Nord du Mali : La situation sécuritaire de mal en pis

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Nord du Mali : La situation sécuritaire de mal en pis
Une école au Nord du Mali

Conflits interethniques, enlèvements, attaques de bandits armés, attentats terroristes, tel est le quotidien des habitants du Nord du Mali, treize mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Pire, cette descente aux enfers intervient deux ans après le lancement de l’opération française Barkhane pour lutter contre le terrorisme et les crimes dans le Sahel dont le Mali et un mois après que la Minusma ait été dotée d’un mandat « robuste ».

Hamata Ag Oumalha, le vaillant capitaine de l’armée malienne qui a été accompagné avant-hier, le 2 août 2016, par les habitants de la ville sainte de Tombouctou à sa dernière demeure, a fait les frais de l’insécurité qui a profondément enraciné ses tentacules, aujourd’hui, dans les régions nord du Mali. Un jour avant, le 31 juillet 2016, quatre individus armés sur des motos ont froidement assassiné le capitaine à son domicile sis au quartier Hamabangou. L’acte odieux a été revendiqué par Aqmi hier 3 août 2016.

A 15 kilomètres de la ville de Kidal, le Gatia et le HCUA, deux groupes signataires de l’accord de paix, se sont à nouveau affrontés le samedi dernier, le 30 juillet 2016, pour le contrôle de la capitale de l’Adrar des Iforas. Plusieurs victimes sont à déplorer de part et d’autre. Des précédents conflits ont vu le Gatia quitter la ville au profit du HCUA malgré un arrangement signé entre les deux parties sous la médiation du Niger. La 10e session du Comité de suivi de l’accord tenue le lendemain de ces nouveaux affrontements, les 25 et 26 juillet, n’a pu trouver une solution à l’épineux problème qui divise les Imgad et les Ifoghas à Kidal.

Prévu pour être déployé dans toutes les régions du Nord du Mali, le Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) est confronté à un problème de financement. L’opération, en entendant, sera effective dans la seule région de Gao. Un bataillon de 600 hommes devrait commencer les patrouilles mixtes à partir du 15 août 2016 dans la région de Gao. Les groupes armés ont fustigé cet état de fait et accuse l’Etat malien d’« être incapable à mobiliser des ressources financières pour la sécurisation des régions de Tombouctou et de Kidal ».

Cela fait deux années, 1er aout 2014-1er aout 2016, que l’opération française Barkhane a été lancée pour sécuriser le Sahel dont le Mali. Le bilan du successeur de l’opération Serval qui  a stoppé, en 2013, l’avancée des jihadistes vers le sud du Mali, est mitigé, selon des observateurs de la crise malienne.

Le 29 juin 2016, le Conseil de sécurité de l’ONU renouvelait le mandat de la Minusma, la force onusienne au Mali. L’effectif de la mission est ainsi passé de 13.289 soldats (au lieu de 11.240) et 1.920 policiers (contre 1.440). La Minusma new look est autorisée, conformément au vœu du chef de la Minusma, Mahamat Salet Annadif, à « utiliser tous les moyens nécessaires pour accomplir son mandat, dans les limites et de ses capacités et dans ses zones de déploiement ». Elle est, aussi, autorisée  à «prendre activement des dispositions musclées pour contrer les attaques asymétriques dirigées contre des civils et empêcher le retour d’éléments armés dans ces zones ». Et les opérations directes sont permises en «cas de menaces graves et crédibles». Ces nouvelles mesures n’ont pas changé grand-chose sur le terrain.

 

Et 13 mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu des pourparlers d’Alger, le processus de paix n’a pas connu beaucoup d’avancées. L’installation des autorités intérimaires, prévue du 15 juillet au 25 août 2016, rencontre des difficultés. Une marche pacifique de la jeunesse de Gao contre ces autorités transitoires a été réprimée dans le sang, le mardi 12 juillet passé. Bilan : 3 morts et une quarantaine de blessés. En soutien à la jeunesse de Gao, les jeunes ont manifesté, le jeudi 14 juillet, à Bamako à Tombouctou puis Ségou. Leur installation à Kidal, prévue le 24 juillet dernier, n’a pas pu s’effectuer suite aux conflits entre les groupes armés de la ville.

Hier, le 3 août, le groupe terroriste malien Ansardine a publié des images de 5 soldats maliens qu’il aurait capturés lors de l’attaque du camp militaire de l’armée malienne, le lundi 19 juillet à Nampala. Au minimum 17 militaires maliens ont péri lors de ladite attaque. L’ensemble du territoire national est en proie à l’insécurité. Après la signature de l’accord, les attaques terroristes ont fait plus de 400 morts (civile et militaire) au Mali.

Madiassa Kaba Diakité

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