A la faveur d’une visite à Nouakchott du chef d’Etat major général de l’Armée malienne, le Général Gabriel Poudiougou, des militaires maliens et mauritaniens auraient constitué des patrouilles mixtes pour traquer des membres d’Al Qaïda du Maghreb islamique. Le Mali rejoint donc la Mauritanie qui a fait de l’offensive militaire une option stratégique pour en finir avec l’insécurité dans le vaste désert qu’elle partage avec le Mali, le Niger et l’Algérie. Au centre de la visite du Général Poudiougou, se trouvent des entretiens avec les responsables militaires et sécuritaires mauritaniens, afin d’examiner tous les problèmes communs liés au terrorisme islamiste et à la sécurité transfrontalière. Selon certaines sources, la Mauritanie maintient sur le terrain, également, un dispositif aérien.
Un avion militaire mauritanien est pour le moment au sol dans la zone alors qu’un second fait la navette entre le nord-ouest du Mali et Nouakchott, a révélé Rfi. C’est la première fois que militaires maliens et mauritaniens composent des patrouilles mixtes. Les raids militaires menées le 22 juillet et qui se sont poursuivies en Septembre 2010 ont fait l’objet de critiques à Bamako, et l’on doutait jusque là si ces opérations n’allaient pas provoquer des problèmes d’un autre genre entre Bamako et Nouakchott. Pour la simple raison que la Mauritanie a choisi de ne pas tenir compte de considérations de territoire étranger, lâchant ses soldats à la traque d’éléments suspects dans cette étendue de sables et aussi dans les montagnes qui servent d’abri aux salafistes.
Se déroulant essentiellement en territoire malien, les patrouilles mixtes auront l’avantage de se fixer sur la pertinence ou non de la stratégie mauritanienne de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme. Mais ce qui suscite des interrogations, c’est l’arrivée depuis la semaine dernière des troupes mauritaniennes, à près de 80 kilomètres au nord de Tombouctou (nord du Mali) et que c’est seulement après qu’elles ont été rejointes par des centaines de militaires maliens armés et dans des véhicules de combat.
Cependant l’objectif désigné est tout à fait la lutte commune pour la sécurité de nos populations, et d’empêcher les terroristes d’occuper le terrain et d’organiser des attaques. En tout cas, les patrouilles conjointes semblent être une option mûrement réfléchie par le gouvernement mauritanien. Lors d’une conférence de presse qu’il a donnée à Nouakchott, le 27 Octobre 2010, en marge du ‘’Débat national sur le terrorisme et l’extrémisme’’, le ministre mauritanien de la Défense, Hamadi Ould Baba Ould Hamadi, laissait entendre, en parlant de ses voisins du Mali et du Niger, que ce qui concerne la Mauritanie les concerne, et vice versa. Si telle est leur motivation ces patrouilles mixtes pourraient perdurer le temps qu’il faut pour éradiquer le fléau du Sahel en général.
En prélude, les états-majors des armées du Mali, de Mauritanie, d’Algérie et du Niger s’étaient réunis en fin septembre à Tamanrasset (sud de l’Algérie) où se trouve leur commandement conjoint. Ils avaient décidé de renforcer la lutte contre la branche maghrébine d’Al-Qaïda, dont les unités sont très actives dans la zone désertique partagée par ces quatre Etats. Mais force est de reconnaître que ‘’ce commandement conjoint basé à Tamanrasset est une coquille vide’’, nous signifiait en Octobre dernier, un officier de l’armée mauritanienne rencontré à Nouakchott.
En septembre, sept otages étrangers enlevés au Niger par Al Qaïda (cinq Français, un Malgache et un Togolais) avaient été transférés dans le nord-est du Mali où ils sont toujours supposés être retenus en otage par Aqmi.
B. Daou