Le Nord du Mali reste en proie à l’instabilité

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Soldats du MNLA à Kidal
Soldats du MNLA à Kidal le 4 février 2013.
REUTERS (photo archives)

Le cessez-le-feu entre l’armée malienne et le mouvement touareg reste fragile après des affrontements à Kidal à la mi-mai.

 

La France avait annoncé un redéploiement de ses forces dans le Sahel au début du mois, avant de le repousser.

 

L’ONU en a appelé à la « bonne foi » de chacun. Mercredi 28 mai, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est une nouvelle fois ému de l’instabilité dans le nord du Mali, appelant l’armée et les mouvements séparatistes à respecter « totalement »le cessez-le-feu.

Un accord avait été conclu le 23 mai après d’importants affrontements à Kidal. L’armée malienne, en déroute, avait perdu une cinquantaine de soldats et les combattants touaregs avaient repris le contrôle de la ville.
Pas de réconciliation nationale

Humilié, le ministre de la défense du Mali a démissionné mercredi. Cette figure de la vie politique à Bamako a été immédiatement remplacée par un officier supérieur de l’armée de l’air en retraite. Pour contrer l’avancée des rebelles, l’armée malienne renforce maintenant ses positions au nord avec le soutien logistique des soldats français.

 

Malgré l’opération Serval, lancée par la France début 2013, et l’éloignement de la menace islamiste, la réconciliation nationale ne trouve pas de traduction sur le terrain. En mai, les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont repris la lutte pour l’indépendance de cette région.

 

Un soutien russe au MNLA ?

Pour l’heure, l’accord de cessez-le-feu n’a pas permis de sécuriser le nord. Des affrontements ont éclaté la semaine dernière entre deux factions rivales du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), à proximité de Gao, sans impliquer l’armée malienne.

 

Le MNLA pourrait, de plus, bénéficier d’un soutien russe. Le président malien dénonce, dans un entretien à Jeune Afrique, la visite à Moscou, en mars dernier, de Bilal Ag Acherif, secrétaire général du mouvement. Ibrahim Boubacar Keita accuse les Touaregs de réclamer « des armes et des instructeurs en échange d’un accès au sous-sol de la région une fois l’indépendance obtenue ».

 

La présence française en question

Le retour des combats a contraint la France à repousser « d’un ou deux mois » la mise en place d’un nouveau plan antiterroriste, qui devait être mis en œuvre fin mai. Il prévoit l’élargissement de l’action de la France au-delà du Mali avec le redéploiement de 3 000 soldats dans le sud du Sahara. Ce plan doit signer la fin de l’opération Serval et le passage de relais aux forces africaines de la Minusma, sous mandat de l’ONU.

 

À Bamako, la capitale, une partie de la population devient hostile à la présence française. Les violences à Kidal ont déclenché une vague de manifestations pour dénoncer le manque de fermeté de Serval à l’encontre des Touaregs.

 

Les raisons de la démission de Soumeylou Boubèye Maïga

Soumeylou Boubèye Maïga a démissionné mardi de son poste de ministre de la Défense, suite aux revers militaires subis par l’armée malienne à Kidal, les 17 et 21 mai. Pourtant, ses responsabilités dans les derniers affrontements avec les groupes armés du nord semblent limitées. Explications.

 

L’offensive malheureuse de l’armée malienne pour reprendre Kidal, le 21 mai,aurait été une initiative locale venant d’officiers supérieurs présents sur place – parmi lesquels le général Ag Gamou, qui a perdu son adjoint dans la bataille. Ces unités auraient agi sans en avoir reçu l’ordre de l’état-major à Bamako, et sans que Soumeylou Boubèye Maïga, le ministre de la Défense, donne d’instructions en ce sens. C’est du moins ce que des sources au sein de la présidence affirment à Jeune Afrique.

 

Les soldats de l’armée malienne sont tombés dans le piège tendu par les groupes touaregs qui, visiblement, les attendaient. Parmi ces derniers figuraient, selon des témoins, une centaine de jihadistes reconnaissables à leurs drapeaux noirs, à leurs slogans religieux et à leurs pantalons coupés court.

Conséquence de ces événements : des pertes humaines très importantes pour l’armée (une cinquantaine de morts et 48 blessés), et une grave crise politique puisque le ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, a démissionné mardi 27 mai pour être remplacé dans la foulée par un colonel-major de l’armée de l’air à la retraite, Ba N’Dao, formé dans l’ex-Union soviétique et diplômé de l’école de guerre de Paris.

