Le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, s’est inquiété samedi de la résurgence des jihadistes dans le nord du Mali, où plusieurs soldats de l’ONU ont été tués ces dernières semaines. Après ces attaques contre des convois de la Minusma, une grande opération antimoto a été lancée à Kidal et au nord de la ville.
Il y a dix jours, une réunion s’est tenue dans la plus grande discrétion à Kidal. Autour de la table, des responsables de la Minusma, d’autres de l’armée française, mais aussi des cadres militaires du MNLA. Objectif : limiter, voire mettre un terme aux déplacements à moto dans la région.
« Les dernières attaques, notamment la pose de mines, ont été organisées en utilisant des motos. Les jihadistes ne peuvent plus évoluer en 4X4, affirme un cadre de la force onusienne. On a observé récemment des convois de dix, voire quinze deux-roues, avec des combattants qui transportaient des armes automatiques, des munitions, mais aussi des lance-roquettes. Il faut mettre un terme ou au moins limiter cette nouvelle menace », ajoute un militaire français.
Durant cinq jours, les équipes du MNLA ont donc sillonné la brousse jusqu’à 150 kilomètres à l’est de Kidal, notamment dans la zone d’Abeibara et de Tinesako et rapporté dans les bennes des pick-up près de 150 motos. Et désormais, à Kidal, il est obligatoire de posséder un laissez-passer signé par la commission mixte de sécurité avec le nom et le numéro de l’engin. Papier ou non, tout déplacement à moto est interdit en ville entre 23 heures et 6 heures du matin.
Recrudescence des attaques
A moins de quatre-vingts kilomètres à la ronde de Gao, Kidal et de Tombouctou, des jihadistes sont de retour. Ils seraient actuellement plusieurs centaines.
Dans la région de Tombouctou, ils sèment la terreur en exécutant comme récemment des civils accusés de signaler leurs positions aux troupes étrangères. Mais pour être bien vus, dans la même région, ils se présentaient systématiquement aux foires hebdomadaires très animées. Dans leur collimateur, les forces onusiennes basées à Ber et à Tombouctou.
Un peu plus à l’Est, dans la région de Gao, les jihadistes circulent de campement en campement, souvent à moto. Et pour passer inaperçus, ils n’hésitent plus à se raser la barbe. Selon des experts, c’est dans la région de Kidal qu’ils ont reconstitué leur plus grand sanctuaire, plus précisément dans les montagnes du Tigharghar où ils avaient été défaits début 2013 par les forces franco-tchadiennes.
Aujourd’hui, ils ont rendu impraticable l’axe Aguelhok-Tessalit en y posant de nombreuses mines qui font de nombreuses victimes.
RFI