Nord-Mali : Kidial, l’incontrôlable

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Un soldat malien en patrouille sur une route entre Gao et Kidal, le 26 juillet 2013. AFP
Un soldat malien en patrouille sur une route entre Gao et Kidal, le 26 juillet 2013.
AFP

Encore et toujours Kidal, ne peut-on s’empêcher de dire après l’attentat qui s’y est produit samedi 14 décembre dernier : un véhicule bourré d’explosifs  a foncé tôt le matin  sur la Banque malienne de solidarité, gardée par des soldats maliens  et d’autres Africains de la force onusienne au Mali ; comme bilan humain, il y a  eu sur le coup deux militaires sénégalais tués, trois autres casques bleus et deux militaires maliens grièvement atteints, tous évacués à Gao, la plus grande ville du nord du Mali, située à 300 km au sud de Kidal .

 

 

Et dire que les Maliens retournaient hier aux urnes à l’occasion du second tour des législatives censées parachever la fin de la transition de 19 mois après le coup d’Etat du  22 mars 2012 qui avait précipité le Mali dans le chaos. C’est  à croire que, la situation sécuritaire au Nord- Mali, particulièrement à Kidal est la parfaite illustration de la formule : “Un pas en avant, deux pas en arrière”, titre d’un ouvrage de Lénine : ainsi, avant la restitution du gouvernorat et de l’ORTM de Kidal, aux autorités par le MNLA  honorant  sa promesse du 14 novembre 2013, mais,  le jeudi 28 novembre 2013, il empêche le Premier ministre, Oumaro Tatam Ly, de quitter l’aéroport de Kidal. Sans oublier l’enlèvement, puis le crapuleux assassinat, le 2 novembre, de deux de nos confrères de RFI et l’attentat suicide, le 25 septembre, contre un camp de l’armée à Tombouctou qui avait fait deux morts. Comme par hasard, l’attentat de Kidal samedi 14 décembre s’est produit au moment où l’armée française réalise dans cette ville depuis plusieurs jours une grande opération antijihadiste au nord de cette localité, la plus grosse jusque-là avec au moins 20 hélicoptère et des véhicules au sol contre Aqmi. D’ailleurs, l’assassinat des journalistes n’a pas toujours été éclairci.

 

 

C’est dire que, si les groupes djihadistes liés à Al-Qaïda (Le Fondement, la Base) ont été affaiblis par l’intervention militaire internationale lancée par Paris en janvier et toujours en cours, ils restent actifs et le problème sécuritaire tout entier. Quand est-ce que, diantre,  va enfin être tranché le nœud  gordien Kidal, ce cailloux dans la chaussure d’IBK, ou plutôt cette épine à son pied ?  Autrement dit quand est-ce que le MNLA désarmera enfin pour que Kidal cesse d’être une enclave touareg dans le Mali ? D’ici là, après 100 jours sur la colline (1) du pouvoir,  voilà IBK de plus belle dans son travail de Sisyphe.

 

 

Comme on pouvait s’y attendre, l’attaque du 14 décembre contre les casques bleus a été revendiquée par un islamiste, le Malien Sultan Ould Badi, au nom de tous les jihadistes du Nord-Mali, lui qui a été, dit-on, à l’origine d’un attentat similaire ayant  coûté la vie à deux soldats tchadiens fin octobre à Tessalit. On peut donc parler de recrudescence. “C’est l’un des plus forts attentats que j’ai connus”,en a dit Asssilakane ag Interewit qui habite à un kilomètre du lieu de l’exposition.

 

 

Il y a de quoi, car, à ce qu’on dit, la déflagration a emporté la façade de la banque, les murs de plusieurs bâtiments y attenant comme l’école fondamentale, fait trembler des maisons et des édifices à plusieurs centaines de mètres à la ronde et soufflé portes et fenêtres dans un rayon de plus de 500 mètres ; heureusement  que cette seule banque de la ville était encore fermée et les citoyens pas encore tous dans les rues vers 6 h 50.