 

Épargner des sanctions humiliantes

Comment en est-on arrivé là ? Selon l’un de ses proches cités par l’AFP, l’ancien ministre (de la Défense mais aussi des Affaires étrangères) et ex-chef des services de renseignements, a pris sa décision “lorsqu’il a compris qu’on voulait faire porter le chapeau à la hiérarchie militaire” pour la défaite de Kidal. Il aurait ainsi pris les devants pour proposer sa démission et épargner des sanctions humiliantes à de hauts gradés.

 

Mais ce rebondissement est aussi sans doute la conclusion d’une différence de vision stratégique entre l’ex-ministre de la Défense et le nouveau Premier ministre, Moussa Mara, qui s’est rendu à Kidal le 17 mai malgré les réticences de la Minusma, des Français de l’opération Serval… et vraisemblablement de Soumeylou Boubèye Maïga lui-même. Une visite qui a déclenché les premiers affrontements entre des soldats maliens et les groupes armés du Nord, avant la contre-offensive ratée du 21 mai.

Le nouveau ministre de la Défense doit désormais gérer le cessez-le-feu signé le 23 mai à la faveur d’une médiation conduite par le chef de l’État mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l’Union africaine. L’accord prévoit également la mise en place d’une commission internationale d’enquête et la libération des prisonniers faits par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui en revendique 70. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué lundi avoir rendu visite à 50 personnes détenues par deux groupes armés à Kidal, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le MNLA.

