Nord- Mali :L’impatience gagne les Maliens venus de la libye

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Tout d’abord à César ce qui appartient à César. Depuis le début de la crise libyenne, les communautés du Nord du Mali, toutes confondues, se sont données, corps et âme, pour accueillir, héberger et nourrir les leurs tant qu’ils avaient les moyens. Jusqu’aujourd’hui, certains cadres sont toujours aux côtés de nos compatriotes pour leur apporter un soutien moral. Car, celui-ci et un avenir certain, les Maliens venus de Libye en ont besoin. Tant rester cantonner dans un endroit, pour des militaires qui étaient en mouvement permanent, est dur.

C’est justement dans ce domaine que le bas blesse dans la politique du Mali. Le plus grand réconfort  que les ex-combattants peuvent avoir est leur réinsertion dans la vie active. «Nous n’avons pas demandé grande chose. Dès notre arrivée, nous avions été clairs : nous voulions tout simplement que le Mali nous accueillie et nous donne la possibilité de faire valoir nos capacités intellectuelles et physiques», nous confiait, il y a peu encore, un ex-combattant (informaticien de formation) venu de Libye.

Mais, voilà que depuis plusieurs semaines, les actions posées par le Mali se résument à la visite éclaire des membres du gouvernement à Taghalout (Kidal), à Tombouctou, la remise de 50 millions de FCFA  et 70 tonnes de vivres, la réception du don de l’Algérie par les mêmes membres du gouvernement que les populations de Gao ont vite fait d’appeler «la Libyan connection». Ajoutées à ceci, les multiples missions de bons offices, revenue bredouilles, car la donne commence à considérablement changé : les ex-combattants de la Libye sont constamment approchés par les sécessionnistes du MNLA avec des propositions alléchantes. Dans un de nos précédents articles sur le sujet, nous indiquions que les autorités du Mali devaient presser le pas dans le processus de réinsertion de nos compatriotes venus de Libye. Sinon, ajoutions-nous, ils mettront leurs compétences au service d’autres forces, nuisibles à notre pays. C’est ce qui est en passe d’arriver. Ce qu’il faut aussi savoir, c’est que nos compatriotes venus de Libye ont en leur sein des cadres dans tous les domaines. En plus, ils détiennent un important arsenal et d’importantes sommes d’argent. «Ce n’est pas les quelques biscuits algériens et le symbolique geste d’ATT que nous saluons, du reste, qui a fait oublier aux nôtres qu’ils aspirent à  un avenir garanti» nous a confié un Colonel de l’armée malienne.   
 
«Il faut faire vite et être concret»
A Taghalout, comme à Zakak les «Homes» commencent à s’impatienter. Cela est visible aussi bien dans les lieux de cantonnement que par exemple dans les rues de Kidal, où l’on rencontre  les Maliens venus de Libye. Certains se demandent déjà si «le Mali ne veut pas faire comme d’habitude. C’est-à-dire nous prendre ce qu’on a amené, nous tromper avec de belles paroles et nous laisser bredouilles». Dans un entretien téléphonique que nous avons eu le samedi dernier, un cadre, qui se trouve actuellement à Kidal, nous a clairement fait savoir que «si les autorités du Mali ne se pressent pas et s’il n’y a pas des propositions concrètes, tous nos compatriotes cantonnés risquent d’aller dans le camp de nos ennemis». Ce dernier d’ajouter que «chaque fois, on envoie les mêmes personnes qui disent la même chose, des paroles sans fondement, bref du déjà entendu. Il faut arrêter de faire miroiter aux gens des choses invisibles et impossibles. Il faut être précis et concret dans les propositions».   

Pour le moment, les cadres des différentes communautés du Nord continuent à apaiser la situation. Mais jusqu’à quand ? Unanimement, plusieurs d’entre eux nous ont confié être d’accords pour la réinsertion des leurs dans l’armée, pour ceux qui sont militaires et les civils dans les autres secteurs. Apparemment, le gouvernement ne l’entend pas encore de cette oreille. Espérons qu’ATT, qui se rendra dans la 7ème région, sous peu, prêtera une oreille attentive aux différentes doléances afin d’y apporter une solution durable.

Au Niger voisin, le dossier a été géré avec beaucoup de pragmatisme. Pourquoi pas au Mali ?
A suivre
Paul Mben
           

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