Nord-Mali : Une peine malienne

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Sur la crise malienne, les points de vue se rapprochent pour dire qu’on ne peut parvenir à une paix civile sans action armée, tout en concédant que les négociations restent la grande porte de sortie, donc de mise. De deux choses, l’une : Bamako semble partant pour le dialogue à juger par le discours adressé aux maliens à l’occasion de ce 22 septembre par le président intérimaire. Une fête de l’indépendance dans l’inconfort….

Y aura-t-il une intervention militaire dans le Nord du Mali ? Cette question est de première importance, car de sa réponse dépend la renaissance à l’espoir de mille et un malien las d’attendre, dégoûtés de la cacophonie récurrente qui tourne autour du sujet. Et c’est vrai, au Mali il n’est pas besoin de longues démonstrations pour faire remarquer que les esprits sont dans les brumes, au point que nous sommes amenés à reconnaitre notre impossibilité à formuler la moindre once d’espérance sur l’aboutissement d’une crise qui commence à peine à dire son nom. Mais concédons  toutefois qu’il n’est toujours pas interdit d’espérer. La seule ombre au tableau, c’était que le pays s’était heurté au mur d’un blocage que constituait la posture de la CEDEAO qui, à la grande déception de tout le monde, s’était murée dans son obstination à n’intervenir que si Bamako accepte les conditions qu’elle avait posées, entre autres, le déploiement d’une force militaire dans la capitale. Chose que le président intérimaire, le Pr Dioncounda Traoré, dans la lettre qu’il a fait part à ses pairs, avait jugé « sans objet », et qui avait soulevé la colère de  certains.

Mais depuis le Samedi dernier, le message transmis par le ministre malien de la défense Yamoussa Camara, au président en exercice de la CEDEAO Alassane Dramane Ouattara, lève toute équivoque à la position de Bamako qui se dit être d’accord  pour le déploiement d’une troupe de la CEDEAO, à condition que cela se fasse dans la discrétion. Une bonne nouvelle certainement pour bon nombre de maliens auprès desquels l’institution sous régionale jouit d’une espèce de fétichisme !

Alors qu’au Nord, les fondamentalistes islamiques ont franchi une ligne rouge dans l’application d’une « certaine » charia  avec surtout l’entrée dans la danse d’Ançar Eddine d’Iyad Ag Ghali qui garde la main sur Tombouctou, et qui jusqu’ici, ne s’était pas hasardé dans cette entreprise d’une idiotie indescriptible. Aussi, dans ces derniers temps, des nouvelles affirmaient la volonté d’Iyad Ag Ghali de quitter sans combat le Nord si l’Etat malien consent à lui donner une somme dont la seule évocation brouille la vue. Du Jihad, l’homme aurait voulu basculer dans le chantage ! Et le grand absent de ce tableau demeure les « les oublieux des bienfaits » du MNLA, avec lesquels même l’institution sous régionale entend privilégier le dialogue. Erreur de calcul ?

Une médiation plus médiatique qu’optique :

