Nord du Mali : A qui profite le chaos ?

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Camp_GaoLa marche du 27 janvier des jeunes de Gao sur le camp de la Minusma vient amplifier une rupture de confiance désormais instaurée d’avec les forces  onusiennes depuis quelques mois, mais surtout réveiller une méfiance, voire une protestation, des Maliens vis-à-vis de l’arrivée de forces internationales dans notre pays depuis les premières heures du coup d’Etat du 22 mars 2012.

Aujourd’hui, les mains des soldats de la Minusma, sont certes tachetées de sang, celui des populations civiles qu’ils sont pourtant censés protéger. Pour autant, faudrait-il en arriver à leur retrait d’une quelconque partie du nord ou des zones insécurisées ? Y a-t-il une main invisible derrière cette tension entre la Minusma et les populations ? A qui pourraient profiter l’embrasement du nord et le chaos qui en découlerait ? Quelles conséquences d’un éventuel départ des casques bleus de l’ONU ?

Avant-hier,  mardi 27 janvier 2015, les populations de Gao ont participé à une marche de protestation contre la décision d’un accord signé entre la Minusma et des groupes armés dont le Mnla, en vue d’établir une zone temporaire de sécurité dans le secteur de Tabankort. Composés en majorité de jeunes, les marcheurs réclamaient depuis la veille le départ de la Minusma qu’ils soupçonnent fomenter la partition du pays, notamment en muselant les groupes d’auto-défense dans leurs mouvements.

La marche dégénère rapidement, car en voyant cette foule nombreuse se diriger vers eux, les militaires onusiens, particulièrement les Rwandais,  ouvrent le feu à balles réelles, provoquant des morts et des blessés.

C’est le dernier d’une série d’actes controversés reprochés ces temps-ci à la Minusma qui applique la théorie de « deux poids, deux mesures » selon qu’il s’agisse de Kidal ou des autres régions du nord. Quelles sont ces actes ?

Il y a juste quelques jours, les populations de Kidal avaient organisé une grande marche de protestation contre les positions de la Minusma dans la capitale de l’Adrar des Iforas. A l’occasion, les marcheurs ont lancé des projectiles et même saccagé du matériel de la force onusienne. Mais, celles-ci n’a pas pipé mot ; au contraire, elle a plutôt encadré « les esprits surchauffés » et contenus leurs assauts jusqu’au bout.

A l’opposée, mardi, face aux marcheurs de Gao, les casques bleus ont systématiquement appuyé sur la gâchette. L’homme de la rue voit dans ce paradoxe une partialité évidente selon que l’on soit Blancs (Kidal) ou Noir (Gao, par exemple).

Deuxième bourde : le communiqué de la Minusma après les affrontements de Tabankort. Dans ce communiqué, la Minusma annonce avoir bombardé un véhicule des séparatistes, cela, conformément à sa mission de protection des populations civiles. Mais là-dessus, le secrétaire général du GATIA, Fahad Ag Almahamoud, est formel et témoigne : « J’ai été surpris lorsque la Minusma a déclaré avoir bombardé un véhicule près de Tabankort. En aucun moment, les groupes n’ont été à moins de 30 kilomètres de Tabankort. Nos hommes sur le terrain n’ont signalé aucun bombardement aérien dans cette localité. Car aucun hélicoptère n’a survolé la zone ». Alors, pourquoi la Minusma inventerait-elle une telle chose ? Almahamoud a son idée : « Cette reconnaissance d’un prétendu bombardement contre un véhicule de la coordination n’est-elle pas un moyen pour la mission onusienne de légitimer une éventuelle frappe contre nos éléments demain ?».

Troisième bourde de la Minusma, c’est la signature en catimini avec la Coordination des mouvements de l’Azawad d’ « un accord pour l’établissement d’une zone temporaire de sécurité ». Cet accord est jugé par tous les connaisseurs comme étant un prototype de schéma de partition progressive du pays. C’est une manière, voit-on, de museler les groupes armés loyalistes et de permettre aux rebelles du Mnla et alliés de s’implanter dans la prétendue zone de sécurité.

