Lors de la traditionnelle conférence de presse, Olivier Salgado s’est entretenu avec la presse sur l’apport de la Minusma aux élections de 2018, le mécanisme opérationnel de coordination. « Ce qui est prévu pour le moment, c’est l’enregistrement de 51 combattants dans chaque endroit où le MOC est établi, que ce soit Gao, Tombouctou ou Kidal», précise-t-il.
Après quelques difficultés dans sa mise en place, le mécanisme opérationnel de coordination s’installe finalement dans la région de Kidal. Et c’est 51 combattants qui composent le premier contingent. « Ce qui est prévu pour le moment, c’est l’enregistrement de 51 combattants dans chaque endroit où le MOC est établi, que ce soit Gao, Tombouctou ou Kidal, dont 17 participants des FAMAs, 17 de la Plateforme et 17 de la CMA. Ce qui fait un total de 51 pour le MOC de Kidal. Il est prévu à terme que ces unités mixtes basées à Gao, Kidal et Tombouctou soient composées de six cents hommes (200 FAMAs, 200 CMA et 200 Plateforme. Celle de Gao a déjà été mise en place depuis le début de l’année 2017. En ce qui concerne les chiffres de Gao, comme vous le savez un terrible attentat a eu lieu peu après le lancement du MOC de Gao, qui a engendré des retards dans l’installation », explique-t-il.
«Ces combattants ont été enregistrés il y a quelques jours sur une période d’une semaine. On répertorie d’abord les combattants, on prend les empreintes biométriques, etc. Ensuite le lancement s’est déroulé comme vous le disait le Général ce matin. Chaque étape est une étape de plus, une étape progressive vers le déploiement total. Il est trop tôt pour vous donner une date exacte mais tout est prévu selon le chronogramme établi et va se dérouler dans les semaines à venir», ajoute-il, précisant qu’il ne faut pas confondre faire partie du MOC, être dans un camp et être cantonné. « Il faut bien faire la différence. On ne parle pas de cantonnement, ils sont rassemblés dans un camp de même que les participants de la CMA et de la Plateforme car ils font partie du MOC et ils partiront ensuite sur le terrain pour faire des patrouilles mixtes. Selon les informations que j’ai, les conditions sont très satisfaisantes, ils ne sont pas enfermés, ils sont libres de leurs mouvements, de même que les participants du MOC et de même que les participants du MOC de Gao et cela se passera de la même façon à Kidal. Concernant le MOC de Tombouctou, il sera lancé dans les prochains jours…». S’agissant des élections, Salgado dira que l’appui au niveau électoral de la Minusma se fait sur deux axes.
«Tout d’abord, l’axe politique car, on sait que suite à la résolution 2364 du Conseil de Sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général a pour rôle d’user de ses bons offices sur la question électorale et particulièrement d’encourager les initiatives visant à faciliter la tenue d’élections pacifiques, ouvertes à tous, régulières et transparentes. Le deuxième axe sur lequel je vais insister un peu plus, c’est l’aspect technique. La Division électorale de la Minusma appuie de façon tangible l’organisation de l’élection du 29 juillet et des scrutins qui vont suivre. Mais avant de parler du comment, je vais vous parler de l’appui technique, qui fait suite aux dispositions de la résolution 2364, et à ce propos, on demande à la Minusma de «concourir dans la limite de ses moyens et dans ses zones de déploiement à l’organisation d’élections transparentes, régulières, libres et ouvertes à tous ainsi qu’à la tenue d’un référendum constitutionnel en apportant notamment l’aide technique voulue et en mettant en place les mesures de sécurité conformément aux dispositions de l’Accord. Cela est un extrait de la résolution du Conseil de Sécurité et j’insiste vraiment sur les termes concourir dans la limite de ses moyens et dans ses zones de déploiement…»
Au niveau technique, l’appui se fait à plusieurs niveaux : au niveau logistique, la Minusma entend mettre à contribution, dans le cadre des prochaines élections, sa flotte aérienne pour assurer d’une part, le transport de l’ensemble du matériel électoral sensible, c’est-à-dire les bulletins de vote, les listes et les cartes électorales, et d’autre part des responsables et du personnel électoral de Bamako aux chefs-lieux des régions du nord et du centre, desdits chefs-lieux vers certains cercles enclavés ou difficiles d’accès. Donc d’une part, on assiste les autorités maliennes dans le déploiement du matériel et des officiels. Notons en passant, que la Minusma avait déjà déployé par route la quasi-totalité du matériel lourd, soit environ 187 tonnes au mois de novembre 2017, lors des préparatifs des élections régionales et locales de décembre dernier qui ont été reportées. Un plan global conjoint a par ailleurs été élaboré sur le déploiement du matériel et des documents électoraux et qui a été validé le 20 avril 2018 par le Comité de pilotage des élections, qui est présidé par le Ministère de l’Administration Territoriale. Selon ledit plan, environ 200 tonnes de matériel et de documents seront déployés par la Minusma lors de la présidentielle du 29 juillet.
