versements de rançon, “ça peut arriver, l’Italie l’a reconnu, mais je crois que ce sont des exceptions”, a-t-il ajouté. “Nous avions des négociateurs sur le terrain, qui étaient extrêmement actifs, qui faisaient un travail très dangereux”, a-t-il dit, sans plus détails.

A la mi-2012, le président français Nicolas Sarkozy avait néanmoins affirmé, à propos de deux otages en Afghanistan, que payer des rançons n’était pas un problème pour son gouvernement.

Le Monde.fr avec AFP | 08.02.2013 à 11h50

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