Nord du Mali : La ruée vers l’or

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Mali: les groupes armés du nord d'accord pour parler d'une seule voix
Le chef de la délégation d’Ansar Dine, Algabass Ag Intalla (G) et Ahmed Ould Sidi Mohamed du Mouvement arabe de l’Azawad cosignent le protocole d’accord, le 28 août 2014 à Ouagadougou.
AFP PHOTO / AHMED OUOBA

Après les pourparlers, place aux négociations autour d’une table entre le gouvernement, les mouvements invités, les groupes auto-invités, les maitres chanteurs, les intrus et les indéterminés. Le round risque de prendre beaucoup plus de temps que prévu et aboutir à rien.

 

 

Après la fin des pourparlers à Alger entre le gouvernement malien et les groupes armés, rebelles, terroristes et d’autodéfense, le premier round des négociations, initialement prévu pour le 17 août dernier, doivent démarrer en principe aujourd’hui, toujours dans la capitale algérienne, sous l’observation et la facilitation de l’Algérie, des autres médiateurs et de la communauté internationale qui a intérêt dans la stabilisation du pays dont le nord est devenu un sanctuaire pour toutes sortes d’activistes et de contrebandiers. Six de ces groupes étaient à Ouagadougou (Burkina Faso), la semaine dernière, pour accorder leurs violons et peaufiner leur plateforme de revendications. Selon les responsables de certains de ces mouvements armés, ils sont d’accord pour laisser au Mali son intégrité territoriale et sa laïcité républicaine mais réclament un statut particulier pour les régions du nord : une large autonomie.

 

Que cache une telle revendication dont la satisfaction consacrera légalement la partition du pays en nord et sud ?

 

 

Que cache cette revendication ?

Quand on sait que, depuis près de vingt ans, le Mali a entamé un processus de décentralisation générale qui consacre l’autonomie de gestion et un code des collectivités territoriales(C.T), on se demande ce que signifie large autonomie. Parce que de manière générale, toutes les collectivités territoriales du pays sont régies par les mêmes textes : lois portant sur le statut des C.T et du district de Bamako, le code des C.T, les conditions de la libre administration des C.T, les ressources fiscales des communes, cercles et régions et du district de Bamako.

 

On sait aussi que depuis des années, les maires, les présidents des conseils de cercle et de région courent désespérément derrière un transfert des ressources financières comme cela a été le cas avec le transfert des compétences (décrets /P-RM n°96-119, 95-210, 96-084, 01-555, 02-313, 02-314, 02-315). Si les autorités n’ont jamais concrétisé leur promesse de transférer aux élus locaux la gestion des ressources financières, c’est parce que dans la plupart des collectivités territoriales, la gestion matérielle et financière s’est révélée catastrophique, notamment au niveau des communes. Pour corriger cela, l’Etat s’était engagé sur plusieurs chantiers, d’importantes réformes institutionnelles et politiques.

 

Par ailleurs, suite et conformément aux accords passés entre le gouvernement et les rébellions antérieures, la gestion des agences, programmes et projets de développement des régions du nord a été confiée à des ressortissants du nord. Cela a été le cas notamment pour Anict, Adin, Adn, Mali nord-est, Papiv, Padl, Pacr, Mali-nord, Pdrk, Psark, Pspsdn, Prodeca, Padl-To et bien d’autres.

 

 

Parmi tous ces outils de développement, rares sont ceux qui se sont révélés efficaces pour le développement local. Au contraire, certains ont servi de fonds d’appui au développement de la rébellion, du terrorisme, du jihadisme et du narcotrafic dans les régions du nord. Outre les budgets qui sont exécutés sans aucun contrôle sérieux, ce sont les véhicules de ces structures qui ont servi de logistique première aux groupes armés.

 

 

Prolifération des mouvements

Aujourd’hui encore, ce sont des cadres de ces structures qui créent et financent tous ces groupes armés, prétendus dissidents d’autres mouvements, qui s’invitent aux négociations en cours à Alger, qui exigent « une large autonomie » leur permettant de piller l’aide extérieure et de torpiller le développement local. Leurs commanditaires sont à Bamako, sous le parapluie doré de certains tenants du pouvoir, et aident rebelles, terroristes et cadres à s’interconnecter en vastes réseaux asociaux de prédation.

 

En définitive, le Mnla qui n’a jamais renoncé à l’indépendance de son Azawad, le Hcua qui est devenu un refuge pour terroristes islamistes en déroute, Ansar Eddine qui continue son jihad, quoi qu’ils disent et malgré les atrocités dont ils se sont rendus coupables et qui ne sont nullement à absoudre, sont en réalité les seuls groupes armés avec lesquels une véritable paix est possible. Tous les autres mouvements, une véritable prolifération, ont été constitués dans le seul but de faire main basse sur la manne financière promise dans le cadre de la reconstruction des régions du nord. Ou, à défaut, partager avec les autres le pactole.

 

Entre la sincérité des uns et la boulimie des autres, les émissaires du gouvernement auront fort à faire.

