Nord-Mali: trois républiques, un patrimoine : Le mur de la défense sécrète

0

Pourquoi donc ce mur ? L’explication peut paraître simple et tient dans ce constat d’enfer…depuis le commencement de la République, les rebellions sur ces terres couvent toujours à la fin d’un cycle. Tel un phœnix qui renaît de ses cendres…ATT et le Nord- Mali ? C’est encore l’histoire du projet d’un homme à l’épreuve du feu touareg. Et on va dire comme ça « Rien de ce qui est de la question du Nord ne saurait lui être étranger… ». Ceci, il est vrai, mais pas l’information. Il reviendra, cependant, à son successeur d’asseoir une réputation sur cette question du Nord  Mali qui déjà pré hante toutes les élections qui vont suivre.

Tout aujourd’hui, revient au président ATT, du décor de cette crise Libyenne qu’il n’a pu surfer et qui en glissant des zones rebelles d’alors aux zones gouvernementales, apparaît dans sa véritable continuité : celle d’un chantier ininterrompu… Quelle sera l’opérationnalité des allégeances qui été prise ? Tous ceux qui ont l’habitude de pratiquer le président ATT vous le diront. Tous ceux qui l’observent de près vous diront que les joues présidentielles sont creuses. Et que le président ATT ne peut même plus faire semblant quand les nouvelles lui arrivent du Nord et qui l’ennuient… Exemple : un vol de véhicules au Nord n’est pas perçu de la même manière qu’au Sud de ce pays. Il faut rester circonspect… C’est que la zone même devient objet d’un marketing politique et financier. L’année 2010 n’a pas été de tout repos. La sècheresse a fini d’assécher bien des espoirs. En glissant de fait d’objet de politique intérieure pour devenir celui de politique extérieure. Pourquoi ? C’est que les Nordistes comme les Sudistes (vivant respectivement au Nord- Mali et au Sud d’une ligne commençant par la région de Mopti) se feront la paix comme ils se feront cette guerre car chacun va chercher dès maintenant à jouer sur ses peurs… Le Général ATT, lui est à la fin d’un mandat d’élu. Peut- il continuer à poser en costume de Mars (le dieu de la guerre) pacificateur ? Il n’aura plus le choix bientôt, pensent certains, car le président ATT avancera sur ce dossier du Nord à pas feutrés. Et cela, même si ses propos ne traduiront plus ni la gravité ni un leadership fort… C’est ici qu’interviendra le « second couplage » celui d’un syndrome sécuritaire au Nord- Mali et qui va bousculer nos petites habitudes de campagne électorale. L’environnement politico- sécuritaire est de plus en plus pollué. Arpenteur de théâtres des conflits sur le continent, ATT se posait depuis les années 1992 en pionnier d’une greffe. Il cherchait à « coudre » des hommes à d’autres hommes que les vicissitudes de leur présent politique avaient séparés. Sa méthode, si elle avait obtenu des résultats, n’empêche les échecs autant que les rejets furent aussi précoces. Ce qui amena certains à gloser sur son compte en qualifiant sa technique opératoire… de « sommaire ». C’est à 58 ans, sans grande surprise, que le président ATT rempilât pour un second mandat. « Personnalité porteuse » il l’était déjà en 2002 mais il ne s’impliquera pas pour autant dans la crise ouverte en Côte d’Ivoire. C’est alors qu’une autre rébellion survient au Nord. Après de nombreuses négociations, un programme de développement pour le Nord était adopté. Avant tout cela, lorsqu’il prit pied dans les affaires du pays, le pacte social qui fut signé en 1992 avait tout d’un acte sacrificiel et l’affaire fut mal ficelée à Alger. La diplomatie malienne s’était montrée minimaliste dès le commencement de la IIIème  République. A tout prendre, l’armée s’était dotée en structures administratives adéquates et cohérentes de commandement. Une inspection générale des armées veillaient à l’observance de la doctrine d’emploi des forces armées. Elle contrôlait la capacité opérationnelle de la politique de défense militaire. Sur le commandement territorial, le chef d’Etat major des armées avait autorité direct sur les commandements des zones de défense et lorsque la défense opérationnelle du territoire est mise en œuvre par décret pris en Conseil des ministres. Le gouvernement va créer en Juillet 2009 le programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement des régions du Nord- Mali -PSPSDN- pour des solutions urgentes aux défis de la paix et de la sécurité ainsi que la reprise des actions de développement. Le 7 Février 2011, lors de la cérémonie des courses de chameaux au Nord, le président ATT disait « arrêtons de nous faire souffrir par notre indifférence du doute de passé ». C’est ainsi que depuis de longues années, nos insuffisances en matière de développement et de gouvernances ont été exploitées, disait- il, par des sources opportunistes et nuisibles. Une déstructuration de notre société pour imposer de nouvelles valeurs. Voici ce que le président ATT disait donc. Aujourd’hui les velléités protestataires reprennent et où chacun veut jouer sa partition. Et il faut dire que dans ce dossier les médias s’approprient l’image des évènements pour en restituer ce qui les intéresse. La présence militaire actuelle au Nord oblige au débat. Une insurrection, si elle a eu lieu, ne va-t-elle pas rechercher le camp de l’opportunité contre nos autorités ? Quels sont les cris de cœur à Kidal devant les « provocations » de l’AZAWAD ? Longtemps on cru au sésame salvateur du pacte social. Il y a eu depuis nombre d’avenants. Le gouvernement a eu à détricoter certaines mesures emblématiques prises. Quand ATT apparaît à la télé et qu’il parle du sujet, ses paroles sont bues, car elles deviennent rares. Koulouba étant un centre de cristallisation du mal être de ce dossier du Nord. Le président ATT ne s’exprimant désormais que pour respirer, étouffé par ce droit de réserve qui l’oblige au silence pendant que d’autres se répandent librement sur le même sujet. Ce qu’on ne nous dit pas c’est que les populations se réveillent sur la question du Nord. Il y a une majorité silencieuse qui s’intéresse sur les problèmes d’argent déversé à flux tendu sur le Nord. La question de l’audit se pose tant qu’il n’y aura pas d’édit… La rébellion des Iforas entrera t- elle en minorité ? ATT, pour oser une comparaison, est un chevau-léger. Il a une qualité conditionnant toutes les autres : le courage. Depuis son arrivée aux affaires, il est le président qui a su à ce jour imposer une véritable sémiologie du commandement. Sa conduite lui dicte la recherche de l’efficacité et d’une maîtrise du terrain. Il veut un maillage sécuritaire sur le terrain sans tambours ni trompètes, le contrôle des sources de ravitaillement, pas de navigation à vue mais une coordination sous régionale. Il y a des relations complexes entre toutes les populations vivantes là-bas dans un monde touareg où rien n’est figé. Les autorités nationales continueront à faire de la musculation en chambre. Et dans le jeu des alliances, chacun doit pouvoir jouer sa partition. L’Etat joue t-il donc tous ses atouts ? Le faible du public pour le plus fort. Voici ce qu’on conseillait à ATT de ne plus toucher à rien, de ne rien « emballer » dans cette nouvelle affaire du Nord pour ne pas ainsi dire casser de vaisselle. Le meilleur service qu’il pouvait rendre à ce pays durant le prochain semestre étant de ne plus s’agiter. Le président ATT pouvait- il à ce point se résoudre à ne plus apparaitre que comme un « contexte » en attendant qu’un nouveau locateur vienne à Koulouba. Ce manque de rigueur sera reproché. Dans ce qu’il est convenu d’appeler le scandale ou la plaie de nos III République, on a toujours vu monter devant la colline du pouvoir (Koulouba) le mur de la défense secrète… Au général ATT, nous dirons que s’il veut rester encore radical, il lui faudra gagner d’autres batailles.

