La date est fixée. La cérémonie de signature de l’accord de paix doit avoir lieu le 15 mai à Bamako, a annoncé la médiation dans un communiqué. La médiation qui dit se féliciter que ” l’accord paraphé ait été accueilli favorablement par la grande majorité des Maliens ” et qui assure qu’elle veillera à la mise en place de l’accord.
Pourtant, samedi soir à Alger, les négociations n’avaient pas beaucoup avancé. Les mouvements de l’Azawad se sont entretenus avec l’envoyée spéciale américaine Bisa Williams. Mais la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ne souhaite toujours pas parapher le document.
Alors la médiation a modifié sa stratégie. Alors que l’Algérie avait insisté pour structurer les différents mouvements du Nord en deux groupes, la plateforme d’un côté, et la Coordination de l’autre, les médiateurs tentent maintenant de convaincre chaque mouvement de parapher séparément.
Au sein de la Coordination, on assure qu’aucun groupe ne se désolidarisera car les bases sont trop proches les unes des autres. Mais samedi, un groupe minoritaire au sein de la CMA dirigé par Younoussa Touré, annonçait dans une lettre qu’il donnait son accord pour parapher. Lisez plutôt le communiqué de la médiation :
Communiqué de la Médiation
La Médiation, élargie aux Etats Unis d’Amérique et à la France, a tenu une série de réunions et de consultations à Alger du 15 au 18 avril 2015 sous la présidence de son Chef de file, l’Algérie, pour faire le point sur le processus de paix en cours au Mali depuis l’ouverture au paraphe le 1er mars 2015 à Alger de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du Processus d’Alger et arrêter les actions à engager au titre des prochaines étapes.
La Médiation a passé en revue les résultats des efforts entrepris pour s’assurer de la pleine adhésion de toutes les parties prenantes à l’Accord et à ses objectifs dans la perspective de son ouverture à la signature.
La Médiation se déclare très encouragée par les nombreuses marques de soutien exprimées, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Mali, en faveur de l’Accord. Elle se félicite à cet égard de ce que l’Accord paraphé ait été accueilli favorablement par la grande majorité des Maliens. Elle prend bonne note du contenu des déclarations du Conseil de Sécurité du 10 avril 2015 et du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine du 27 mars 2015 sur la situation au Mali et fait sien l’appel des membres des deux organes engageant les Parties à saisir cette occasion historique qui s’offre à elles pour asseoir une paix durable au Mali.
La Médiation souligne que le processus de paix en cours doit se poursuivre de la manière qui puisse consolider les acquis jusqu’ici obtenus. A ce titre, elle invite et engage tous les mouvements politico-militaires parties à la Déclaration d’Alger du 09 Juin 2014 et à la Plateforme d’Alger du 14 Juin 2014 et/ou toutes les Parties signataires de la feuille de route du 24 juillet 2014 à procéder à la signature de l’Accord à l’occasion de la cérémonie qui sera organisée le 15 mai 2015 à Bamako à cette fin. Cette étape ouvrira la voie à la mise en œuvre et à l’opérationnalisation des engagements pris. Les dispositions nécessaires seront prises pour permettre et faciliter à toute personne et entité désireuse de marquer leur contribution à la réalisation des objectifs de l’Accord d’apporter leur soutien direct et formel à l’Accord.
La Médiation veillera à ce que la mise en œuvre de l’Accord soit effective et complète, selon des modalités et un calendrier d’application à convenir conformément aux dispositions de l’Accord.
La Médiation considère que l’Accord comporte un dispositif robuste de garanties internationales, de suivi et d’accompagnement, gage d’une application effective de l’ensemble des dispositions de l’Accord. Le paraphe de l’Accord par tous les Membres de la Médiation et d’autres partenaires du Mali, ainsi que le soutien unanime dont il bénéficie au plan international, constituent, en eux-mêmes, un engagement juridico-politique de la Communauté internationale en faveur d’une mise en œuvre intégrale des engagements convenus. La Médiation s’emploiera à faire en sorte que ces engagements soient effectifs.
La Médiation souligne combien le peuple malien était plein d’espoir et d’optimisme lors du lancement des pourparlers inter-maliens inclusifs dans le cadre du Processus d’Alger le 16 juillet 2014, à la perspective de voir la crise qui durait depuis trois ans prendre fin. Aujourd’hui, il a hâte de voir cette aspiration légitime concrétisée et que, par leurs actions, ses dirigeants puissent le conduire sur la voie de la paix, de la réconciliation nationale, de la bonne gouvernance et du développement socio-économique.
Tous les acteurs, séparément et collectivement, doivent prendre conscience de la responsabilité qui est la leur en la matière. Il y va de la stabilité et de la prospérité non seulement du Mali et de la population malienne mais aussi de l’ensemble des Etats et des populations de la région sahélo-saharienne.
A ce titre, la Médiation exhorte fortement les Parties à continuer à respecter jusqu’à terme tous les engagements qu’elles ont pris à travers l’Accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 et ses modalités de mise en œuvre, la Déclaration de cessation des hostilités du 24 juillet 2014 et la Déclaration des parties au Processus d’Alger du 19 février 2015. Elle les engage à promouvoir toute initiative qui soit de nature à restaurer et renforcer la confiance et à permettre une mise en œuvre complète des dispositions de l’Accord. La Médiation ne manquera pas de saisir les instances internationales concernées au sujet de toute attitude ou action de nature à mettre en péril le processus de paix en cours.
La Médiation lance un appel à toutes les bonnes volontés, notamment celles au Nord du Mali, y inclut les Chefferies traditionnelles, les Autorités coutumières et toutes les Personnalités influentes à soutenir l’Accord et à apporter toute contribution nécessaire à sa mise en œuvre.
La Médiation, réitérant l’engagement sans faille de ses membres aux côtés du Mali souverain, uni et réconcilié, appelle les partenaires de ce pays et l’ensemble de la Communauté internationale à une mobilisation continue et soutenue jusqu’à une sortie effective et définitive de la crise.
Alger, le 18 avril 2015