Opération militaire franco-mauritanienne au Nord du Mali : Les partis politiques exigent des comptes

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L’intervention militaire menée par la France et  la Mauritanie sur le territoire malien continue de susciter la colère et l’indignation au sein de la classe politique.

 

Le 22 juillet 2010, les forces armées mauritaniennes, appuyées par un commando des forces spéciales de l’armée françaises ont mené une opération militaire d’envergure sur le sol malien  contre une base d’Al-Qaïda dans l’objectif de libérer l’otage français, Michel Germaneau ; et de neutraliser des actions terroristes planifiées contre des objectifs civils et militaires en territoire mauritanien. Notre pays a été superbement et royalement ignoré par les auteurs de l’opération, obligeant son président, Amadou Toumani Touré à quitter précipitamment le sommet de la CEN-SAD à N’Djamena pour regagner Bamako et attendre des explications des émissaires mauritaniens et le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner venu  la semaine dernière en  tournée d’explication au Mali, en Mauritanie et au Niger. Cela, un jour après l’exécution de l’otage français par ses ravisseurs.

 

Au sein de la classe politique de notre pays, l’indignation  est la plus grande. Dans une interview accordée vendredi dernier à notre confrère « Les Echos », l’ancien ministre de la défense ne fait pas de doute sur l’énormité de cette opération conjointe franco-mauritanienne sur le territoire malien. En effet, selon Soumeylou Boubèye Maïga, l’initiative militaire constitue « une entorse à notre territoire » et que nos autorités devraient en être informées.

 

Auparavant, le RDS de Younouss Hamèye Dicko et le RPM de Ibrahim Boubacar Keïta, qui ont « regretté la mort de l’otage », ont estimé que cette intervention de la France et de Mauritanie constitue une violation du territoire.  Pour eux, le « droit de poursuite » signé entre le Mali et certains voisins ne peut justifier cette intervention.

Le parti Sadi n’en pense pas moins. Dans une déclaration rendue publique, il condamne fermement  « cette action militaire impulsive irresponsable et irréfléchie de la Mauritanie et de la France  ». Qui « viole notre souveraineté et démontre à suffisance le peu de considération et de respect qu’elles accordent au président de la République et aux institutions de notre pays ».

 

Rappelant que le « droit de poursuite » signé entre le Mali et ses voisins de l’Algérie et de Mauritanie, a montré par cette action toutes ses insuffisances. Car, explique le parti Sadi, il « met en danger notre intégrité territoriale et notre souveraineté ; et ne contribue en rien à renforcer efficacement la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne, en l’absence d’une volonté politique affirmée des pays concernés ».   

« L’intervention de la France en territoire malien revêt sa politique d’ingérence et de diktat sous le couvert de la lutte contre le terrorisme. Pendant qu’elle affiche la fermeté et donne l’assaut au Mali pour empêcher « l’exécution » de Michel Germaneau, elle négocie laborieusement depuis plusieurs mois en Afghanistan pour sauver la vie de deux journalistes français ! Quelle contradiction ? Quelle supercherie ? » S’interroge le parti de gauche. Qui dénonce « le silence des autorités et exige que toute la lumière soit faite sur cette intervention militaire de la France et de la Mauritanie sur notre territoire ». 

 

Ces condamnations unanimes de la classe politique malienne interviennent au moment où, de sources généralement bien informées, nous apprenons que des familles arabes de Tombouctou viennent d’assigner les deux pays en justice pour « violation du territoire ». Nous y reviendrons.

Issa Fakaba SISSOKO     

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