 

Ahl-Assane Rouamba  / 

Source: lobservateur.bf – 16 Décembre 2013

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1 commentaire

  1. Kidal: le chaudron voulu!

    Enlèvement et meurtre de deux journalistes français venus interviewer un responsable du Mnla, manifestants manipulés par le Mnla pour empêcher la visite du premier ministre malien à Kidal, attentat à la voiture piégée à la Banque Malienne de la Solidarité de Kidal faisant deux morts parmi les soldats du contingent sénégalais de la Minusma, etc.

    La facilité avec laquelle, la ville de Kidal sombre dans la violence sous les yeux des soldats français de Serval et des Ban Ki Moon boys, sans oublier les quelques 200 soldats maliens scandaleusement cantonnés et sous équipés dans une ville où les rebelles armés du Mnla et les terroristes d’Aqmi ont pignon sur rue, est très révoltante.

    D’abord les islamistes chassés de la ville, par Serval, le Mnla qui était défait militairement par 4 fois par le Mujao (Gao, Ansongo, Menaka et El Khalil), renaît subitement et curieusement de ses cendres burkinabé et mauritanien pour envahir Kidal sans combattre une seule mouche dans l’Adrar.

    Puis, le Tchad et ses soldats d’exception qui commençaient à apprendre beaucoup de ses fantassins de la rébellion et du banditisme armé du Mnla, sont curieusement révélés de la ville et transférés vers Tessalit ou plutôt permutés avec les français qui étaient montés à Amachach (le fameux camp de Tessalit).

    La Minusma reprend donc le ballon chaud de Kidal, en air avec les soldats français de Serval, dans une clémence royale avec les rebelles armés du Mnla qui paradent avec drapeaux fantaisistes et squattent les bâtiments officiels à satiété avant de les livrer à contre cœur.

    Ensuite la Minusma fait monter des soldats n’ayant aucune expérience du désert en occurrence les soldats sénégalais, planqués devant une banque dans une ville où ils ne peuvent ni fouiller les maisons, ni contrôler les incessantes entrées et sorties des malfrats de tout acabit.

    Donc la “minuscule” sécuritaire qu’est devenue la Minusma à Kidal, joue à la méthode Cauet, en croyant assurer la sécurité dans une ville sans se préoccuper des fauteurs de troubles et des poseurs de bombes.

    À ce jeu elle se trompe elle même en croyant tromper le Mali au nom d’un dialogue politique tiré par le cheveu avec le diable et porté en étendard par Ban Ki Moon en personne.

    L’ONU chercherait-elle un prix Nobel de la paix en dansant cette douce musique française à Kidal?

    IBK proteste à Paris, Strasbourg, Bruxelles et Berlin, mais oublie gentiment d’envoyer des hommes à Kidal.

    Or il sait pertinemment que sans confrontation directe il réussirait difficilement une inflexion de la politique touareg française à Kidal.

    Il faut que les dirigeants africains apprennent à être avec la France et en même lui dire non quand elle se trompe.

    Le Non à l’Elysée, au palais du Luxembourg et à Strasbourg doit s’accompagner simultanément de mouvement de troupes sur Kidal.

    Ce n’est que de cette façon et cette seule, que les terroristes phagocytés par le Mnla et dorlotés de gauche à droite on ne sait pour quels desseins, comprendront qu’il y a désormais un État au Mali et que le laisser-aller des temps Alpha Oumar Konaré et ATT est révolu.

    Sans ce courage politique et cette fermeté militaire et même si l’ONU parvient avec les chinois, les hollandais et les autres nations à avoir ses 12000 hommes de la “minuscule”, nous serions toujours là, à compter inutilement les dépouilles des casques bleues en provenance du chaudron de Kidal.

    Dormez en paix frères Djambars du Sénégal, vous êtes dans nos cœurs pour l’éternité!

    Nagadeff Dakar!

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