 La crise malienne a offert à mille et un quidams l’occasion de cracher le peu de bien qu’ils pensent du malien. Et nul n’est besoin de dire que le pays n’a pas attendu les Blaise Compaoré et consorts pour faire son autocritique. De fait, lorsque le président du Faso, médiateur dans la crise malienne, laisse entendre qu’ « Il y a des maliens qui demandent l’indépendance, il y a des maliens qui veulent la charia. Comme ailleurs, on discute d’abord pour voir si on peut les intégrer dans la république, si on peut limiter les revendications extrêmes, parfois extrémistes », il jette la honte sur tous ceux qui, maliens de loin comme de près, ne se sont aucunement sentis dans le droit de prendre les armes contre un pays dont ils se réclament, pour faire aboutir une quelconque revendication. En clair, Blaise n’a fait là que servir sur un plateau doré le caviar et le champagne dont il a l’habitude de régaler les parties en conflit dans les médiations qu’il a eu à mener, et dans lesquelles il a toujours joué trouble jeu. La méthode qui est en honneur dans ces négociations revient à réconforter les voyous du MNLA qui n’ont de cesse de dire urbi et orbi qu’ils veulent un Etat où ils pourront instaurer leur voyoucratie ! Pourquoi ménager le MNLA ? Hors propagande, de quoi le MNLA peut-il se prévaloir ? Moussa Ag Assarid, Moussa Ag Ataher, Bilal Ag Cherif, Zakiatou…..héros de la rébellion touareg ? Quel est le but poursuivit par ce combat de démagogie identitaire ? S’il en a un, peut être mieux vaut-il faire partie du MNLA pour apporter sa pierre à la lapidation d’un monde de vérité et de justice. C’est là une idée que je ne cesse de défendre : on imagine sans mal que le MNLA n’a rien à envier à du terrorisme, eu égard seulement au massacre d’Haguel Hock sur lequel les experts s’accordent à reconnaitre  que les techniques de tuerie sont propres à des terroristes. Et cerise sur le gâteau, les accointances du mouvement avec les terroristes d’AQMI. En ce cas, la politique que les autorités maliennes veulent entreprendre avec les irrédentistes a son lot de risques. Sauf s’il y aura une démarcation avec les anciennes méthodes en honneur qui nous ont conduit dans cette incertitude. « L’Etat devait éviter des promesses fantaisistes, les propositions de postes, les nominations à des hautes responsabilités de certains cadres peu fiables de la rébellion. Il fallait faire appel aux compétences des vrais cadres sans exclusive. (…)La continuité de la nation n’était pas à négocier et les engagements du gouvernement vis-à-vis de certains leaders de la rébellion était de nature à renforcer les jalousies individuelles et de groupes », fait remarquer Noumou Ben Diakité dans son roman « Mourir pour l’Azalaï », chronique d’une rébellion. C’est-à-dire aussi que la rébellion label MNLA pose un problème de vacuité politique.

Aujourd’hui, les analyses de bonne foi sont unanimes à reconnaitre qu’on ne peut parvenir à la paix civile sans action armée, tout en précisant que la guerre est une partie de la solution et non la solution elle-même. Parce que qui dit qu’en chassant les groupes armés hors du Nord qu’ils ne vont pas revenir en profitant d’une nouvelle faiblesse de l’Etat malien ? Donc en mettant en priorité la négociation, les autorités de Bamako donnent la bonne impression qu’ils ont mesuré l’ampleur du problème. La guerre, rappelons-le, ne se nourrit que d’hommes !

Les possibilités d’une intervention militaire étrangère au Mali sont désormais hors de doute, comme elle l’était il y a belle lurette. Ce n’est toujours qu’une question de temps. Encore faudrait-il que, dans les deux camps, l’objectivité prédomine ; et surtout du coté de l’institution sous régionale. Car, les maliens déjà en gros hostiles au déploiement supporteront mal la cohabitation avec des soldats qui débarqueront avec un calendrier qui leur est propre comme ce fut le cas dans beaucoup de crises. Mais en attendant, le Mali continue à tracer son chemin dans la crise. Angoisse : pour aller où ?

 

Boubacar  SANGARE

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2 COMMENTAIRES

  1. LES MALIENS DOIVENT AIDER LES AUTRES (CEDEAO/UA/ONU, LA SOUS-REGION, LES PARTENAIRES REGIONAUX ET INTERNATIONAUX) A LES AIDER POUR S’ASSUMER

    Bonjour,

    Comme dit le Président du Mali, Dioncounda Traoré, le dialogue et la négociation doivent être utilisés comme première option pour sortir de la crise Malienne. Ainsi, une issue sans guerre pourra être possible.

    Contrairement à ce que pense les USA, aidés les Maliens, c’est les aider à se stabiliser en ayant restaurés l’intégrité territoriale, en ayant aidés la population à subvenir à ses besoins et à être sécurisée.

    Donc, les élections doivent être organisées après que le Mali soit devenu UN (intégrité territoriale restaurée) afin que TOUS les Maliens participent à la fondation d’un Mali NOUVEAU répondant durablement à leurs aspirations.

    Pour sortir de cette crise profonde, l’engament et la participation de TOUS les Maliens sont INDISPENSABLES. Ils doivent participer en grand nombre à la négociation.

