Après Ouagadougou en juillet 2013, la capitale algérienne est depuis, le 16 juillet, l’épicentre des pourparlers inclusifs pour le retour de la paix et de la sécurité dans le Nord du Mali. Pour le secrétaire administratif du parti Solidarité africaine pour la démocratie et d’indépendance (Sadi), Nouhoum Kéita, le gouvernement du Mali est face à sa responsabilité devant l’Histoire.
“Les pourparlers inclusifs pour le retour de la paix et de la sécurité dans le Nord du Mali et la signature de l’accord de coopération militaire essentiel dans la lutte contre les groupes jihadistes”. Tel était le thème de l’émission Gwakoro de la radio Renouveau FM 98.1 de ce samedi 19 juillet 2014.
Autour des présentateurs, Antoine Dembélé et Ibrahim Sogoba, hommes politiques et militants de la société ont fait un regard croisé. Il s’agit du président du Parti pour l’action civique et patriotique (PACP), Niankoro Yeah Samaké, du président de l’Association appel du Mali, Adama T. Coulibaly, et du secrétaire administratif du parti Sadi, Nouhoum Kéita.
Les différents panélistes sont positifs et formels : “Le Mali est à un tournant critique de son histoire. La délégation gouvernementale qui est en Algérie depuis le 16 juillet dernier doit jouer une bonne carte de diplomatie pour prendre le dessus sur les groupes armés”.
Le président du PACP, Niankoro Yeah Samaké, a fait remarquer que le processus de paix en cours comporte trois étapes : le projet de feuille de route conçu par les autorités maliennes et qui sera présenté par le Haut représentant du président de la République pour le dialogue inclusif inter-malien, les négociations proprement dites et la signature d’un accord de paix définitive, prévue au Mali.
“Nous sommes à un moment où les bandits armés montent les enchères. C’est aux représentants maliens d’avoir le cran, l’intelligence et le tact pour faire échec aux projets indépendantistes des groupes armés et démontrer leur peu de crédibilité aux yeux du monde à travers leur connexion avec les groupes terroristes”, conseille M. Samaké, qui soutient au passage la signature de l’accord de coopération militaire avec la France.
Le Mali partira-il à ces négociations avec de réelles chances ? Pas si sûr, indique Adama T. Coulibaly.
Notion de représentativité ignorée
Devront prendre part à ces pourparlers, les représentants du gouvernement malien, les délégués des mouvements armés signataires et adhérents de l’accord préliminaire signé à Ouagadougou le 18 juillet 2013, les mandataires des communautés du Nord.
Ces représentants des communautés devront être issus des collectivités locales (à désigner par le Haut conseil des collectivités territoriales), des formations politiques (à désigner par les groupes parlementaires constitués à l’Assemblée nationale), du Conseil économique, social et culturel, des organisations de la société civile, des associations des femmes et des mouvements de jeunes.
Mais le gouvernement a ignoré toutes les organisations, regrette le président d’Appel du Mali. “Le Mali n’est pas sur la route d’Alger à ces négociations avec de réelles possibilités”, ajoute-t-il, dénonçant farouchement l’accord de coopération militaire signé entre le Mali et la France. Selon lui, il s’agit d’un mépris vis-à-vis du peuple malien.
Le secrétaire administratif du parti Sadi, Nouhoum Keita, estime que la position de l’Algérie nous favorise. M. Kéita fait référence à la situation géographique de l’Algérie par rapport au Mali. “Les deux pays font face au même problème. L’Algérie n’a nullement intérêt à ce qu’un statut particulier ou une quelconque autonomie soit donné dans le Nord du Mali. Le voisin aussi doit gérer la situation des Kabyles. Ce qui nécessite forcément une résolution définitive de notre crise”, analyse-t-il. Non sans reconnaître que le destin du Mali est en jeu.
Parlant de l’accord de coopération militaire, M. Kéita s’interroge sur la franchise de la France dans la résolution de la rébellion au Mali. Le secrétaire administratif charge l’ex-colonisateur de réussir son coup face au Mali.
“Je ne vois pas l’utilité de ce traité dans la résolution de la crise du Nord. La question qui se pose est la sincérité de la France dans la crise malienne”, soutient M. Kéita, citant les cas de la Côte d’Ivoire et de la Libye.
Pour le secrétaire administratif de la Sadi, il faut donc comprendre le volontarisme de ce pays à s’impliquer fortement dans la recherche de solutions à la présente crise malienne. Bref, à l’en croire, l’accord est un nouveau pacte de colonialisme de la France. Et d’annoncer que son parti sera au cœur des actions pour expliquer les vrais enjeux de cet accord.
Bréhima Sogoba