Nord – Mali :L’insécurité gagne du terrain… Des familles se déplacent vers le sud… Et le nationalisme s’installe

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Pour les Maliens, le retour de l’insécurité au nord du pays est comme un vieux cauchemar. Le sentiment nationaliste s’exacerbe d’autant plus que les appétits étrangers pour le pétrole et d’autres richesses minières dont regorge cette région seraient, dit-on, au cœur de ces soubresauts.

Avec la marche de la population à Kidal pour la cause de l’Azawad,  et les revendications voilées des ex combattants pro-Kadhafi aux autorités de Bamako, l’insécurité qui a repris au Nord du pays prend des proportions dramatiques. Depuis le retour des ex combattants de la Libye, les régions du nord sont sur le qui-vive, car il ne se passe pratiquement pas de jour sans attaques d’objectifs stratégiques, des bruts de bottes et une insécurité totale sur les axes routiers, interception de véhicules, … Le dernier né est le mouvement national de l’Azawad (MNA) qui  revendique plus de justice et une meilleure allocation des ressources minières pour la région et surtout l’indépendance du septentrion.                        

Hier, on s’entretuait à la kalachnikov et au fusil de chasse ; aujourd’hui, on est  passé aux obus, mortiers et aux mines antichars et antipersonnel ! Des violences qui font craindre à certains observateurs que le problème touareg embrase une large zone du Sahara, à cheval sur le Mali, la Mauritanie, le Niger, l’Algérie, le Tchad et la Libye. Au Mali, les habitants, essentiellement nomades, qui se remettaient à peine des différentes rébellions armée des années 2006-2007, subissent de plein fouet les premiers effets du retour de l’insécurité. Selon nos sources des familles entières sont en ce moment en déplacement vers des localités plus au sud pour leur sécurité, où les vivres commencent à manquer. Les maraîchers se plaignent de ne plus pouvoir cultiver en paix en raison de la prolifération des voyous et des hommes en armes

 

La paix brisée

 

Bref, les Maliens  assistent à un mauvais remake des années de braise qu’ils croyaient définitivement derrière eux depuis les Accords de paix d’Alger  en 2007. Bamako et les représentants de l’ex-rébellion touareg avaient alors enterré la hache de guerre. Ce qui a même valu, à son temps, un « paradis cinq étoiles » à feu Bahanga au frais de l’Etat malien à Bamako. Les récentes attaques ces jours-ci dans la région et le retour massif des ex combattants de la Libye avec des revendications non élucidées,  remettent en cause un processus de paix, laborieusement acquis, qui avait été appuyé par divers partenaires étrangers. Était prévue, entre autres, l’intégration des ex-combattants au sein des forces de défense et de sécurité.         

 

Pour l’actuel gouvernement du président  ATT, qui n’a jamais admis l’existence au Nord Mali d’une rébellion armée et parle plutôt de «bandes armées» voire de «trafiquants de drogue», et pas question de négocier, a fini par négocier.  Cette situation de ni paix, ni guerre depuis longtemps, a conféré des pouvoirs exceptionnels au gouvernement et à l’armée. Ce qui a toujours  inquièté la bande à Bahanga qui avait violé les accords d’Alger pour se retrouver dans le maquis en Libye. Face à cette énième tentative de déstabilisation du nord, l’on assiste déjà à une montée  du sentiment nationaliste notamment chez des  jeunes  de moins de 25 ans saoulés par le chômage d’autant que cette nouvelle crise touareg a de forts relents de pétrole et de richesse, qui aiguisent des appétits étrangers. Les observateurs notent que les premières violences ont coïncidé avec les remous autour de la découverte d’immenses gisements de pétrole dans la région.

 

Une rébellion sous influence

Le MNA réclame, lui, plus d’équité dans la redistribution des profits miniers au profit de la région, oubliant du coup que l’extraction n’a pas encore commencé et que nous sommes à la phase théorique des choses. Une revendication que la plupart des maliens juges infondés estimant que l’État a déjà fait la part trop belle aux ex-rebelles. Un responsable d’un  ministère de l’agriculture, qui ne tient pas à être nommé, partage ce sentiment. A rebours des clichés sur l’exclusion de la région, il démontre, avec des statistiques à l’appui, que la partie septentrionale du pays, n’est pas la plus mal lotie. «A toutes les minorités, tous leurs droits, rien de plus ! Au Mali, tout le monde est fouetté par le même fouet de la pauvreté…» Pour la population, derrière ces attaques  et du soulèvement de la population pour réclamer l’indépendance du nord se trouve la main invisible des Occidentaux, surtout les gendarmes du monde du moment que sont la France et les Etats-Unis d’Amérique qui guigne les richesses de la région, gorgée de brut. Mais  s’il devait avoir une nouvelle crise, elle représentera encore que des inconvénients pour le régime malien. Le réveil d’un puissant sentiment nationaliste offre une bouée de sauvetage au gouvernement malien, en détournant l’attention des citoyens des diverses affaires de corruption et scandales qui ont entaché les deux mandats du président ATT. Et il fera mieux d’agir pour sauver ce qui pourrait être encore sauvé, sinon bonjour les dégâts !

Paul N’guessan

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