Dans un communiqué daté du 6 Février 2011 dont copie est parvenue à nos confrères d’ANI en Mauritanie, le Mouvement Touareg Nord du Mali, porté par Ibrahim Ag Bahanga "regrette que les autorités de Bamako n’aient pas su profiter pour renouer le dialogue de la grande pause que le Mouvement lui a octroyée depuis plus de deux ans" et "menace de reprendre les hostilités militaires contre le pouvoir central de Bamako".
Voici le texte intégral de ce communiqué:
Le Mouvement Touareg Nord du Mali menace de reprendre les hostilités militaires contre le pouvoir central de Bamako.
Le président de la République du Mali vient célébrer à Kidal, les 7 et 8 février 2011, de nouvelles festivités du Cinquantenaire (de l’indépendance). Ce déplacement s’inscrit dans le cadre d’une manifestation organisée par le «Projet local de récupération des armes légères», en lien avec la Cellule nationale contre la prolifération des armes légères qui a son siège à la Présidence de la république (financée par l’ONU et certains partenaires européens). Depuis plusieurs mois, l’association locale récupère, en échange de compensations financières, dans les rues et même dans les casernes proches, des armes, afin de pouvoir les exposer devant les citoyens et les journalistes et d’allumer une «Flamme de la paix» le 8 février 2011 à Achantabaguite à 3 km à l’est de la ville de Kidal.
Nous informons la presse locale et internationale que le Mouvement Touareg porté par Ibrahim Ag Bahanga, de même que les cadres politiques du mouvement, ne sont pas concernés par ce «bricolage politique» qui aura lieu à Kidal les 7 et 8 février 2011.
Le Mouvement porté par Ibrahim Ag Bahanga regrette que les autorités de Bamako n’aient pas su profiter pour renouer le dialogue de la grande pause que le Mouvement lui a octroyée depuis plus de deux ans.
La bougie de la paix et de développement, tant attendue par les populations de la région, ne sera hélas pas allumée à Kidal. Ibrahim Ag Bahanga, chef du Mouvement, rappelle qu’en novembre 2010, des rencontres informelles ont eu lieu en Libye avec des émissaires de Bamako et qu’un document politique leur a été remis. Le Mouvement y proposait des pistes de sortie de crise concernant entre autres les aspects de sécurité et de développement. Des promesses de reprise du dialogue avaient alors été échangées. Mais aucune réponse à ces propositions ni aux promesses de dialogue n’a été donnée à ce jour par Bamako.
Au contraire, le président organise une énième cérémonie folklorique sous forme de «Flamme de la paix» sans tenir compte du Mouvement. Une forme de provocation.
La Communauté internationale et les pays de la Région peuvent traduire sans se tromper que le pouvoir de Bamako se désintéresse de la problématique touareg. Pourtant une partie importante des combattants Touareg avaient déposé les armes en mars 2007 et en février 2009 dans l’esprit de l’Accord de juillet 2006 dont aucun point essentiel n’est encore appliqué. Ces combattants sont toujours dans l’attente des engagements pris. Et le gouvernement malien a profité de ce désarmement d’une partie importante des Touareg, pour laisser toutes les chances à son partenaire-AQMI d’occuper l’espace Touareg et de s’y enraciner.
Cette politique de l’Etat malien fait tout simplement la promotion de l’Aqmi dans la Région et lui a permis de s’étendre et de se servir du territoire malien pour mener des actions dans les pays limitrophes. Le Mouvement Touareg pourrait être amené dans un proche avenir dans le cadre de la réciprocité de créer et de mettre en oeuvre dans certaines régions du sud du pays une politique identique à celle que le Mali a créée dans le Nord avec Aqmi.
C’est pourquoi Ibrahim Ag Bahanga met en garde les autorités centrales maliennes. Si elles ne reconsidèrent pas dans les prochaines semaines les engagements pris et les promesses de dialogue données en novembre, la situation pourrait rapidement se dégrader dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal.
Ibrahim Ag Bahanga et les cadres du mouvement mènent depuis plusieurs mois dans certaines zones des régions du Nord malien une réorganisation de la structure militaire du mouvement pour faire face au silence pernicieux du pouvoir central de Bamako.
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Hama Ag Sid’Ahmed
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