Autrement dit ce défensif qu’il est doit devenir offensif. Du côté de l’animation des initiatives, les transmissions ont été souvent incertaines et même d’une carence  dans les mouvements combinés avec les autres capitales sous régionales. La paix sociale s’acquiert par les financements. On veut bien le croire, mais le Nord- Mali n’a-t-il pas bénéficié à ce jour de la clause de la région la plus favorisée (ex : la région de Kidal dans le cadre de la décentralisation). Il faut tout faire pour ne pas ‘’engraisser’’ encore les velléités indépendantistes dans cette partie du Mali. Il faut éviter « le tout ou rien ». Nous l’avons déjà dit : si la nation a aujourd’hui un problème, la nation n’est pas le problème. Le Mali reçoit en ce moment une pluie d’aides venues de l’extérieur. Longtemps nos capitales se sont écharpées au sujet de la chasse aux bandits d’Aqmi. Il est vrai que la question de la bande sahélo- saharienne est abordée aux prismes des enjeux extérieurs et intérieurs des populations vivant ici. Alger et Bamako pourraient être la pointe avancée d’un front diplomatique pour résoudre cette quadrature du cercle (en faite il faut le concours immédiat des 4 capitales concernées) de la zone « infestée ». Une vigilance des 4 côtés. Pourquoi d’autres capitales se contenteraient- elles d’un rôle de police sur le terrain en abandonnant tout autre rôle politique à Alger ? Chacun de ces 4 pays a une histoire ancienne avec les touaregs pour limiter son discours aux seules considérations militaro- sécuritaires. Ce choix leur sera dicté par trois effets : solidarité, efficacité et légitimité. Nous rentrons pour ainsi dire dans un jeu de piste décalé et dans lequel nos autorités devront plutôt se fier au flair (diplomatique) qu’à la raison.
S. KONE.                                                                       

Commentaires via Facebook :