On en parle dans les coulisses…. Reprise des négociations d’Alger

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Ibrahim Boubacar Keïta

Le deuxième round des négociations cruciales pour le nord-Mali a débuté dans l’après-midi d’hier lundi 1er Septembre 2014 à Alger. Face à face, les autorités maliennes et les groupes armés du nord du pays. Ces derniers qui se sont rencontrés la semaine dernière à Ouagadougou ont convenu d’accorder leurs violons en demandant un statut spécial pour la région de l’Azawad. Pour cette reprise des négociations, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’OUest (Cedeao), l’Union Africaine (Ua) et l’Organisation des Nations Unies (Onu) sont présentes en tant qu’organismes de médiation. C’est en fait la deuxième phase des négociations, après une première session qui s’est tenue au mois de juillet dernier.

 

Au cours de cette deuxième partie des pourparlers, il faut évidemment s’attendre à des tractations qui devraient porter sur le fond et notamment sur le “STATUT DU NORD-LA RÉGION DE L’AZAWAD”.

 

A entendre les déclarations des uns et des autres, toutes les parties concernées veulent la paix, à commencer par le président Ibrahim Boubacar Kéita qui a donné une consigne claire à la délégation malienne en ces termes: “considérez, lors de ces discussions, tous les groupes, armés, arabes-touareg et sédentaires comme des maliens à part entière et restez fermes sur les principes de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale du Mali”.

 

La notion de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale risque donc d’être rapidement au centre des discussions. Les extrémistes et les modérés des groupes armés ont décidé désormais de parler d’une même voix. Dans un document qu’ils ont signé à Ouagadougou la semaine dernière, ils parlent de la légitimité de la lutte que mène le peuple de l’Azawad au nord du Mali depuis cinquante (50) ans pour jouir d’un statut juridique spécifique. C’est dire que ce deuxième round des pourparlers d’Alger pourrait durer de longues semaines.

 

 

D’une seule voix pour un statut spécial

Rappelons qu’en prélude à la reprise des négociations d’Alger, les différents groupes armés se sont rencontrés à Ouagadougou, du 25 au 28 août 2014, pour aplanir leurs divergences. Il faut souligner que leur rencontre, tenue à Ouagadougou la semaine dernière, a débouché sur la signature d’un accord entre ces groupes qui s’opposent non seulement sur les idées, mais aussi de façon armée sur le terrain. C’est peut-être là un signe positif, car c’est une espèce de cessez-le-feu et d’arrêt des violences sur le terrain.

 

En effet, on se rappelle qu’au plus fort moment des négociations qui se déroulaient à Alger en juillet dernier, les éléments du Mouvement National de Libération de l’Azawad (Mnla) et ceux du Mouvement Arabe de l’Azawad (Maa) se sont affrontés à Tabankort. Il faut donc espérer qu’avec la signature de ce cessez-le-feu entre eux, les groupe armés du nord feront taire les armes sur le terrain pendant que la deuxième phase des pourparlers se déroule à Alger.

 

Par ailleurs, il faut craindre que ce deuxième sommet, qui focalise toutes les attentions en ce moment, ne soit mis à profit par les groupes islamistes et terroristes pour intensifier l’insécurité et parfaire leurs assises dans la région. Du fait que l’objectif commun des groupes armés du nord est de parvenir à obtenir un statut juridique spécifique, il va s’en dire que c’est ce statut qui sera le principal point des négociations avec le gouvernement malien, lors de cette deuxième phase de la rencontre d’Alger.

 

D’autre part, quoique s’étant accordés à parler d’une même voix lors de la deuxième session des négociations, certaines divergences persistent entre les différents mouvements armés devant prendre part aux négociations. C’est par exemple le principal désaccord qui persiste entre les groupes armés quant au nombre des groupes armés qui doivent prendre à cette deuxième phase des négociations. Ils sont en tout six mouvements armés qui revendiquent le droit de participer aux négociations. Trois d’entre eux, à savoir le Mnla, le Maa et le Hcua considèrent que les trois autres groupes ne sont pas légitimes. Les premiers reprochent à ces non “légitimes” de n’avoir pas pris les armes contre l’armée malienne et d’être plus proches de l’État malien.

 

D’UNE SEULE VOIX, MAIS DEUX GROUPES DE NÉGOCIATIONS

On se rappelle qu’au mois de juillet dernier, les négociations avec le Gouvernement malien s’étaient déroulées en sorte que des séances se faisaient avec trois groupes le matin et avec 3 autres groupes l’après-midi, le trio Mnla-Maa-Hcua ayant refusé d’être sur la même table de négociation avec l’autre groupe. Selon la déclaration qu’ils ont publié à l’issue de leur rencontre de Ouagadougou, les groupes armés veulent que cette méthode soit maintenue et acceptée par toutes les parties prenantes, même si un accord a été signé à Ouagadougou entre les différents mouvements armés.

 

Le gouvernement malien va donc discuter, comme lors du premier round, avec le regroupement Mnla-Hcua-Maa d’une part et, d’autre part, avec le regroupement Cpa-Maa-Cm Fpr.

 

Pour une paix définitive, la communauté internationale doit pouvoir jouer pleinement sa partition en tant que superviseur de ces négociations, afin que l’accord qui en résultera ne soit ni bancal, ni jouable au gré des humeurs. Aussi l’accord de paix, pour être définitif, doit-il nécessairement impliquer les forces vives des régions du nord, mais conduit hors de tout esprit communautariste.

 

Par ailleurs, il est évident qu’aucun accord de paix, quel qu’il soit, ne doit et ne peut aller sans justice, ce qui implique que l’accord de paix doit forcément passer par le sceau de la justice sans laquelle il sera voué à l’échec. Sa pérennité et la stabilité du Mali exigent que l’impunité soit bannie dans la construction de la nouvelle paix qui se profile dans le pays. Enfin, il incombe aux gouvernants d’éviter les erreurs du passé et de s’attacher à privilégier et à sauver le tissu social. Ce pour parvenir à une paix durable.

 

Mamadou GABA

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