Le jeudi 04 septembre, comme il fallait s’y attendre, le groupe qui a attiré le plus l’attention de bon nombre d’observateurs a été celui qui doit traiter des questions Politiques et institutionnelles. Ce groupe est présidé par M. Nourredine Ayadi, ambassadeur d’Algérie au Mali. Pour cette première séance des groupes thématiques, les intervenants étaient essentiellement les représentants de la société civile. Le moins que l’on puisse dire, c’est que de part et d’autre, le ton était très apaisé, même si les différences d’appréciation étaient nettement perceptibles, spécifiquement au sein du groupe “questions politiques et institutionnelles” entre les pro-autonomistes et les anti-autonomistes.
Selon le programme établi par la médiation et approuvé par toutes les parties prenantes, cette première étape de la deuxième phase des pourparlers d’Alger concernera d’abord les actions de la société civile de part et d’autre lors des réunions des groupes thématiques. Cette phase durera d’une semaine à dix jours environ. Ensuite, les acteurs de la société civile se retireront pour laisser la place aux discussions directes entre la délégation gouvernementale malienne et les représentants des groupes armés. Cette autre phase pourrait s’étaler sur environ six semaines. Chacune des phases peut prendre un peu plus de temps que prévu, l’objectif essentiel étant de parvenir à arrondir les angles et à rapprocher, tant que possible, les positions des uns et des autres.
Ensuite lesdites positions seront soumises à une séance plénière que le chef de la diplomatie algérienne, Ramtame Lamamra a fixée pour les 7, 8 et 9 octobre 2014. Il faut dire que visiblement l’Agérie tient absolument à ce que la paix revienne au nord du Mali et elle ne ménage aucun effort pour une pleine réussite des pourparlers inclusifs inter-maliens. On apprend dans les coulisses que la médiation algérienne est déterminée à réussir pleinement ces négociations et n’a prévu de libérer les participants qu’une fois une paix durable et définitive conclue entre tous les protagonistes.
UNE NOTE D’OPTIMISME
A observer de près l’organisation et le déroulement des présents pourparlers d’Alger, il y a de quoi être optimiste quant à leur réussite, contrairement aux précédentes négociations qui n’ont pas apporté grande chose. En effet, pour les négociations en cours, l’Algérie travaille en étroite collaboration avec la communauté internationale et elle n’entreprend aucune initiative sans concerter celle-ci et les parties concernées. L’autre élement d’optimisme, c’est qu’auparavant les accords de paix qui ont été signés n’engageaient qu’un seul département ministériel malien. Cette fois-ci, c’est l’ensemble des autorités maliennes auxquelles se sont joints les représentants de la société vicile malienne qui sont concernés.
Par ailleurs, les acteurs de la société civile qui ont pris la parole, y compris ceux qui sont proches des groupes armés au sein de la commission tratant des questions politiques et institutionnelles ont pour la plupart reclamé simplement un statut particulier pour les régions du nord. Cependant ils se reconnaissent comme des maliens à part entière et reconnaissent l’intégrité territotiale du pays, la laïcité et la forme républicaine de l’État.
En fait de statut des régions du nord, les acteurs de la société civile au sein de la commission des questions politiques et institutionnelles ont plutôt proposé une “régionalisation” qui, au demeurant, doit s’étendre à toutes les régions du Mali. Par “régionalisation” il faut entendre “changer le mode de désignation des gouverneurs de régions et de certains représentants de l’Etat au niveau régional. Donner plus de représentativité et plus de légitimité aux chefs de villages, aux chefs de fractions et aux chefs de quartiers”. Par “régionalisation” il faut aussi entendre “le transfert de toutes les compétences, concomitamment avec toutes les ressources, vers les collectivités. Toutes les compétences, sauf celles régaliennes de l’État : la défense nationale ; les affaires étrangères ; la législation et la justice”.
A y regarder de près, ces revendications ne sont pas exagérées et méritent même d’être analysées objectivement. Le président Ibrahim Boubacar Kéita n’a t-il pas déclaré lui-même que les lignes rouges à ne pas franchir sont le fédéralisme et l’indépendance ? Qu’il est hors de question que le Mali cède sur de tels projets, puis il a précisé que tout le reste peut être discuté: que ce soit la décentralisation, la régionalisation, les investissements à la mesure des défis pour le développement socio-économique des régions du nord.
LE MNLA EN PORTE-A-FAUX AVEC SES PROPRES ALLIÉS
De tous les groupes armés du nord, le Mnla est celui qui insiste le plus sur l’indépendance des régions du nord du Mali. Par ailleurs, il a été constaté que dépuis la reprise des discussions, le 1er septembre dernier à Alger, le Mnla ne cesse de multiplier des contacts à l’insu des autres groupes armés, même de ses propres alliés que sont le Hcua et le Maa (dissidents). Ses représentants dans les pays africains et occidentaux mènent à outrance des plaidoyers pour uune large autonomie de la région de Kidal auprès de leurs partenaires extérieurs. Il se trouve que les représentants des autres mouvements armés présents à Alger n’apprécient guère les initiatives unilatérales de ce mouvement séparatiste, qui vont en contradiction avec les engagements pris lors de leur récente rencontre à Ouagadougou.
Pour les autres groupes, alliés ou pas du Mnla, il n’est plus question de territoire indépendant ou autonome, mais il est plutôt question, à présent, de revoir le statut juridico-politique des régions du nord et de mettre fin à la crisie à travers des mesures économiques et sociales à même de répondre aux attentes de la population. Le Mnla doit se rendre à l’évidence que c’est la géopolitique régionale même qui est le principal adversaire du projet de création d’un territoire “azawadien” indépendant. On peut affirmer sans risque de se tromper, qu’à un moment des discussions en cours à Alger, la question de l’indépendance de l’Azawad sera âprement discutée. Mais en toute logique, c’est l’Algérie qui sera la première à s’opposer à ce projet “azawadien” du Mnla, question de ne pas tenter les touaregs algériens qui peuplent la quasi totalité des zones pétrolifères du pays. D’autre part, le Niger qui a aussi son “problème touareg” ne laissera pour rien au monde un Azawad indépendant naitre sur ses frontières.