 I YATTARA

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2 COMMENTAIRES

  1. « Lendemains de signature du Cessez-le-feu par les Mouvements armés touaregs et arabes et GRM: une course de vitesse pour l’occupation des espaces de mafia narcotrafique réservés et des niches de cantonnement des combattants? » par Wartehen, Bamako, le 31 Mali 2014.
    Dès le lendemain du Cessez-le-feu signés par les Mouvements armés touaregs et arabes et GRM, on a entendu des informations avérées d’attaque du village de Tabankort par une branche dissidente du MAA original et des rumeurs d’attaques et de prise de villes qui se sont avérées fausses (Anefis, Aguelhok, Tessalit, Ménaka, Ansongo, Léré, Goundam, Ber) par différents groupuscules se réclamant du MNLA.
    Me basant sur ma propre information par téléphone et par la lecture des évènements rapportés par la presse internet et par l’écoute de radio-TV, notamment par des contacts téléphoniques avec des personnes que je connais à M’Berra, Goundam, Tombouctou et Ber, je puis dire que ce qui se passe en ce moment dans le Nord Mali après la signature du Cessez-le-feu à Kidal, en début de semaine, ne saurait être qu’une course de vitesse pour la délimitation/occupation des espaces de mafia narcotrafique réservés par les différents courants du MAA et des niches de cantonnement des combattants du MNLA et du HCUA en vue du DDR.
    Dans le cas de l’escarmouche de Tabankort dont les combats ont fait l’objet de rapportage par la presse nationale en début de cette semaine, ce sont des capos maures de la drogue au Mali, constitués en phalanges (Katibas, en arabe), plus précisément, l’aile mafieuse dite « air cocaïne » qui entendent neutraliser leurs concourants du groupe du MAA narcotrafic « Lamhar-Tilemsi » avant de réveiller les circuits dormants des routes de contrebande balisés de longue date. Cette attaque ciblée du groupe favorable à la paix et « proche » du GRM par un groupe dissident du MAA « va-t-en-guerre » procède de la volonté opiniâtre de ce groupuscule minoritaire de la mafia narcotrafique saharienne, cependant puissant, de conquérir et se réserver, par les armes, un droit d’exploitation exclusive de la filière drogue au Mali. Cet acte procède de la rupture unilatérale du cessez-le-feu signé par le MAA original qui a dit, par voie de presse, se démarquer des troublions, en les dénonçant.
    La recherche effrénée des niches de cantonnement par des combattants touaregs du MNLA et du HCUA met en mouvement, depuis Kidal, des groupuscules de combattants qui « recolonisent » leurs villes d’attache – les cas de Ber et de Ménaka constituent une bonne illustration – procède du droit (et du devoir), selon eux, que chaque clan tribal se réserve le droit du retour de l’enfant prodige dans son terroir d’attache en vue du DDR. Là, ni le MNLA, ni le HCUA n’ont dénoncé ces cas de rupture unilatérale du cessez-le-feu signé par le MNLA et le HCUA.
    Pour autant, pourrait-on dire que cette agitation des éléments incontrôlés des mouvements armés touaregs et arabes éparpillés, naguère en dormance, et qui « se réveillent » suite à la « guerre de 6 heures » de Kidal du 21 Mai 2014 procède par indiscipline par rupture unilatérale du cessez-le-feu, en mettant devant le fait accompli leurs responsables politiques occupés, eux, aux négociations ? Il est permis de penser que si les chefs des rebelles touaregs, Bila ag-Acharif et Djéri Maïga, ferment les yeux et les oreilles sur ces cas d’indiscipline de leurs ouailles, c’est que ceux qui n’ont pas demandé l’aval de leur hiérarchie politique sont, comme leurs chefs, de facture « tout venant »; situation classique dans ce genre de regroupements de « bandits armés », sans foi, ni loi, sans idéal précis et sans gouvernail!
    A l’appui de ma thèse selon laquelle des éléments des groupes armés touaregs et maures ont bien compris qu’il faille se hâter pour se cantonner quelque part en vue du DDR qui découlera forcement des négociations de paix en cours, pour ce faire, ceux-ci voudraient se constituer en groupuscules ethniques et claniques « kel-kel » pour les touaregs et « oulad-ahel » pour les arabes.
    Plus grave que les cas de Ber et de Ménaka où des éléments du MNLA sont déjà prépositionnés, je cite ce cas spécial auquel aucune couverture médiatique de presse nationale et internationale ne s’est intéressé, cependant qu’il défraie la chronique dans le cercle de Goundam au début du mois de Mali 2014.
    Des éléments détachés de la milice arabe bérabiche « oulad Souléimane » (progouvernementale du régime défunt d’ATT), ont squatté, depuis Mai 2013, avec la complicité de la milice arabe tormoze, la ville-garnison de gendarmerie de Lerneb, se sont déjà illustrés dans le banditisme armé depuis 2013 ; en effet, à cette époque, les milices complices arabes tormozes et bérabiches, des narcotrafiquants « seconds couteaux » en sevrage des retombées financières de la filière saharienne narcotrafique démantelée par l’opération Serval à In-Khalil et Borj-Moktar, du côté de Tessalit, se sont recyclées en bandits armés de grands chemins dans la région de Tombouctou. Ces déprédateurs écument les pourtours du Faguibine, le triangle Ber-Tombouctou-Araouane en coupant les routes, rançonnant les populations, arrachant des véhicules et tuant des gens, vandalisant et spoliant particulièrement les forains de Ber, Téherdjé dans le cercle de Tombouctou, Lerneb, Edjar et Zouéra dans le cercle de Goundam sans aucune réaction de Serval, MINUSMA et l’armée malienne, toutes forces militaires bien présentes sur le terrain et bien informées de cette situation calamiteuse.
    Le bilan des déprédations des miliciens arabes relevant du Colonel Ould Méidou officiellement constitués avec la bénédiction d’ATT suite aux élections locales et régionales de 2009, comme celle des Imghads du Colonel Gamou et celles des Sonraïs (Gandakoy et Izo) est jugé désastreux tel que rien ne peut plus bouger dans la région sous la coupe réglée de ces milices arabes en passe de contrôler toute le Nord-Ouest de la région de Tombouctou.
    Au début du mois de Mai 2014, une Katiba de conquérants maures « Oulad Driss » des confins Mali-Algérie du capo Dina ould Déiya, jaloux des retombées de banditisme armé de la Katiba « oulad Souléimane » qui a élu domicile dans les confins Mali-Mauritanie, se sont rendus à Lerneb et ont exigé le partage du gâteau, sous la menace de guerre fratricide – comme s’ils se trouvaient en Sicile ou en Corse – à leurs cousins « boulonnés » à Lerneb où ceux-ci rackettent les transporteurs et les commerçants qui fréquentent la foire hebdomadaire du lieu-dit.
    Suite au refus des « oulad Souléimane » d’obtempérer aux injonction des « Oulad Driss », une guerre de 3 jours opposa les deux frères qui perdirent 25 personnes dans de furieux combats à la Kalache, au vu et au su des autorités politiques, militaires et administratives de la région de Tombouctou et de… la MINUSMA et Serval qui n’ont pas bougé d’un pouce.
    Les premiers occupants du terrain, « oulad Souléimane », qui ont eu le dessus militaire sur leurs agresseurs venus de loin, « Oulad Driss », ont demandé à leurs hôtes et complices du MAA Tormozes déjà cantonnés à Lougméiza et aux combattants touaregs « kel-kel » cantonnés à Hassi-Labiyadh, d’accepter qu’ils se cantonnent avec eux en vue du DDR.
    Tous les « bandits armés locaux à cantonner et à désarmer », arabes et touaregs des cercles de Goundam, de Niafunké et du Méma-Farimaké (Léré) en voie de DDR, refusent le décompte parmi eux des Bérabiches de Ber qui sont porteurs de tous les maux de la zone depuis un an et somment, selon ma dernière information datée de deux jours, la Katiba des « oulad Souléimane » de déguerpir de Lerneb, d’ici quatre jours, sinon, ça sera la guerre déclarée par des coalisés arabes Tormozes-Touaregs de l’Ouest – c’est une première – à des Bérabiches « colonialistes » !

