« Le groupe est désormais ouvert au dialogue direct avec les autorités maliennes, mais les discussions commenceront sur la base de l’autodétermination de l’Azawad… ».
C’est du 29 au 31 octobre dernier que les membres du comité de bons offices (à bord d’une vingtaine de véhicules) ont débattu avec les ex-combattants pros-Kadhafi retranchés dans la localité de Zakate, à 230 km au nord-est de Kidal. Selon des membres de cette délégation qui ont requis l’anonymat, le rapport de cette rencontre sera remis sous peu aux autorités maliennes.
Ils sont, chefs de fractions, chefs coutumiers, députés et autres notabilités des régions de Kidal et de Gao qui ont pris l’initiative d’aller rencontrer les ex-combattants pro-Kadhafi qui ne sont pas répertoriés au niveau de l’Etat malien mais qui sont actuellement sur le territoire national. Ils sont plusieurs dizaines de cadre à bord d’une vingtaine de véhicules à se rendre dans la localité de Zakate, le nouveau fief des ex-combattants.
La délégation a été conduite par Mohamed Ag Intalla, député élu à Tinassoko et non moins fils du vieux Intalla de Kidal et Baba Sidi Elmouktar, le chef coutumier de la tribu Kounta. «C’est un élément de l’Azawad qui est parti voir ce mouvement armé pour qu’il opte pour le dialogue », indique un membre de la délégation. Avant d’ajouter : « A notre arrivée, nous avons tenu une plénière avec tout le monde, ensuite, nous avons mis en place un comité Ad hoc pour discuter afin de savoir qui sont-ils et quelles sont leurs intentions. Au bout de quatre jours, nous avons obtenu difficilement d’eux, l’ouverture au dialogue. Croyez-moi c’était difficile. En contrepartie, nous avons pris acte de leur existence. Ce mouvement existe depuis une année sous le nom de MNA, mais le groupe a changé de nom, le 16 octobre dernier pour répondre au Mouvement Nationale de Libération de l’Azawad (MNLA)». En effet, le mouvement clandestin MNA existe depuis un an, mais l’Etat ne le reconnaît pas en tant que tel. En réalité les notables mêmes ne connaissent pas tous les membres du groupe et encore moins le porte-parole du groupe avec qui ils ont discuté. « Nous avons discuté avec un certains Bilal Ag. Je sais qu’il est originaire de Kidal, mais je ne connais vraiment pas le nom de son père, mais ce que je connais sur lui est qu’il a fait ses études en Anglais au Maroc », nous confie un autre notable ayant participé à la mission. Il poursuit : « le groupe nous a dit qu’il a fait des lettres ouvertes, envoyé des e-mails mais qu’il reste à l’écoute. Le groupe est désormais ouvert au dialogue direct avec les autorités maliennes, mais les discussions commenceront sur la base de l’autodétermination de l’Azawad ». Selon les témoignages des notables que nous avons contacté, le chef militaire du groupe, Mohamed Ag Nadjim n’a pas voulu vraiment participer aux discutions, car c’était une question politique. Cet officier de l’armée Libyenne est entré au Mali depuis le mois d’Août dernier avant de se retrouver au milieu de la milice de feu Ibrahim Ag Bahanga. « Nous allons apporter ces témoignages aux autorités et à la nation malienne et c’est à eux de prendre les bonnes décisions pour ramener la paix », nous confie un autre notable.
Et un consultant en développement de renchérir : « je pense qu’il est urgent d’engager les pourparlers et d’essayer de stabiliser la situation, même si c’est provisoire en cette période préélectorale ».
Un notable de cette rencontre conclue : « Lorsque nous sommes arrivés, il y avait une petite tension quand même. Et les gens avec lesquelles on s’est entretenu on beaucoup parlé des autres rebellions qui ont échoué et des hommes qui y ont laissé leur vie. C’est après tout ça qu’ils ont pris le temps de nous écouter. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle, nous avons passé 4 jours avec eux ».
Baba Ahmed