Même le gouvernement dénonce un tel comportement des « Onusiens ». Dans son communiqué suite aux événements du 27 janvier, le gouvernement « dénonce » une décision prise sur une base non inclusive, et été perçue, par conséquent, comme défavorable au processus de paix et de réconciliation en cours.

Rappelant que l’une des missions essentielles de la Minusma est la protection des populations civiles, le gouvernement l’exhorte au traitement impartial du gel des positions et l’engage à ses côtés à prendre les initiatives propres à résorber la situation ainsi créée.

Et c’est justement contre cet accord de partition du pays que les populations de Gao se sont soulevées, réclamant le départ des militaires étrangers.

Face à la situation, la Minusma s’explique (elle persiste que le projet a été manipulé à des fins politiques), décide de retirer ledit document, et manifeste sa volonté de poursuivre de manière inclusive le processus de consolidation du cessez-le-feu et de la sécurité.

Sans avoir atteint le point de non-retour, la crise de confiance entre les populations maliennes en général, celles du nord en particulier, et la Minusma est telle que le retrait des forces onusiennes prend de plus en plus corps.

Mais, l’une des questions essentielles est de savoir qui tire les ficelles pour un pourrissement de la situation. A qui profite ce chaos savamment installé dans le nord ? s’interrogent d’autres analystes. Enfin, quelles pourraient être les conséquences d’un éventuel départ des casques bleus du nord.

A notre avis, dans le contexte global actuel et l’état de notre armée, un tel schéma sera catastrophique pour l’unité nationale et l’intégrité du territoire. Il engendrerait automatiquement l’occupation du nord par les groupes armés terroristes et djihadistes. Faudrait-il rappeler à ce propos, la douloureuse expérience de 2012. En effet, après le coup d’Etat du 22 mars, les envahisseurs ont annexé le nord en trois (petits) jours, posant leurs valises successivement à Kidal, Gao et Tombouctou entre le 28 et le 30 mars. Les douloureux souvenirs de ces exactions, vols, viols, amputations, flagellation, lapidation, restent encore vivaces dans les esprits. Tout comme, ce 11 janvier 2013, quand Hollande est venu sauver 15 millions d’âmes.

Aujourd’hui, les Maliens se passeraient volontiers d’un tel sort. Par conséquent, le débat sur le départ de la Minusma de ses positions dans le nord et sur le territoire national doit être étouffé dans l’œuf au profit du processus de paix et de réconciliation en cours. Il y va de l’avenir de la Nation, de l’Etat et du Mali.

Sékou Tamboura

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13 COMMENTAIRES

  1. Quand la MINUSMA n’est même plus une force de dissuasion, à plus forte raison une force offensive. Vous l’aurez remarqué partout au Mali depuis des mois : vous pouvez attaquer, tuer les soldats de la MINUSMA sans aucune crainte, sauf si vous êtes DESARME à Gao.

  2. Bel article, car la plupart de vos confreres ne font que du coupé collé sur RFI.
    Ceci étant, je craisn que la partie soit jouée cher frere.
    LE MALI A PERDU DEPUIS 2011 et avant. L´ENNEMI A LECHÉ DU SANG IL CONTINUE!
    Maintenant ni les prières ni les grandes rencontres du genre ne seront un vrai gage de paix durable
    Elle peuvent tout au plus cacher la saignée de l´hippopotame MALI pour quelques mois, avant que celle-ci ne reprenne de plus belle.
    LA SOLUTION: LE SACRIFICE SUPREME!
    COMME LES PESMHERGA KURDES DE KOBANE! HELAS NI LE MALI NI LES MALIENS NE SEMBLENT Y ÊTRE PRÊTS!
    ALORS VIVE ALGER I , II , III, IV etc.