  2. Suite à réserver à la « guerre de 6 heures de Kidal » par Wartehen, Bamako, le 1ier Juin 2014.
    La forfaiture de la France est la cause du déclenchement de la fameuse guerre dite « guerre de 6 heures de Kidal » qui restera, longtemps, gravée dans la mémoire des maliens.
    Au début de l’année 2013, lors de la reconquête du Nord Mali engagée par Serval pour chasser les narcoterroristes djihadistes, Serval a installé, dans la ville de Kidal, les « Mafieux Narcotrafics et Lugubres Apatrides » (MNLA); cette horde de bandits armés, de jeunes touaregs « mercenaires battus et débandés de la Libye post-Kadhafi » en 2011, en retour au Mali pour le coloniser, ceux-là qui furent déculottés et chassés de Gao par le MUJAO en Juillet 2012, après avoir créé, virtuellement, la république de l’Azawadrêve.
    A l’issue de cette guerre-éclair qui a vu la défaite de l’armée malienne le 21 Mali 2014 face à une coalition de rebelles-bandits armés et de terroristes jihadistes sans foi, ni loi , si IBK estime que le Mali peut et doit continuer la belligérance avec les rebelles touaregs sécessionnistes et indépendantistes, il se doit de mobiliser l’opinion publique nationale et même internationale, plus et mieux qu’il ne l’a fait jusqu’à présent ; en effet, ce n’est pas l’armée seule qui a perdu Kidal, c’est la communauté malienne dans son ensemble qui l’a perdu ; il en découle que ce n’est pas à l’armée seule de reconquérir le « caillou » (Adrar des Foghas), c’est à chaque malienne et malien de se mobiliser pour ce faire.
    Kidal, le nœud gordien qu’il faut trancher !
    Kidal, c’est :
    1) un site malfamé, le piège et le berceau de l’irrédentisme ethno-identitaire touareg Ifoghas ;
    2) l’épicentre de la crise au Nord Mali;
    3) un foyer de tensions chroniquées, le laboratoire de tous les périls qui obscurcissent l’horizon du Nord Mali depuis 50 ans.
    Que le cri du cœur de kel-Tamacheq, d’indéniables nationalistes maliens, soit entendu :
    – Que ceux qui veulent négocier avec le MNLA sachent très clairement, et une bonne fois pour toute, qu’ils négocient avec un groupe armé ayant commis torts et préjudices au Mali et ne représentant aucunement la communauté touarègue encore moins les autres communautés du Nord du Mali!;
    – Que l’Etat malien sache une fois pour toute qu’il ne négocie pas avec la communauté kel-Tamacheq car dans notre très grande majorité nous nous considérons comme maliens et nous ne voulons ni autonomie, ni indépendance et nous n’avons d’autre revendication que celle de tous les maliens qui n’aspirent qu’à la paix et au développement social et économique!;
    – Que ceux qui veulent négocier avec le MNLA le fassent en ne mentionnant nulle part la communauté kel-Tamacheq car ce serait “faux et usage de faux”! Ce serait associer la très grande majorité de kel-Tamacheq dans un processus qui ne les concerne pas, tout comme le MNLA les a associés à un conflit qui ne les concerne pas!

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