En défiant l’ensemble de la communauté internationale par le refus de parapher l’accord, le MNLA est convaincu de la justesse de son combat et perd toute lucidité allant jusqu’à compromettre certaines de ses amitiés. Alors le MNLA convaincu de sa suprématie sur l’armée malienne n’entend rien lâcher et veut utiliser l’accord d’Alger comme la première étape de sa marche vers l’indépendance.
Dans cette obsession et ce planning, le MNLA oublie une donnée essentielle, la non adhésion des peuples à son projet. En dépit de toutes les complicités et soutien de certains pays voisins le MNLA peine à faire l’unanimité autour de son projet, il est aussi déterminé à faire aboutir son projet même sans assise populaire, donc passer en force. Du coup, c’est la grande confusion et le gouvernement malien par sa grande maladresse réconforte le MNLA par certaines de ses prises de position. C’est ce qui s’est passé quand le gouvernement a cru bon d’annoncer la décision de paraphe de la CMA, il n’était pas dans son rôle et la CMA a vite réagi en ridiculisant l’Etat malien.
Le MNLA est déterminé et motivé par son obsession à obtenir l’autodétermination parce que ces touarègues du MNLA n’ont jamais accepté qu’ils soient dans un espace politique majoritairement dirigé par des noirs, toute l’obsession du MNLA tourne autour de cette considération xénophobe et raciste. On ne le dira jamais assez pour que le MNLA comprenne qu’il n4a aucune chance de faire aboutir son projet qui est tout simplement illusoire malgré le drapeau, l’hymne, l’occupation de Kidal, et surtout l’arrogance des élites du mouvement et leur versatilité. Parce que le projet à l’origine concerne tout le nord de notre pays, sans l’avis des populations qui ne se reconnaissent pas dans cette volonté raciste de séparation. Imaginez un seul instant Gao et Tombouctou séparés du reste du Mali, parce qu’une bande de criminels au seul motif qu’ils disposent de kalachnikovs a décidé de s’accaparer d’une partie de notre territoire. Ce que les soutiens du MNLA ne savent pas, c’est que jamais les autres populations du nord du Mali n’accepteront de passer sous le joug de cette horde de nouveaux esclavagistes.
En tout cas à Kidal on ne fait plus mystère du dégout à l’encontre du Mali, en témoigne l’attitude des rebelles face au drapeau malien, ils n’ont pas hésité à le piétiner lors d’une manifestation, alors la volonté des séparatistes à quitter le giron du Mali pour le fait que ce pays soit majoritairement noir est incontestable. Le projet d’autodétermination a forte odeur de xénophobie, or nous sommes dans un espace majoritairement noir mais harmonisé dont les populations vivent ensemble depuis de millénaires. Pour autant il est clair que la responsabilité première est celle des Maliens qui ont échoué dans la gestion de leur pays en laissant cette partie du territoire devenir un espace de non droit et de tous les trafics. En coulisse, il se murmure que la branche dure du MNLA composée essentiellement d’éléments venus de Lybie est opposée à tout compromis allant jusqu’à menacer les familles des signataires potentiels.
Le MNLA bloque et le monde l’observe, c’est en ces instants que notre vigilance doit être de mise pour éviter les pièges des rebelles qui veulent nous pousser à la faute. Nous devons être sereins en ce sens que l’Etat malgré ses réserves a signé le document non pas par faiblesse mais pour consolider la paix et soulager les souffrances des populations et entamer le processus de développement de l’ensemble du pays.
Youba KONATE