  3. à qui profite tout ce bor.del ??? à Daech qui est déjà en Libye et à Boko Haram 😉 😉 😉 😉 😉 😉 quand les deux vont se serrer la main à Gao ,la vie va devenir beaucoup moins drole pour les maliens qu’avec les barbus de janvier 2011 💡 💡 💡 💡 💡 💡

  4. Moi je crois que tu exagère ils peuvent partirent si c’est pour tiré sur des populations qui manifestent avec des bâtons au lieu d’aller combattre les vrais terroristes il faut reconnaître qu’ils ont tord sur toute la ligne qu’ils partent ont verra ce qui se passera je ne partage pas votre pessimiste moi je pense que si communauté internationale se retire le mali est prêt a assuré seul sa sécurité.les je connaît tout peuvent dirent ce qu’il veulent mais je reste persuadé

  5. Question : La Minusma est composée de forces africaines , c’est une force d’interposition pourquoi cet organisme favoriserait-il une faction ?

    Ce n’est ni son intérêt ni sa mission..Elle est en place depuis presque 2 ans et c’est le premier accident grave…

    On aimerait que les journalistes d’opinion annoncent leur qualité ..On saurait qu’ils ne diffusent pas une information mais qu’ils interprètent une information ..

    On aimerait aussi qu’ils citent leur source d’information (même s’il s’agit d’une dépêche
    d’agence de presse)

  6. Tout ce qui est sûr la crise nord-Mali profite à plus d- un !!!!!! ; sinon comment peut on comprendre que les rebelles une minorité peut faire la loi à plus forte raison de nous rendre la vie impossible , et la question dont on se pose tous ” QUI LES FOURNI EN ARMEMENT ” ??????????
    Mais tôt où tard le Mali retrouvera son intégralité et nous vaincrons inchala !!!!!

  7. SIRUS 6
    Dans un pays comme le nôtre il faut partager le pouvoir L’insécurité est partout, je propose à El hadj IBK de voir :
    Modibo Sidibé ou Soumaila Cissé ou Tieble Drame ou Soumana Sacko ouDramaneDembele Premier ministre (un choix proposé par les cinq) , les autres des ministres d’Etat .Chacun de ses responsables choisira des ministres en fonction de leur CV et leur expérience . Le tout couronné par El hadj IBK élu à 77% . Au bout de cinq ans avec un pays stable nous passeront au VOTE pour élire un nouveau ou l’ancien président ; pas par leur tête mais en fonction des programmes présentés au peuple. A chaque évènement sur notre terre (le monde) le Mali sera convié.

  8. TOUT LA CRISE DU NORD DU MALI C’EST L’ALGERIE AVEC SES PROBLEMES D’ISLAMISTES.
    L’ALGERIE EST UN ETAT VOYOU
    ELLE VEUT DISSIPER SES PROPRES PROBLEMES EN CREANT DE TOUTES PIECES LES REBELLIONS AU NORD DU MALI.
    SON PROBLEME DE LEADERSHIP AVEC LE MAROC EST LA POUR TEMOIGNER QUE L’ALGERIE EST UN PAYS BANDIT ELLE A CREE DE TOUTES PIECES LE PROBLEME DU SAHARA OCCIDENTAL.
    AUJOURD’HUI ON DEMANDE A L’ONU D’INTERVENIR MILITAIRE EN LIBYE POUR COUPER LA RETRAITE DES REBELLES DU NORD MALI L’ALGERIE PROPOSE LE DIALOGUE POLITIQUE INTER LIBYENS .
    SI LES PAYS TELS QUE LE MALI LE NIGER LE TCHAD LE BURKINA LE NIGERIA ET LA MAURITANIE RISQUENT DE CONNAITRENT DE SERIEUX CRISES INTERMES QUI VONT SE PROPAGER A TOUTE L’AFRIQUE.
    IL FAUT SE MEFIER DE L’ALGERIE ET DE SES DIRIGEANTS ACTUELS

  9. Quand cet accord de Zone a été signé …
    * Pour avoir des informations des autorités de Tanbakort sont-elles allé voir les responsables de la MINUSMA pour en discuter ?

    Ces autorités auraient pu ensuite expliquer évitant les débordements et les méprises qui conduisent au chaos…

    • wahou
      “IBK DOIT DEMISSIONNER URGEMMENT”

      Ca, c’est une simple évidence!

      Le problème, c’est que ça fait maintenant 16 mois QUE C’EST URGENT! 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄

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