BAMAKO – Des éléments armés du front Polisario, qui revendique l’indépendance du Sahara occidental (sud du Maroc), ont tué un homme et en ont enlevé trois autres dans le nord du Mali, a appris jeudi l’AFP de source sécuritaire malienne et auprès d’un élu local.
Mohamed Yeyia Ould Hamed, dit +double-tête+, a été tué lors d’un règlement de compte en territoire malien opéré par des militaires du Polisario, a affirmé une source des services maliens de sécurité.
Selon elle, le Polisario affirme exercer son droit de poursuite pour arrêter des complices d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), mais en réalité il s’agit là d’un règlement de comptes entre trafiquants.
Les faits se sont produits dans la localité d’El Hank, dans la région administrative de Tombouctou, à environ 70 km de la frontière algérienne, a ajouté la même source qui n’a pas précisé de date.
Je suis l’oncle de Tahar Ould El Himry, l’une des personnes enlevées par les militaires du Polisario. Mon neveu n’a rien à voir avec Al-Qaïda. C’est un règlement de comptes. Depuis quelques jours, je n’ai pas de nouvelles de lui, a déclaré à l’AFP Mohamed Ould Taher, un conseiller local du nord du Mali.
Tout le monde connaît ici (dans la région de Tombouctou) le véritable complice d’Aqmi, qui a même aidé à enlever les Européens à Tindouf. Il s’appelle +Omar le Sahraoui+, mais ni le Mali, ni l’Algérie, ni le Polisario ne font rien pour l’arrêter et nous ne comprenons pas, a ajouté M. Ould Taher.
Le Polisario avait accusé Aqmi d’avoir enlevé le 23 octobre dans la région de Tindouf (ouest de l’Algérie), où se trouvent des camps de réfugiés sahraouis, deux femmes (une Italienne et une Espagnole) et un Espagnol.
L’enlèvement a été revendiqué par un groupe présenté comme dissident d’Aqmi, le Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest, jusqu’alors inconnu, qui a diffusé une vidéo des trois otages.
Omar Sid’Ahmed Ould Hamma, alias Omar le Sahraoui, est un ressortissant malien très bien introduit dans les camps de Tindouf et connu pour sa complicité avec Aqmi.
En juillet 2010, il avait été condamné en Mauritanie à 12 ans de prison assortis de travaux forcés pour l’enlèvement de travailleurs humanitaires espagnols. Selon la justice mauritanienne, il avait agi comme mercenaire d’Aqmi qui, depuis ses bases dans le nord malien, opère dans plusieurs pays du Sahel.
Il avait été extradé vers le Mali juste après, puis libéré peu avant la libération en août 2010 de deux de ces Espagnols, Roque Pascual et Albert Vilalta, qu’il avait lui-même conduits vers la liberté à travers le désert malien, jusqu’à la frontière du Burkina Faso.
Aqmi avait demandé et obtenu sa libération, en échange de celle des deux otages espagnols.
Des sources sécuritaires dans la région affirment qu’Omar est impliqué dans l’enlèvement des trois Européens dans la région de Tindouf.
Il est marié à une femme originaire du Sahara ocidental qu’il a connue durant ses voyages d’affaires dans les camps de refugiés sahraouis de la région de Tindouf, d’où son surnom de Assahraoui (Le Sahraoui).
(©AFP / 15 décembre 2011 18h25)