” C’est terminé, nous venons de prendre Tombouctou…. ” Telle est la déclaration d’un responsable du MNLA quelques heures après la chute de la ville Sainte. Cette nouvelle confirmait ainsi l’occupation de l’ensemble du septentrion malien par les groupes rebelles et jihadistes. En 3 jours les assaillants ont conquis les 3 principales villes du nord Mali.
L’occupation du nord du pays est d’autant malsaine qu’elle résulte plus de l’incompétence de l’armée malienne que de la bravoure des assaillants qui eux-mêmes ont été surpris par la rapidité de leur victoire.
Désormais plus de 70% de notre territoire national est sous occupation des assaillants dans une certaine confusion. En effet, les différents groupes occupants ont des lectures assez différentes de la situation. Autant le MNLA attend que des autorités légitimes soient en place à Bamako pour discuter. Discuter de quoi s’il est clair que leur objectif d’occupation militaire est atteint. Mais la rébellion n’a aucune assise populaire, pour preuve les populations fuient le nord. De l’autre côté les groupes jihadistes sont en train de peaufiner leur stratégie pour une application rigoureuse de la sharia.
De toutes les données dont nous disposons de nos jours sur la situation de notre pays, il est clair que plus jamais rien ne sera comme avant. Il s’agit alors pour nous de retrouver les ressources évidentes pour une refondation de la République.
L’armée Malienne est aujourd’hui sur la sellette, elle est le bouc émissaire d’une société rongée par l’amateurisme. Ainsi c’est elle qui est aujourd’hui sur l’arbre de la honte, mais tous les autres secteurs de la société sont à l’image de l’armée. Il suffit que ces secteurs soient sur la sellette pour que l’on découvre leur déconvenue. C’est la République elle-même qui est en danger avec l’impasse généralisée et le blocage des issues.
Pourtant pendant 10 ans sinon plus, on a l’impression que tout baignait, allant jusqu’à un semblant de plébiscite pour le Président ATT lors du scrutin présidentiel de 2007. Alors il a fallu que la guerre du septentrion soit pour que l’on découvre que le Mali n’existait pas comme on le pensait. Mais comment peut-on parler d’un pays fiable sans une armée qui puisse assurer un temps soit peu la sécurité nationale. En tout cas l’affront est indélébile quelque soit la suite des évènements, la République a été ébranlée par une poignée d’aventuriers qui, au son des kalachnikovs imposent leur loi. En tout cas plus jamais rien ne sera comme avant.
Notre pays sera marqué à vie par cette parenthèse humiliante de son histoire.
Youba KONATE