Chaque jour que Dieu fait, les crimes les plus crapuleux augmentent de nombre au Nord du Mali. Et le régime actuel est malheureusement impuissant face à ce règne de l’impunité.
Le constat est aberrant ! L’impunité est générale dans la partie septentrionale du Mali où les crimes les plus graves (meurtres, viols, amputations, mariages forcés) sont commis. Les gros de ceux qui ont commis ces crimes les plus odieux sont libres.
En 2012, le nord est tombé sous le joug d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et d’Ansar Eddine, qui y instaurent un « tribunal ». Et c’était bonjour les crimes les plus odieux. Des mois durant, la ville fut donc aux premières loges du « spectacle » imposé chaque jour par ces policiers d’un nouveau genre, et assista au ballet incessant de ces barbus armés de kalachnikovs arrêtant quiconque contrevenait à leur loi : amateurs de musique, porteurs de vêtements impies, femmes à la tête ou aux bras nus…
Dans ce commissariat improvisé, les hommes interpellés étaient gardés dans une salle du premier étage, et les femmes dans le local du guichet automatique, une pièce exiguë et surchauffée. « J’avais la rage au ventre quand je voyais dans quelles conditions elles étaient entassées », nous confie sous anonymat une commerçante de Tombouctou. Mais pour cette commerçante, le plus grave ne s’est pas passé là, sous ses yeux. « Certaines de ces femmes ont ensuite été amenées ailleurs et ont été violées. D’autres ont été mariées de force. On n’en parle pas ici, parce que c’est tabou, mais c’est une réalité ».
Force est de connaitre qu’au Mali, un procès pour les crimes commis en 2012 dans le Nord est aujourd’hui illusoire. On n’en parlera pas et c’est un silence de carpe au niveau des autorités. On n’est pas près d’en parler à Bamako non plus : au Mali, un procès pour les crimes commis en 2012 dans le Nord est aujourd’hui illusoire. « Toutes les procédures sont au point mort », déplore Me Moctar Mariko, le président de l’Association malienne des droits de l’Homme.
Une volonté politique affichée par les autorités
Beaucoup de plaintes ont été déposées devant la justice malienne. Mais en l’absence de moyens et surtout de volonté politique, le tout dans un contexte défavorable (la sécurité des magistrats n’est toujours pas assurée dans le Nord), les investigations piétinent. Les plaintes contre les présumés auteurs émanent de 80 victimes de violences sexuelles subies à Gao et Tombouctou. Mais elles ne sont pas près d’aboutir. « Les juges en charge de l’instruction sont à côté de la plaque », constate un avocat de renom.
En tout cas, face à l’impuissance de l’Etat les victimes des crimes commis au nord du Mali par les groupes armés rebelles, les groupes jihadistes et des exactions des forces armées maliennes n’ont pas connu d’évolution notable. Pour preuve, en 2013 les autorités maliennes ont libéré 220 personnes arrêtées en relation avec le conflit au Nord. Selon les organisations de droits de l’homme, au moins 46 des personnes libérées seraient des auteurs présumés de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre ou d’autres graves violations des droits humains. Et dire que nous sommes dans un pays de droit de homme ? Que c’est vraiment dommage !
Agmour