Dans une tribune publiée le 9 novembre par le quotidien ‘’Les Echos’’, sous le titre ‘’ Qui veut la paix, prépare la guerre’’, Mandé Alpha, un nom combien évocateur, a fait une analyse sans complaisance de la capacité de notre pays à pouvoir réagir efficacement à des nouvelles. Et dans un contexte marqué par une nouvelle menace de rébellion.
Le 31 octobre dernier, à l’appel du mouvement national pour la libération de l’Azawad, des manifestations ont eu lieu à Kidal et à Ménaka avec des slogans appelant à l’indépendance de l’Azawad dont le drapeau flotterait déjà dans certaines localités d’Ansongo, de Ménaka et de Kidal. Les agitations de ce mouvement dont les leaders demeurent inconnus interviennent à quelques semaines du retour des soldats pro-Kadhafi sur notre territoire avec armes et munitions. Cette présence ambigüe sur le sol malien des soldats pro Kadhafi (l’immixtion de l’ancien guide dans les rébellions au Mali ne faisait l’ombre d’aucun doute, même s’il faisait pleuvoir des billets de dollars sur nos autorités) est de nature à fragiliser l’équilibre sécuritaire précaire dans le nord de notre pays. Et ils pourraient apporter un soutien de taille aux sécessionnistes touaregs qui commencent à se signaler en lançant des appels à les rejoindre.
Si on n’est pas dans une situation conflictuelle, il faut reconnaitre que l’on assiste à l’exacerbation de l’appartenance communautaire avec des rencontres similaires. La gravité de la situation a sans doute contraint le président de la République, Amadou Toumani Touré à envoyer des commissions de bons offices pour prendre langue avec les agitateurs. Les missionnaires (des députés) dont les rapports sont attendus avec beaucoup d’impatience devraient rencontrer hier tous les protagonistes.
A travers une diplomatie offensive, le gouvernement de Mme Cissé Mariam Khaïdama Sidibé doit être capable d’isoler sur la scène internationale ces ‘’apatrides’’ regroupés au sein de ce mouvement fantoche. Il s’agit là d’amener nos voisins à ne pas servir de base de repli pour ces aventuriers qui veulent faire de ce problème du Nord, un fonds de commerce, voire une occasion de chantage. Avec l’Algérie, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger, il faut tenir un langage de vérité, clair et sans ambigüité. Assurer la défense de l’intégrité du territoire, combattre le banditisme, faire cesser les troubles à l’ordre public et faire régner la sécurité, protéger les citoyens et leurs biens partout sur le territoire national, telles sont les exigences républicaines. Et obéir à ces exigences, ce n’est pas faire la guerre. Jusque-là, le président ATT, le soldat de la paix, l’humanitaire, a manqué de fermeté pour ne pas dire qu’il continue de faire preuve de complaisance vis-à-vis d’un groupuscule d’individus qui se réjouissent de prendre en otage toute la République au gré de leurs humeurs.
Au sein des forces armées et de sécurité, ce n’est pas l’heure de la grande peur. Mais on se prépare au cas où… Le mouvement des troupes d’élites de l’armée constaté dans certaines localités du Nord accrédite cette thèse. ‘’ Pas question de céder. Nous avons juré de défendre l’intégrité du territoire national. La République du Mali est une et indivisible’’, a souligné un officier supérieur de l’armée sous couvert de l’anonymat. Ce dernier dit ne pas douter de la capacité de l’armée nationale à assurer sa mission cardinale, à savoir la défense de l’intégrité du territoire. Et cela en toute circonstance. Malgré cet optimiste affiché, de nombreux spécialistes reconnaissent que nos officiers supérieurs et généraux ont cessé d’être ‘’des stratèges militaires.’’ Selon eux, les renseignements militaires sont quasi inexistants. La Sécurité d’Etat d’où proviennent des informations sensibles indispensables à la bonne marche de l’Etat brille par son incompétence, voire son manque d’anticipation des situations d’extrême d’urgence. Ici, des informations sensibles sont traitées avec fébrilité, amateurisme et laxisme. Des agents qui ne cachent pas leur identité passent comme des maîtres dans la traque de petits voleurs de bijoux, des missions relevant traditionnellement des brigades de gendarmerie et des commissariats de police. Les paisibles journalistes et personnes jugés ‘’subversifs’’ à l’égard du régime sont mis sur écoute téléphonique, surveillés et contrôlés dans leurs moindres gestes et déplacements. C’est pourquoi des soldats pro Kadhafi peuvent rentrer facilement sur le territoire malien lourdement armés sans être désarmés dès la frontière. Cela est inadmissible, inconcevable et intolérable de la part des responsables qui disent se soucier de la stabilité de leur pays.
Par Chiaka Doumbia