Nord-Mali : Le retour fracassant des milices armées

2
Des membres d'une milice d'auto-défense appelée le Front de Libération du Nord (FLN). © AFP (photo archives)
Des membres d’une milice d’auto-défense appelée le Front de Libération du Nord (FLN). © AFP (photo archives)

 Face à la double menace islamiste et sécessionniste au septentrion malien, la faiblesse de l’Etat l’avait conduit en son temps à des milices armées confier des pans entiers de l’arsenal défensif national. Ces milices communautaires ont finalement déçu les attentes par un effet boumerang contre l’armée et la population, mais elles effectuent quand même un retour fracassant sur la scène.

 

Les milices armées s’imposeraient-t-elles aux hautes autorités maliennes comme un recours incontournable dans la préservation de l’intégrité territoriale ? La question mérite d’être posée tant leur soudaine réapparition agace la population des centres urbaines du septentrion.

 

 

Celle-ci a, au demeurant, sans fioriture, exprimé les inquiétudes qu’elles en éprouvent, à la faveur du récent forum de réconciliation à Tombouctou. Ledit conclave a donné l’occasion aux parties prenantes, toutes tendances confondues, d’interpeler les hautes autorités sur la menace que font peser sur la quiétude la détention d’armes par certaines communautés triées sur le volet. Et pour cause, les milices sont prises pour responsables des séquestrations, dont elles ont été les victimes et, par-delà, de la débâcle de l’armée malienne.

 

 

Au moment même où, la pauvre population s’égosillait à son sujet, les milices  armées avaient pignon sur rue dans les régions contrôlées par l’administration, au grand dam de l’armée malienne qui leur dispute âprement le terrain et les positions. Il est même arrivé, selon certaines indiscrétions, que des colonnes armées jusqu’aux dents aient été arrêtées et aussitôt relâchées sur ordre de la hiérarchie, devant le regard impuissant des moins gradés. La scène s’est produite, il y a deux semaines, dans les environs de Tombouctou. Après avoir mis la main sur une colonne et son puissant arsenal de combat -qu’ils devaient conduire devant qui de droit- les patrouilleurs de l’armée ont été finalement rabroués par un ordre parachuté de plus haut pour les enjoindre de libérer illico presto leur prise, au motif que lesdits suspects aident à traquer les séparatistes du Mnla et leurs complices.

 

 

Très peu convaincants comme explication, cet argument  de la hiérarchie fait encore murmurer dans les rangs démoralisés et terrifiés par ce brusque retour aux mêmes pratiques ayant engendré la déroute des forces armées sous ATT.

 

 

Ce n’est pas qu’à Tombouctou où la pratique refait surface à travers la célèbre milice armée de la communauté arabe. En 7e région également, les récents événements dramatiques à Tamkoutat ont mis à nu la persistance du phénomène, avec l’arrestation et l’exécution, probablement une bavure de l’armée malienne, de colonnes touareg munis d’un arsenal illégalement détenu. Lesdites victimes appartenaient à la tribu Imghad, dont les composantes sont souvent utilisées par le général Elhaj Gamou pour traquer les groupes jihadistes et les combattants séparatistes.

 

Tapis dans la stratégique de l’armée régulière, ses groupes armés justifient à leur tour  l’émergence de milices d’autodéfense affiliés aux communautés qui s’estiment menacés par la proximité et la cohabitation avec un danger entretenu par l’Etat. C’est le cas des combattants songhaï et peul qui expliquent le recours aux arsenaux illégaux par les humiliations récemment infligés à leurs communautés respectives, faute de système d’autodéfense.

 

A K

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

  1. Au même moment où se tiennent ces assises locales de la CVJR dans la région de Tombouctou, voici une situation de « voile déchiré » entre les communautés arabes et touarègues et même une situation de belligérance générale du genre « guerre larvée interethnique » occasionnée par des bandits armés arabes.

