En lieu et place des solutions temporaires à l’insécurité au nord Mali qui est résiduelle, l’Etat malien, à travers le Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement dans le Nord Mali (PSPSDN) s’attaque désormais aux causes de l’insécurité. Les autorités administratives, politiques, militaires, communautaires et la société civile de la région de Tombouctou ont pris connaissance du PSPSDN au cours d’un atelier régional, le vendredi 8 avril 2011 dans la salle de conférence de l’Assemblée Régionale.
« Depuis les premières heures de notre indépendance, le nord du Mali de façon générale est l’objet de rebellions plus ou moins régulières. A chaque fois, l’Etat par les moyens dont il dispose arrive à obtenir une paix momentanée d’où la nécessité d’une analyse approfondie des raisons de cette insécurité à caractère intermittent. » Ces propos du Commandant de la cinquième région militaire, Colonel Gaston Damago, élucide à la fois le contexte et les objectifs du PSPSDN. Il est en effet une volonté de l’Etat malien d’en finir définitivement avec toutes formes d’insécurité au nord du pays en éliminant, cette fois-ci, les causes du phénomène. Les formes d’insécurité au nord du Mali sont justement de plusieurs formes : rébellions, prises d’otages (par AQMI), commerces illicites (drogues, armes), conflits intra et inter communautaires. Comme l’a dit un proverbe bambara : « si un arbre vous dérange et que pour vous en débarrasser vous vous contentez de couper son tronc ; il fleurira de nouveau et poussera d’autres feuilles plus belles. Pour ne plus être dérangé par cet arbre, il faut plutôt vous attaquer à ses racines ».
Les racines de l’insécurité au nord – mali, c’est principalement les conditions de vie précaires des populations, l’immensité du territoire qui amoindrie la présence de l’administration et des forces de défense et de sécurité sur le terrain, l’insuffisance de communication entre les différentes communautés. C’est pourquoi le PSPSDN, pendant deux ans, oeuvrera pour assurer une présence effective et rationnelle de l’administration et des forces de défense et de sécurité sur le terrain, réalisera des infrastructures majeures pouvant assurer un développement local durable, établira un dialogue franc avec les leaders communautaires. Le commandant Abdoulaye Makalou, chargé de la composante communication du PSPSDN a précisé que le programme a cinq composantes : une composante sécurité, une composante gouvernance, une composante développement local, une composante communication et une composante gestion.
Au niveau de la composante sécurité, le programme réalisera des camps militaires, des casernes, des postes de contrôle, des commissariats de police… La composante gouvernance s’occupera de la construction et de l’équipement de préfectures, de sous préfectures et d’autres bâtiments administratifs nécessaires pour que l’Etat soit effectivement présent et respecté dans tout le nord. Quant à la composante développement local, elle s’attellera à la réalisation d’infrastructures pouvant donner un coup de fouet au développement dans le nord Mali, notamment la construction d’écoles, de centres de santé, de marchés, de routes, d’aménagement de périmètres irrigués entre autres. Au niveau de la composante communication, un dialogue franc sera établi et maintenu avec les différents leaders communautaires afin de lever le voile sur toutes les sources de conflits et d’adopter des solutions consensuelles. En fin, la composante gestion est chargée de la gestion du PSPSDN même.
Le Commandant Makalou a aussi informé que trois organes s’occupent de l’orientation, du pilotage et du suivi du programme. Ces organes sont : le comité d’orientation qui est présidé par le Président de la République. Il se réunit annuellement et est chargé d’adopter le budget annuel. Le comité de pilotage est présidé par le Ministre Secrétaire Général de la Présidence, il élabore le plan annuel de travail. Le comité inter régional de suivi est présidé par le Gouverneur de la région de Gao avec pour vices présidents les gouverneurs de Tombouctou et de Kidal. Le programme couvre les régions de Kidal, Gao, Tombouctou et le nord de la région de Ségou.
L’atelier régional de Tombouctou qui était présidé par le chef de cabinet du gouvernorat a regroupé les préfets, les chefs des services régionaux, le président de l’Assemblée Régional, les présidents des conseils de cercle, les maires, la société civile de la région. Après quelques explications du Commandant Abdoulaye Macalou, chargé de la composante communication sur le PSPSDN, deux communications ont permis à l’assistance d’engager un débat de contribution autour de la problématique paix et sécurité au nord. Ces communications ont porté sur la problématique du développement local et régional dans un contexte de paix et de sécurité au nord Mali, présentée par monsieur Dédéou Traoré, conseiller régional et sur la paix et la sécurité : état des lieux et perspectives présentée par le Colonel Gaston Damago, commandant de la cinquième région militaire.
Le Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement dans le Nord Mali qui vise essentiellement à réduire, voire éliminer toutes les causes de l’insécurité au nord à travers la bonne gouvernance, le développement local et la communication est financé à 33% par l’Etat malien et à 67% par les partenaires du Mali. La durée du programme est de deux ans avec un coût total d’un peu plus de 32 milliards de francs CFA.
Diakaridia TOGOLA