 

 

Cheick TANDINA

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2 COMMENTAIRES

  1. Merci, Kassim. IBK, tu as interêt à venir à bout de ces malfrats du mnla; Mais rappelle toi que Dieu a tout l’univers à gerer et le Mali ne represente même pas le millimicron à la puissance négative exponentielle. Donc laisse Dieu en paix; il t’a donné un pouvoir sur ta planète terre et c’est à toi de remuer les méninges. Et c’est ce que le mnla est en train de faire.

  2. Le nord du Mali ou la stratégie de la multiplication explosive

    En 1990, les groupes rebelles armés qui se sont levés contre le régime de Moussa Traoré, étaient déjà disparates et n’avaient pas un agenda politique ni une stratégie internationale élaborée pour porter un projet politique clair.

    Les accords successives qui ont été signés depuis, Tamanrasset, pacte national et accord d’Alger de 2006, ont à défaut de résoudre la crise, repoussé ses effluves jusqu’en 2012.

    Les tentatives vaines d’Iyad Ag Ghali et d’Ag Bahanga, se sont cristallisées et ont inspiré les initiateurs du projet Mnla qui fait de l’extérieur du pays l’épicentre de sa force politique et de l’intérieur son combat militaire.

    Il y a une dichotomie entre le militaire (réel et sur place) et le politique (virtuel et ailleurs) que le Mnla maîtrise plus ou moins depuis deux ans.

    Quand il est faible militairement, le Mnla s’associe aux groupes islamistes pour arriver à ses fins mais quand cette association devrait lui causer un souci, il s’adosse à sa branche politique internationale pour “blanchir” ses actions en “revendications politiques légitimes”.

    Dans cet exercice, le plus grand succès du Mnla, reste politique que quoi virtuel et c’est quand il a reçu à faire dépeindre la quasi totalité des autres groupes armés du nord du Mali comme “terroristes” aux yeux de la communauté internationale et à se positionner comme seule force “politique” ou presque.

    En un mot les djihâdistes combattent mais c’est le Mnla qui en reçoit les dividendes en reconnaissances politiques.

    Mais comment comprendre que l’ONU, la France, l’Algérie et les autres partenaires qui jurent, la main sur le cœur de l’intégrité du territoire malien, n’ont pas compris cela?

    En jouant à ce jeu de dupes, ces charitables âmes de la “paix éternelle” courent le dangereux risque d’un embrassement général dans le septentrion malien pire qu’au moyen orient.

    Car ce qui se dessine au nord du Mali est un affrontement plus long et plus violent qu’en Syrie, Gaza, Irak ou autre Ukraine ou Libye.

    Une constellation de tribus et ethnies rivales se trouvent subitement sur un fait accompli de la hiérarchisation par les armes.

    Comme le Mnla en fait usage et obtient des dividendes sans en être le plus fort, il est certain que la vermine ait fait des petits.

    La multiplication des groupes armés à connotation tribale n’est que la prémisse de l’apocalypse que les pseudos pourparlers d’Alger 2014 cherchent à être le détonateur.

    Parce que arracher à un pays souverain une autonomie clochardisée et l’attribuer à une bande de parvenus va-nu-pieds qui ne représentent que leur ombre sur une terre de contraste et de complexité ethnique et anthropologique est le pire jeu que la communauté internationale ne s’est jamais adonné depuis la création de l’État d’Israël.

    Touareg ifoghas versus Touareg Imghas, Touareg versus arabes, Touareg versus peuls (subtilement dépeint en Mujao par le Mnla), Iyad et copains djihâdistes versus Mnla, sonraï versus Touareg, le tout versus le gouvernement du Mali (en fait s’il en reste) et dans un jeu d’alliances et de séparations faits de complots et de trahisons, voilà quelques uns des thrillers macabres du futur.

    Le compte à rebours n’attend que la fameuse autonomie clochardisée en provenance d’Alger 2014 ou 2015 si affinité.

    Et le serpent de mer que les généraux d’Alger tentent d’ouvrir la boîte de Pandore grandira aussi rapidement qu’ils n’imaginent et ne tardera pas à secouer gravement et aussi durablement le sud algérien qu’ils croient sécurisé dans le pire des cas.

    Le gouvernement corrompu de Bamako avec à sa tête le nouveau champion de la prière, Ladji avion-motos-mosquée, contemplera la chienlit depuis son Boeing à chaque fois qu’il s’évertue un voyage inutile, en fait si son régime inutile résiste à la déflagration.

    Donc que tout le monde se ressaisisse à temps et que Paris sonne la fin de la recréation des bébés carnivores en appelant la racaille Mnla et acolytes de rentrer à la maison et en sommant IBK de former une vraie armée pour sécuriser durablement le Sahara malien.

    L’ONU et son machin truc de minuscule ou minus quoi encore, doit plier bagage puisqu’elle ne sert à rien sauf à rendre les voyous armés plus voyous encore dans une perspective de cristallisation de la chienlit pour l’apocalypse dans nos murs.

    Wa salam!

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