    Guerre déclarée des milices arabes tormozes et bérabiches aux touaregs du pourtour du Faguibine, cercle de Goundam, région de Tombouctou.

    En Mai 2013, les milices arabes tormozes et bérabiches, des narcotrafiquants « seconds couteaux » en sevrage des retombées financières de la filière saharienne narcotrafique démantelée par l’opération Serval à In-Khalil et Borj-Moktar, du côté de Tessalit, se sont recyclées en bandits armés de grands chemins dans la région de Tombouctou.

    Ces déprédateurs écument les pourtours du Faguibine, le triangle Ber-Tombouctou-Araouane en coupant les routes, rançonnant les populations, arrachant des véhicules et tuant des gens, vandalisant et spoliant particulièrement les forains de Ber, Téherdjé dans le cercle de Tombouctou, Lerneb, Edjar et Zouéra dans le cercle de Goundam sans aucune réaction de Serval, MINUSMA et l’armée malienne, toutes forces militaires bien présentes sur le terrain et bien informées de cette situation calamiteuse.

    Le bilan des déprédations des miliciens arabes relevant du Colonel Ould Méidou officiellement constitués avec la bénédiction d’ATT suite aux élections locales et régionales de 2009, comme celle des Imghads Du Colonel Gamou et celles des Sonraïs (Gandakoy et Izo) est jugé désastreux tel que rien ne peut plus bouger dans la région sous la coupe réglée de ces milices arabes en passe de contrôler toute le Nord-Ouest de la région de Tombouctou ; « la preuve par neuf » étant le contrôle politique du cercle de Goundam par les maures tormozes qui ont fait élire, par fraude et terrorisme, leur « fils » Zedbih Ould Sidi-Mohamed Ould M’Mey en qualité de député de Goundam où tous les maliens savent que les votes sont « ethnico-communautaristes » et qu’à ce titre le grand bloc sonraïs-bellas-peulhs est majoritaire (les 2/3 de la population), les touaregs venant en second (le gros du tiers restant) et les maures, essentiellement des Tormozes (la portion congrue du tiers restant, en terme de participation aux votes des nomades transhumants dans l’Aklé-Azawad !).

    Vers le contrôle militaire, politique et économique de la région de Tombouctou par les maures tormozes et bérabiches.

    Actuellement, nous assistons à « une main basse » des cadres et militaires arabes sur les postes militaires et administratifs – grâce à l’oligarchie et aux nomenklaturas politiques arabes qui ont infiltré le pouvoir politique du RPM – dans tous les secteurs de la région de Tombouctou. Ainsi, les préfets et sous-préfets, les chefs de services locaux et régionaux, les commandants des brigades de gendarmerie, les chefs des compagnies des gardes républicains et les chefs des garnisons militaires, de Léré à Tombouctou, en passant par Niafunké, sont des arabes, notamment de la communauté Tormoze et alliés.

    Ces thuriféraires du nouveau pouvoir « arabe » en 6ième région ont un agenda non caché, outre de faire élire un maximum de maires arabes aux prochaines élections communales, de faire converger l’administration publique et les forces militaires de l’actuelle région de Tombouctou vers le nouveau concept de domination hégémonique arabe sur la région saharienne dite de Taoudéni créée par ATT pour les arabes sahariens qui auront alors la suprématie sur les touaregs qui ont « gouverné » politiquement cette zone depuis le 16ième siècle sous le contrôle bienveillant des « maitres » de l’époque, respectivement les Songhoïs de Gao, les Marocains, les Peulhs du Macina et … les Français ; on va assurément vers la gouvernance arabe de la région Aklé-Azawad de Tombouctou comme la gouvernance Ifoghas de l’Adagh de Kidal !

  2. Faites attention a vos illustrations! la photo que vous produisez n'a aucun rapport ni avec le groupe armé en question, ni avec le lieu et donne une fausse interprétation.

Comments are closed.