Nord-Mali : De la lecture de l’ONU et de sa faiblesse sur le dossier malien

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Il faut désormais se le tenir pour dit : l’intervention militaire au Nord du Mali est plus que jamais renvoyée aux calendes grecques au grand dam de mille et un maliens fichtrement déçus dans leur attente, dégoutés des déclarations à grand fracas qui n’en finissent pas de s’accrocher aux conséquences d’une intervention militaire au plan humanitaire mais, idiotie suprême, qui refuse de voir le problème sous tous ces aspects. En clair, l’annonce dans laquelle Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU, évoque les graves conséquences humanitaires qu’occasionnera une intervention, n’est rien de moins, pour ne pas dire autre chose que les ingrédients d’une même sauce déjà servie à l’Etat malien.

Le secrétaire général de l`ONU Ban Ki-moon

Tout d’abord, il n’est pas question ici de dire que le refus d’intervenir de la communauté  internationale avant septembre 2013 au nom des risques humanitaires surtout, relève de la dérivation. Mais pour faire bon poids, il serait digne de remarquer qu’il impose deux constats : Le premier s’inscrit dans le registre de la trivialité qui consiste à dire que les maliens ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, qu’ils sont durs à la détente et que le fait qu’ils baignent dans l’impossibilité de comprendre que le Mali ne pèse pas assez lourd dans l’agenda de la communauté internationale est, à bien des égards, la preuve patente de leur aveuglement… qu’ils arrêtent de se tuer pour rien !

Le second constat est des plus singuliers. En effet, sans aller jusqu’à dire qu’elle est erronée, la lecture que la communauté internationale fait de la situation au Nord du Mali est de nature à laisser perplexe en raison du fait que, dans son esprit, une intervention militaire sans l’aboutissement des négociations avec les deux groupes rebelles que sont le MNLA et Ansardine, s’assimile encore une fois à la réédition d’un massacre contre les touaregs, traités ainsi depuis bien des années. Et voilà où réside l’un des talons d’Achille de la communauté internationale qui l’amène depuis un certain temps à mettre en priorité les négociations avec ces deux groupes, mais dans le même temps, en refusant de comprendre que le combat du MNLA relève purement et simplement de la démagogie identitaire et de la surenchère. Et comme j’ai eu à le dire dans de précédents articles, un aboutissement favorable aux rebelles de cette revendication risque d’allumer la mèche d’une revendication du même calibre chez d’autres peuples. De plus, les voyous du MNLA ne revendiquent pas au nom de tous les touaregs du Mali, mais bien pour eux-mêmes. Alors pourquoi ménager le MNLA ?

Bien sûr, aujourd’hui, tous ou presque s’accordent à reconnaître que la situation du Mali est extrêmement complexe et dépasse l ’Etat malien. Mais là où il faut se dissocier de la feuille de route proposée par l’Union Africaine et la cédéao selon laquelle il  faut suivre les deux pistes (guerre et négociations), c’est de dire qu’elle n’est pas rassurante et reste vague. Car encore une fois, la logique souhaite de voir se préciser une intervention militaire avant qu’on ne parvienne au recours politique. Avant de boucler ce texte, il ne faut vraiment pas se priver de rire en pensant aux propos d’un éminent avocat qui, un jour, m’a confié ceci : « le Mali est devenu un  immense champ d’expérimentations de divers intérêts… » A présent, en constatant que le Mali est forcé de se résigner aux négociations avec certains groupes rebelles faute, selon l’ONU de manque de financements, l’on n’a le sentiment que le temps semble lui donner raison…

Boubacar Sangaré    

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