« Il y a un autre appui au niveau du renforcement des capacités. La Mission a déjà recruté et mis à disposition 15 agents électoraux locaux auprès des Gouverneurs des régions du Nord et de Mopti pour appuyer les opérations de révision exceptionnelle des listes électorales qui se sont déroulées du 25 février au 06 mars derniers et les opérations du RAVEC organisées dans les régions de Kidal, Ménaka, et Taoudéni. Cette équipe restera sur le terrain pendant neuf mois et sera renforcée à l’approche des scrutins présidentiels et législatifs par une équipe de 49 agents techniques d’appui aux élections équipés chacun d’un véhicule 4X4 et de moyens de communication performants (ordinateurs, cellulaires) et cette équipe va assister les préfets de cercle et certains sous-préfets dans la mise en œuvre de toutes les opérations électorales. Par ailleurs, la MINUSMA entend finaliser dans les meilleurs délais la construction des 11 entrepôts de stockage du matériel électoral un peu partout dans le pays. La Mission appuie également le gouvernement dans la mise en œuvre des réformes électorales en cours et dans le développement d’outils modernes de gestion des différentes opérations électorales…»
Sur le plan de la sécurisation du processus électoral, la Minusma, à travers ses sections de la Division électorale, de la Force et de la Police onusiennes, apporte une assistance aux forces de défense et de sécurité maliennes en vue de la production du Cadre d’ordre national de sécurisation et du Plan opérationnel de sécurisation du processus électoral. Il faut préciser que la sécurisation des élections n’est pas sous la responsabilité de la Minusma mais sous la responsabilité des autorités nationales et des forces de sécurité maliennes. La Minusma est là pour apporter un appui dans toutes les tâches relatives à la sécurisation des élections. A l’approche du jour du scrutin, la Minusma déploiera des escortes, des patrouilles, des unités de réaction rapide de la Force ou Quick Réaction Force et des moyens d’évacuation sanitaire essentiellement dans les régions du Nord et à Mopti, comme cela avait été fait dans le cadre des élections communales de novembre 2016.
Il y a un autre volet de l’appui électoral qui n’est pas directement fait par la Minusma mais par le Programme des Nations Unies (PNUD), même si nous travaillons au sein d’une équipe électorale intégrée dénommée UNIET (United Nations Integrated Electoral Team). Donc le PNUD intervient en étroite collaboration avec la Mission. Pour mettre en œuvre son mandat électoral, la Minusma, à travers sa Division des Affaires Electorales, travaille en parfaite synergie avec le PNUD au sein d’une équipe intégrée. Le 3 Avril dernier, le gouvernement du Mali, représenté par le Ministre des Affaires Etrangères et Mme Mbaranga Gasarabwe, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général ont procédé à la signature officielle de l’accord cadre entérinant la mise en place du Projet d’Appui au Cycle Electoral (PACE-PNUD) 2018-2019. Comme en 2013 et 2016, ce mécanisme de financement s’attèlera à apporter un appui financier aux autorités électorales maliennes en vue de contribuer à la crédibilisation de la prochaine élection présidentielle. Le budget de ce projet s’élève à environ 5 millions $US et permettra de mettre en œuvre les activités articulées autour de quatre axes principaux : Planification et coordination des opérations électorales.
