La partie septentrionale du Mali présente aujourd’hui un spectacle de désolation. Enlèvement de personnes, explosion de mines, attaques à mains armées, assassinats et accrochages entre récalcitrants et forces régulières s’y multiplient. Les différents pouvoirs du pays ont connu la rébellion et chaque régime l’a géré à sa manière. Mais, que se cache derrière cette rébellion à répétition ?
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En réalité, tout est partie d’une question d’autonomie. En effet, les populations touarègues qui pensaient ne pas ne se retrouver dans la nation malienne ont voulu au départ une certaine autonomie vis-à-vis du Mali. Ce que les autorités de l’époque, des patriotes convaincus, ne pouvaient accepter. La rébellion a été matée jusque dans les années 1990 au point que la question avait été classée dans le placard des oubliettes.
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Mais, à cause de la sécheresse, beaucoup de jeunes Touaregs se sont retrouvés en Libye. Là-bas, ils ont été enrôlés dans l’armée et ont été faire le coup de feu sur plusieurs champs de combats. De retour au pays, ils ont revendiqué, militairement, que les régions nord du pays, soient prises en compte dans les politiques nationales de développement. Selon eux, les régions nord étaient des laissés pour compte des différents régimes. Ce qui expliquait le fait qu’elles soient à la traîne par rapport à celles du Sud. Avec la signature du Pacte national en 1992, cette préoccupation a été prise en compte.
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Contre toute attente, c’est le 23 mai 2006 que les Ibrahim Ag Bahanga et Hassan Fagaga se sont signalés en attaquant les camps militaires de Ménaka et de Kidal sous prétexte que l’Etat n’avait pas tenu toutes ses promesses. Mais, dans cette affaire, il y avait un dessous politico-diplomatique. En effet, l’implantation du consulat libyen à Kidal n’était pas bien vue du côté de l’Algérie qui est farouchement opposée à la Libye au sein de l’Union du Maghreb arabe (Uma).
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Les Algériens avaient interprété l’ouverture du consulat comme une connivence entre notre pays et la Libye afin de permettre à cette dernière d’installer un poste de surveillance de l’Algérie à partir du Mali. Ce qui a fait dire à beaucoup d’observateurs que les attaques du 23 mai ont été planifiées et orchestrées par l’Algérie. Là aussi, une solution a été trouvée au problème avec la signature des Accords d’Alger le 4 juillet 2006 sous le parrainage de l’Algérie.
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Officiellement, apprend-on, sur les 18 points contenus dans le protocole d’accord, seul un n’a pas encore connu un début d’exécution. L’on ne comprend pas alors qu’Ibrahim Ag Bahanga ait repris les armes sous prétexte qu’il n’est pas entièrement satisfait des dits accords.
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La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est relative à la constitution des unités spéciales prévues par les Accords d’Alger. Qu’il s’agisse de Bahanga ou d’Hassane Fagaga, chacun revendique des zones qu’ils veulent contrôler. Ils s’attendaient donc à ce qu’on leur confiât le commandement de certaines unités spéciales car avec la constitution de celles-ci, ils vont perdre leurs zones d’influence. N’ayant pas eu gain de cause, ils ont alors repris les armes en mai puis en août derniers.
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La question qui taraude les esprits, c’est : pourquoi tiennent-ils tant à contrôler les zones frontalières du Mali avec le Niger et l’Algérie ? Tout simplement parce qu’il est prouvé que ces zones sont de carrefours importants dans le trafic international des armes et de la drogue entre le Moyen-orient, le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. Nul doute que c’est ce trafic qui profite à Bahanga et à ses ouailles. Raison pour laquelle ils ne veulent pas perdre la dite zone.
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Mohamed Daou
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