BAMAKO (AFP) – 00:11 – 19/01/12 – Des rebelles touareg ont lancé des attaques contre trois villes du nord-est du Mali et ont affirmé mercredi vouloir en prendre d’autres dans une opération qui survient après le retour d’ex-rebelles de Libye.
Les rebelles ont attaqué mercredi Aguelhok et Tessalit, près de la frontière algérienne, au lendemain d’un assaut sur Ménaka, près de la frontière nigérienne. Il s’agit des premières actions de ce type depuis un accord ayant mis fin à la rébellion en 2009.
Les rebelles sont présentés par le gouvernement malien comme des combattants rentrés récemment de Libye où ils soutenaient le colonel Mouammar Kadhafi, le dirigeant renversé l’an dernier, et des membres du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
“Depuis 05H00 (locales et GMT) ce matin, des échanges de coups de feu entre un groupe de rebelles touareg et l’armée malienne sont entendus à Aguelhok, des détonations d’armes lourdes sont entendues vers le camp militaire”, a déclaré un habitant.
A Tessalit, “les rebelles sont en train d’attaquer le camp militaire. Ca tire à l’arme lourde”, a déclaré un fonctionnaire de la préfecture de la ville.
Une source militaire à l’état-major régional de Gao (nord-est) a affirmé mercredi après-midi que l’armée a fait “reculer” les rebelles à Aguelhok et Tessalit et que du renfort était arrivé à Ménaka.
Un officier, le lieutenant Oumar Touré, a déclaré que l’armée n’allait “laisser personne toucher à la souveraineté du Mali”. “Les instructions sont fermes: ne pas toucher aux civils, mais traquer avec la dernière énergie les criminels”, a-t-il ajouté.
Les affrontements de Ménaka ont fait mardi fait “plusieurs morts et blessés” du côté des rebelles, selon le gouvernement malien, “un mort” au sein de l’armée malienne qui a fait intervenir des hélicoptères de combat pour bombarder les positions des Touareg.
Aucun bilan n’était disponible mercredi soir sur les combats d’Aguelhok et Tessalit.
Sécurité renforcée à Kidal
Outre ces trois villes, les rebelles disent vouloir en prendre d’autres. “Notre objectif est de déloger l’armée malienne de plusieurs villes du Nord”, a déclaré à l’AFP un de leurs porte-parole, se présentant comme “Moussa Salam”.
Des témoins ont affirmé que l’armée avait renforcé la sécurité dans la ville de Kidal, située au sud-est d’Aguelhok et Tessalit.
La France a regretté les combats, affirmant que “l’usage de la force n’est pas une solution” au Mali.
Le président de la commission de l’Union africaine (UA), Jean Ping, les a condamnés “avec la plus grande fermeté” dans un communiqué reçu par l’AFP. Il “exprime le plein soutien de l’UA aux efforts du gouvernement malien, ainsi qu’aux mesures par lui prises, pour faire face à la situation et restaurer immédiatement la paix et la sécurité dans les zones concernées”.
Des centaines de Touareg lourdement armés sont rentrés de Libye après le conflit ayant abouti à la chute de Mouammar Kadhafi l’an dernier, qui les avait accueillis et auprès duquel ils ont combattu.
Certains ont intégré le processus de paix offert par le gouvernement du président malien Amadou Toumani Touré, mais d’autres l’ont rejeté ou bien n’ont pas pris position.
Le MNLA, accusé par Bamako, est un mouvement politico-militaire sans leader connu, né fin 2011 de la fusion de groupes rebelles, dont le Mouvement touareg du Nord-Mali (MTNM) d’Ibrahim Ag Bahanga, mort officiellement l’an dernier dans un accident de la route.
“Cette nouvelle organisation a pour objectif de sortir le peuple de l’Azawad de l’occupation illégale du territoire azawadien par le Mali”, indiquait son premier communiqué publié le 16 octobre 2011.
L’Azawad, région naturelle considérée comme le berceau des Touareg, s’étend de l’ouest au nord du Mali.
Communauté nomade d’environ 1,5 million de personnes, les Touareg, membres de diverses tribus, sont répartis entre le Niger, le Mali, l’Algérie, la Libye, le Burkina Faso. Des rébellions ont touché le Mali et le Niger dans les années 1990 et au début des années 2000, avec une résurgence de 2006 à 2009.
Le nord du Mali est aussi le théâtre d’opérations d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui, à partir de ses bases dans cette région, “rayonne” dans plusieurs autres pays de la zone sahélo-saharienne où elle commet des attentats, se livre à divers trafics et enlève des ressortissants occidentaux.
AFP