La communication externe ainsi que les campagnes de sensibilisation autour des opérations d’enrôlement des électeurs et des scrutins; La prévention des conflits liés au processus électoral.
Un appui est également accordé au niveau des associations de la société civile. L’organisation des élections incombe aux autorités maliennes mais évidemment, il y a toutes sortes d’acteurs qui tournent autour de ce processus, dont vous, les journalistes. Du 02 au 05 mai 2018, la Maison de la Presse du Mali a initié son programme de renforcement de capacités des professionnels de médias nationaux sur l’éthique et la déontologie de la presse en période électorale grâce à un appui financier de la Division des affaires électorales à travers le mécanisme de financement de la Minusma (projets à impact rapide – QIPS). Cette formation visait à doter les professionnels de médias des outils nécessaires leur permettant de jouer leur rôle de manière professionnelle durant tout le processus électoral actuel qui s’avère hautement crucial. L’accompagnement de la Minusma rentre dans le cadre de l’appui que la Mission apporte aux acteurs nationaux du processus électoral. Il y a aussi prévu au cours des prochaines semaines début juin, l’atelier qui va s’adresser aux représentants des candidats et des partis politiques pour tenter de renforcer leurs capacités à présenter des recours, éventuellement, devant la Cours Constitutionnelle, pour éviter que les réclamations soient rejetées sur des questions de forme. Toujours au niveau de l’appui aux organisations de la société civile, depuis le 07 mai, l’équipe électorale intégrée des Nations Unies constituée de la Minusma et du PNUD a lancé, à travers le Projet d’Appui au Cycle Electorale du Mali(PACE), un appel à propositions sur l’ensemble du territoire national dans le but de sélectionner les Organisations de la Société Civile maliennes qui devront appuyer la mise en œuvre des activités de sensibilisation et de mobilisation des citoyens pour l’élection présidentielle du 29 juillet.
Dans le cadre de la prévention des violences et conflits liés aux élections, depuis novembre 2017, la Mission finance et accompagne la mise en œuvre, à travers un consortium d’organisations de la société civile locales (Association malienne pour le relèvement du taux de participation aux élections), un projet visant l’établissement d’un mécanisme de prévention des violences liées aux élections dans les 10 régions du Mali. Un atelier de formation s’est tenu la semaine dernière à Sikasso et un autre est prévu la semaine prochaine à Kayes. Ce projet prévoit la formation et le déploiement de 1450 médiateurs électoraux dans les 703 communes du Mali et le renforcement des capacités d’environ 1000 acteurs du processus ainsi que la mise en place d’une « Situation Room » pendant le scrutin.
En conclusion, pour le cycle électoral 2018, le gouvernement du Mali a prévu un budget de 45 milliards de francs CFA. L’appui de la Minusma ne saurait encore être chiffré pour l’instant étant donné qu’il intègre de nombreuses lignes liées à la sécurisation du processus, la mobilisation de la flotte aérienne pour le transport du matériel et des personnes ainsi que la mise en œuvre de toutes les activités citées plus haut.
Il est également important de répéter que la Minusma et sa Division électorale n’organise pas l’élection présidentielle de même que les scrutins subséquents. Nous apportons une aide technique, comme il est mentionné dans la résolution du Conseil de Sécurité, à l’intérieur de nos capacités et de nos zones d’intervention. Pas plus que nous sécurisons les élections, la sécurisation des élections relevant également des autorités sécuritaires maliennes. Il y a un comité qui est sous la responsabilité du Ministère de la Sécurité auquel nous participons et auquel participent également la composante militaire de la Minusma et la composante de la Police onusienne.
Zan Diarra