Le gouvernement français vient à nouveau d’appeler ses ressortissants au Niger et surtout au Mali à la prudence, suite à de nouvelles menaces d’enlèvement perceptibles chez les éléments d’AQMI dans ces deux pays concernés par la mesure. La panique de l’Elysée s’explique certainement par le dernier acte terroriste perpétré contre sa représentation diplomatique à Bamako, il y a seulement quelques mois. Mais très récemment, un convoi suspect aurait été aperçu aux alentours de N’Gouma Coura, une bourgade située à quelques encablures de Niono. Que se passe-t-il réellement dans cette zone qui met en péril la sécurité dans cette localité si trouble ? Réponse.
En effet, dans la semaine du 16 mars dernier, certaines sources très crédibles affirmaient qu’une colonne de véhicules à bord desquels se trouvaient des individus lourdement armés. Ils auraient été aperçus aux environs du forage d’Ehel Sidy à 50 km du forage N°08 et à 70 km de Nampala, zone très turbulente. Selon certains témoignages anonymes, les mystérieux «touristes» auraient demandé des renseignements sur une entreprise chargée de la construction de la route Niono- N’Gouma.
Coura. Selon les mêmes sources, les services de sécurité de la région de Ségou auraient été informés de la menace. Des dispositions ont-elles été prises ?
De sources militaires, nous avons appris qu’un contingent de plusieurs centaines d’hommes, lourdement armés aurait été déployé sur la zone. La confirmation nous a été donnée par les plus hautes autorités militaires du Mali. Paradoxalement, malgré l’impressionnant dispositif sécuritaire, quelques énergumènes flânent toujours dans la zone. Nos sources révèlent que ces bandits se confondent à la population et sont difficiles à identifier. «C’est surtout ce qui rend difficile notre travail», avoue un responsable militaire en poste à Ségou.
Pourquoi AQMI tient à la zone ?
En février 2009, le gouvernement du Mali en partenariat avec le MCA, a lancé les travaux de construction du premier tronçon de la route Niono- Tombouctou pour plus de 240 milliards FCFA. Un fonds acquis de haute lutte, en vue de désenclaver cette zone et de développer les infrastructures de transport. Le marché a été attribué à une entreprise belge du nom de Ashtrom BV pour un délai d’exécution de 24 mois. Le contrôle du chantier a été confié à Inocsa qui finira par plier bagages suite à des difficultés rencontrées dans la collaboration avec Ashtrom.
Mais selon, le responsable du projet à l’époque, M. Bakary Cissé, les raisons qui ont conduit à l’éviction d’Inocsa sont liées au non respect des clauses de son contrat, notamment le recrutement d’un spécialiste en environnement et l’élaboration d’un rapport mensuel sur l’Etat d’avancement des travaux. Mais déjà, plus de 15 milliards avaient été engloutis pour de piètres bricolages. Entre le constructeur et son contrôleur, le torchon n’a cessé de brûler. Le divorce est consommé. Un autre bureau de contrôle a été aussitôt engagé. Il s’agit de SNC Lavalin International. Ce dernier, à son tour, enfonce le clou en révélant qu’Ashtrom n’avait pas les moyens d’honorer ses engagements.
Le rêve des populations se transforme en cauchemar. Le projet qui visait essentiellement à améliorer la sécurité des populations, demeure hélas, virtuel.
Il faut noter que pour mieux combattre l’insécurité dans les zones nord de notre pays, le président de la République avait mis l’accent sur le désenclavement. Mais malheureusement, il se trouve que la réussite de ces initiatives met en péril les intérêts des bandits armés et autres terroristes dans la bande sahélo Saharienne. C’est pourquoi ils sèment la terreur sur cette zone où ils ne manqueront jamais de «butin».
Sur ledit chantier financé par le gouvernement américain, travaillent plusieurs expatriés d’origine française et belge et du matériel de grande valeur. Quoi de mieux pour des preneurs d’otage qu’un tel site, surtout avec des intérêts américains en jeu.
En tout cas, selon nos sources, la menace aurait été perçue par les services secrets maliens et français qui ont déjà mobilisé un impressionnant dispositif sécuritaire. Mais, il serait naïf de ne pas tenir compte de l’implication probable de certains agents renvoyés du site. Leur complicité dans l’affaire n’est pas à exclure. Sarkozy n’est donc pas paranoïaque. ATT non plus. La menace est réelle.
Abdoulaye Niangaly