« Durant le troisième trimestre de 2017, la détérioration de la situation sécuritaire au Mali a eu un impact négatif sur la situation humanitaire déjà fragile. Compte tenu de la présence limitée de l’autorité de l’État et du manque de développement durable dans le Centre et le Nord du pays, les besoins humanitaires perdurent », a annoncé mercredi dernier l’UNHCR dans un communiqué.
L’organisation humanitaire souligne aussi que la présence d’engins explosifs visant les forces armées continue de menacer l’accès humanitaire des populations les plus vulnérables. Au total, 38 incidents de sécurité contre des organisations humanitaires ont eu lieu en l’espace des trois mois. Le mois d’août a enregistré à lui seul 18 incidents.
En effet, dans une nouvelle tendance, les humanitaires sont attaqués directement par des hommes armés en pleines agglomérations. Le 21 août, un véhicule d’une agence des Nations Unies circulant dans la ville de Tombouctou a été attaqué par des assaillants armés non identifiés, blessant deux membres du personnel des Nations Unies. Un total de 14 véhicules appartenant ou étant loués par des organismes humanitaires ont été volés durant la période de rapportage. À la vue de la recrudescence des actes de violence, certains organismes ont suspendu temporairement leurs activités dans les zones les plus à risque.
Par ailleurs, le document précise que les besoins budgétaires du plan de réponse humanitaire de 2017 qui prévoit une assistance pour 1,56 million de personnes, ont été réexaminés en août. Ceci, afin de refléter les besoins accrus liés à l’insécurité alimentaire pendant la période de soudure, passant ainsi de 293 millions de dollars à 304,7 millions de dollars. Cependant, au 31 septembre 2017, seulement 35% des fonds requis avaient été reçus. Les clusters ont également finalisé l’aperçu des besoins humanitaires pour 2018 et le Plan de réponse humanitaire pour l’année 2018 est quant à lui en cours d’élaboration.
Mouvements de populations
Selon l’organisation humanitaire, le troisième trimestre 2017 a été marqué par une augmentation du nombre de personnes déplacées internes suite à la dégradation de la situation sécuritaire dans les régions de Kidal et Ménaka.
Ainsi, au 30 septembre 2017, leur Commission Mouvement de Populations (CMP) comptabilisait 58.594 PDIs (11 013 ménages) et 498.170 personnes retournées contre 51.961 PDIs au 30 septembre 2017.
Par ailleurs, 6 633 nouveaux déplacements forcés ont été enregistrés dans les régions du Nord et du Centre suite à la recrudescence des conflits dans certaines localités. De plus, 61.089 anciens refugiés maliens rapatriés ont été comptabilisés, correspondant à une augmentation de 995 personnes par rapport aux 60.094 rapatriés rapportés au 30 juin 2017. L’UNHCR a également enregistré 142.386 réfugiés maliens dans les pays limitrophes.
Au plan de l’éducation, le communiqué souligne que dans les zones affectées par la crise sécuritaire, plusieurs écoles demeurent fermées. La priorité du cluster Education porte donc sur l’éducation en situation d’urgence pour les enfants en âge scolaire vivant dans les 66 communes directement affectées par la crise sécuritaire. Parmi les 4 872 écoles fondamentales situées dans ces communes affectées, 10 % étaient toujours fermées à la fin de l’année scolaire 2016-2017, soit 500 contre 296 en 2015/2016. La rentrée scolaire 2017/2018 est quant à elle prévue pour début octobre.
Sécurité alimentaire et nutrition
En référence au Cadre Harmonisé (CH) de mars 2017, l’insécurité alimentaire a touché à la mi-2017 plus de 20% de la population malienne, soit 3,8 millions de personnes en phase 2 et au-delà. Pour l’organisation, cela représente une nette hausse par rapport à 2016, avec plus de 600.000 personnes ayant un besoin urgent d’assistance alimentaire et agricole.
Au cours de ce troisième trimestre, les réponses alimentaires d’urgence aux besoins immédiats ont été conduites. Sur la base des données collectées par les partenaires, la réponse reste certes incomplète, mais proche de l’objectif initial, avec près de 90% de personnes atteintes pour deux indicateurs sur trois du cluster Sécurité alimentaire.
Au niveau de la nutrition, les nouvelles données publiées à travers l’enquête SMART 2017 indiquent que le taux de malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans a atteint des niveaux « critiques » dans les régions affectées par le conflit, alors que le taux national reste toujours très élevé.
La malnutrition aiguë chez les enfants à Tombouctou est passée à 15,7% et à Gao à 15,2% atteignant ainsi le niveau « sérieux » à « critique » selon l’échelle de classification de l’OMS. De sérieux niveaux de malnutrition aiguë ont également été enregistrés dans les régions de Kayes (14,2%) et de Taoudeni (14,3%), alors que le taux national est de 10,7%.
Adama DAO