    Si la négociation échoue, je propose l’utilisation d’une guerre informationnelle (de renseignements sur les terroristes) en liaison avec les pays de la zone sahel et les partenaires régionaux et internationaux. Elle est plus précise et évitera d’énormes dégâts collatéraux.

    De tels renseignements sur les terroristes peuvent être collectés pendant le processus de négociation, pas besoin d’attendre la fin des négociations.

    Pour ce faire, l’implication de tous les Maliens, de la sous-région et l’aide de la CEDEAO/UA/ONU sont nécessaires.

    Il est indispensable que les groupes armés déposent les armes avant toute négociation afin que les négociations se déroulent convenablement en les sécurisant par les forces de défense et sécurité du Mali aidées par le contingent CEDEAO/UA/ONU.

    Pour ces négociations, le haut conseil de l’Etat Malien doit être constitué, de même que son conseil national, sa commission aux négociations, son interface avec le contingent de la CEDEAO/UA/ONU et celle avec la médiation de la CEDEAO et de l’UA.

    CONCERNANT L’INTERFACE AVEC LE CONTINGENT DE LA CEDEAO/UA/ONU, UNE UNITE MIXTE COMPOSEE DE SOLDATS MALIENS ET DES SOLDATS DU CONTINGENT DE LA CEDEAO/UA/ONU DOIT ETRE CONSTITUEE.

    CETTE UNITE MIXTE DOIT AUSSI AVOIR UN OEIL SUR LA SECURISATION DE LA PRESIDENCE A TRAVERS LES SOLDATS MALIENS DE CETTE UNITE. CES DERNIERS PEUVENT FAIRE PARTIE DES SOLDATS QUI SECURISERONT LA PRESIDENCE. DES CONTROLES REGULIERS SONT NECESSAIRES POUR VERIFIER QUE TOUT SE DEROULE NORMALEMENT.

    Concernant l’interface avec la médiation, elle est nécessaire pour garantir la cohérence globale et l’émulation. Une autre unité mixte constituée de membres de la médiation du Burkina et de la CEDEAO et des membres de la commission aux négociations du haut conseil d’Etat du Mali est nécessaire.

    Comme dit le Ministre de la défense du Mali, la discrétion concernant la présence, à Bamako, des soldats de la CEDEAO/UA/ONU est nécessaire MAIS je pense qu’un sérieux doit être accordé à la constitution de ces INTERFACES. C’est ainsi que les Maliens pourront vraiment aider les autres à les aider pour s’assumer.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    Expert TIC ET GOUVERNANCE
    E-mail: Anasser_AgRhissa@yahoo.fr

  2. La différence entre les djiadistes et le gouvernement malien c’est que ces fous de Dieu savent ce qu’ils veulent et son déterminés pour ça.

    Le ministre de défense de la honte, Yamoussa Camara et son CMD avec Dioncounda ne savent non seulement pas ce qu’il veulent mais pire ils n’ont aucune détermination pour aucun objectif pour le Mali.

    Ils sont coincés entre Cnrdre, Cedeao et HCI.

    Ils ne sont en réalité que des spectateurs mis au devant de la scène et ne font que répéter ce qu’on les dictent.
    Le matin c’est la négociation triple choix.
    Et hop le soir c’est la guerre sans troupes Cedeao à Bamako.
    À midi pile c’est la guerre avec la Cedeao à Bamako mais avec “discrétion”.

    And so on!

    J’aurai personnellement préféré que le Mali soit dirigé en ce moment par les écoliers du groupe scolaire Mamadou Konaté de Bamako, plutôt que ces zombies sans aucune orientation claire pour le pays. C’est sûr que l’innocence des enfants serait un atout dans la gestion de cette crise.

    À voir CMD très agités devant les maliens de New York alors que concretement pendant 6 mois il n’a rien fait pour liberer le pays, et les rigolades inconscients de son ministre des affaires étrangères, on se dit que la sortie de crise n’est pas pour demain avec autant de manque de sérieux au sommet de l’état.

    Le Mujao peut continuer à jouer pendant longtemps encore!

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