Avec l’aval des responsables français, Jean-Christophe Notin publie un récit de l’opération Serval, de ses antécédents et de ses suites. On y apprend en particulier que les forces spéciales françaises opèrent désormais parfois dans le sud de la Libye, avec l’accord de Tripoli et l’appui des Etats-Unis.
Des colonnes de djihadistes armés s’apprêtent à déferler sur la capitale d’un Etat. Irak, juin 2014 ? Pas seulement : c’était aussi le Mali en janvier 2013. Enfin, pas tout à fait… Car le récit des débuts du conflit malien, tel qu’il avait alors été largement présenté pour justifier l’intervention militaire française est tout simplement faux. « Non, il n’y a jamais eu de colonnes de terroristes déferlant vers Bamako », affirme Jean-Christophe Notin dans un ouvrage qui vient de paraître.
La guerre de la France au Mali contient son lot de révélations, d’autant plus précieuses que l’auteur a eu accès aux meilleures sources françaises, notamment dans l’armée et les services de renseignement. Et que ses interlocuteurs lui ont, en quelque sorte, donné leur blanc-seing pour qu’il publie ce récit extrêmement complet. Jean-Christophe Notin ne dit pas tout, mais ce qu’il dit a été validé. Et les surprises abondent.
« Ce n’est pas sur la foi de preuves concrètes, mais sur un faisceau de présomptions que la France a déclenché l’opération » Serval. « Pas plus que les avions de reconnaissance, aucun satellite français comme américain n’a jamais pris de mouvement massif [de djihadistes – ndlr] en flagrant délit. Jamais un conseiller n’a déposé sur la table les clichés fatidiques ». Par ailleurs « ni la DRM (Direction du renseignement militaire), ni la DGSE (Direction générale de sécurité extérieure) n’ont trace d’écoutes de l’un des chefs djihadistes, annonçant sa volonté d’aller prier le lendemain à la mosquée de Mopti ». Tout cela est de l’invention, du story-telling comme disent les communicants.
Yattara Ibrahim