Avec le retour des ex-combattants de Kadhafi d’origine malienne au bercail bien armés, beaucoup craignent le déclanchement d’une nouvelle rébellion au nord Mali. Mais en réalité, que peuvent les ex-combattants de Kadhafi revenus armés au Mali ?
Ils étaient nombreux ces maliens, touaregs pour la plupart, que Kadhafi avait enrôlé dans son armée et dans sa milice. Certains venaient d’arriver comme mercenaires pour sauver le guide libyen des bombardements de l’OTAN. Avec la défaite de Kadhafi et la victoire du CNT qui ne fait aucun cadeau à ces « étrangers » et à ces mercenaires, ils retournent tous chez eux. Au Tchad, au Niger, au Mali…
Au Mali, ils sont nombreux et même très nombreux. Pour l’instant, il est difficile de se prononcer sur leur nombre exact. Mais ce qui est sûr, ils dépassent le millier, selon nos estimations. Non seulement ils ont apporté avec eux des armes en quantité, mais aussi en qualité, d’après les sources sécuritaires maliennes.
C’est le fait justement qu’ils sont armés qui fait peur à plus d’un. A tel point que certains craignent le réveil des vieux démons du nord Mali : la rébellion. Or, c’est des gens qui se cherchent, en tous cas, pour l’instant. Nous pensons plutôt que le Mali fait face à une situation humanitaire très grave. Nos autorités doivent d’ailleurs lancer la sonnette d’alarme à l’aide internationale. Ce qui échappe aux uns et aux autres, même à l’Etat malien, c’est qu’il y a des civils parmi eux. Depuis le début de la rébellion en Libye, beaucoup de paisibles maliens travaillant en Libye ont été contraints de rentrer à la maison, avec généralement des mains vides.
Nos autorités doivent plutôt procéder au recensement de tous ces réfugiers (civils et militaires) et voir avec les organismes spécialisés des Nations Unies, notamment le HCR comment les insérer durablement dans la vie socio-économique.
Les ex-combattants de Kadhafi que nous appelons volontiers les réfugiers militaires ne peuvent rien aujourd’hui sur le plan militaire. Pour la simple raison qu’ils arrivent au Mali démunis et orphelins. Démunis, puisque c’est des fuyards. Ils ont laissé derrière eux biens et salaires du mois. Orphelins, parce qu’ils n’ont plus de parrain. Leur parrain, le controversé guide libyen Mouammar Kadhafi était justement leur bailleur de fond dans leurs différentes campagne contre l’armée régulière du Mali. Même Bahanga, après ses forfaits, allait se cacher chez Kadhafi. Aujourd’hui, ce parrain n’est plus !
Même si ces ex-combattants de Kadhafi ont l’intention de joindre les mouvements fictifs que sont le MNA (Mouvement National de l’Azawad)et le MNLA (Mouvement National pour la Libération de l’Azawad) qui revendiquent l’indépendance du nord Mali, qui va les financer ? Qui va supporter le coût de la guerre ?
Oui, ces gens là sont armés jusqu’aux dents comme on aime le dire. Mais seules les armes font-elle une guerre ? Certainement non !
Une guerre, c’est tout un dispositif tant sur le plan des armes que sur le plan surtout financier. D’ailleurs, nos compatriotes revenus de la Libye semblent bien le comprendre. Dans leur grande majorité, ils se sont mis à la disposition des autorités maliennes déclarant qu’ils sont venus en paix. « S’il s’agit de la guerre, nous avons quitté un pays qui est en guerre. Si nous cherchions la guerre, nous ne quitterions pas la Libye qui est en guerre » ; a laissé entendre un ex-officier de Kadhafi. Surtout, il ne faudrait pas leur taxer avec l’intention de faire la guerre pour la seule raison qu’ils détiennent des armes. C’est des militaires avant tout. En fuyant sans la moindre arme, ils se feraient arrêtés par les forces du CNT. Donc, c’est tout à fait normal qu’ils aient amené des armes avec eux. C’est à l’Etat malien de définir les conditions du désarmement de ces gens là.
Le MNA et le MNLA désavoués par les ex-combattants de Kadhafi!
De sources bien informées, les ex-combattants de Kadhafi d’origine malienne, aujourd’hui rentrés au pays ont majoritairement repoussé l’offre des mouvements indépendantistes. Pour rappel, ces mouvements indépendantistes, surtout le MNA font des tapages depuis une année. Menaçant Koulouba du déclanchement d’une nouvelle rébellion ces mouvements qui n’ont aucun ancrage au sein des populations du nord, ont voulu profiter du retour de leurs frères de la Libye pour se faire prendre au sérieux. Mais mal les a pris ! Puisque les ex-combattants de Kadhafi en connaisseurs de la guerre ont gentiment refusé l’offre. Car ne voyant aucune issue dans une telle aventure.
Baba OULD